Jules Godart, (1877-1909) mort d'un poison qui ne lui était pas destiné
Né le 2 décembre 1877 à Quaregnon, près de Mons en Belgique, le jeune Jules Eleuther Godart fut envoyé à la mine dès l'âge de 10 ans !
Devenu forgeron, surnommé le doré pour ses cheveux blonds, il était membre de la Jeune Lyre, la chorale locale. Ses solos étaient très remarqués et il entreprit ses premières études musicales à vingt-quatre ans, d'abord au Conservatoire de Mons, avec Achille Tondeur comme professeur (1901-1902) puis au Conservatoire royal de Bruxelles, avec Désiré Demest (1903). Il s'en suivit un début de carrière exceptionnel. Dès 1904, après avoir débuté à Mons, il obtint des rôles en France (Le Mans, Rennes). A Marseille il décroche le rôle principal dans Samson et Dalila (1907) puis dans la Damnation de Faust (1908). En juin 1908, c'est la consécration à l'Opéra de Paris. Bénéficiant des conseils d'Hector Dufranne, autre ténor belge originaire de Mons, Godart endosse dès la première saison les grands rôles wagneriens. Les critiques lui reconnaissent d'emblée des atouts prometteurs, avec cependant quelques réserves.
Monsieur Godart a une belle et forte voix il est dommage qu'elle ne soit pas toujours d'une justesse absolue, chez lui le chanteur hésite encore le comédien encore plus ! (G. Pioch, in Musica, mai 1909)
Monsieur Godart me paraît plus à son aise dans Samson que dans Lohengrin. Sa voix est fraîche et il articule bien, mais qu'il prenne donc de la justesse grands dieux ! (Comedia, octobre 1909)
Le destin qui lui fit avaler, un soir d'octobre 1909 au Vésinet, des cachets d'antipyrine empoisonnés par une femme jalousene lui laissa pas le temps de s'épanouir une seconde saison.
A Quaregnon, sa ville natale, on conserve pieusement un projet de contrat entre Jules Godart et Oscar Hammerstein, directeur du Manhattan Opera House de New York. Ses conditions en étaient très avantageuses. Aurait-il abouti?
Seul souvenir d'une jeunesse fauchée, un enregistrement brûlant et fougueux de la romance du printemps tirée de la Walkyrie. (1908)
Société d'Histoire du Vésinet, 2006 - histoire-vesinet.org