Texte de la fin du XIXe siècle Le domaine du Vésinet aux mains du Maréchal de Noailles La Ferme du Vésinet, la chapelle de Noailles, des disputes de curés Avec le XVIIe siècle et avec Louis
XV, nous possédons de nombreux plans et
renseignements sur la forêt du Vésinet. Par arrêt
royal des 24 décembre et 2 octobre 1716, le sieur
de la Faluère, grand-maître des eaux et forêts
du département de Paris, est chargé de procéder à
la coupe et à la vente des bois de la forêt de
Saint-Germain et autres lieux de la capitainerie ;
le grand-maître en exercice en 1717 est le sieur
de Cany. L'abondance des gibiers, et surtout des lapins et
des fauves, qui hantaient la forêt, entretenait
d'incessantes réclamations de la part des
habitants des communes voisines et de leurs
seigneurs. Sur ces entrefaites, le seigneur de La Borde
vendit sa terre 50 000 livres à une
demoiselle Desmares, qui paraît être un prête-nom.
Avait-il senti le désir du roi d'agrandir la
forêt, ou voulait-il spéculer sur les réclamations
à propos des bêtes nuisibles ? on ne sait. Toujours est-il
que l'année suivante, le duc d'Antin, surintendant
des bâtiments, la rachetait le 18 novembre 1719
pour le même prix de 50.000 livres, avec un pot de
vin de 1.000 livres. Le seigneur Dodieu avait su donner par sa
vente une valeur indiscutable à sa terre. La même
année et avant cette opération, à la date du 9
juin, une ordonnance du roi arrête que l'on
défrichera un canton de 45 arpents de taillis de
la forêt, qui joint la ferme de ce lieu. Ils
devront être semés en grains de sain-foin, tant
pour le gagnage que pour la ponte du faisan et
menu gibier. C'est la partie qui se trouve probablement au sud
de la route de Croissy. Mais avant, dit l'arrêt, il sera fait distraction de deux arpents environ,
pour former une faisanderie. C'est évidemment la
faisanderie, appelée Petite Faisanderie, placée
sur la route de Croissy, au lieu occupé partie par
l'angle droit de l'Asile, les terres comprises
entre la route de Croissy et l'avenue de la
Princesse. Seulement, elle parait être de 4 arpents et demi
presque (40 p. x 40 perches, à 18 p. = 3.85, soit
23,716 mètres carrés). A cette époque, la forêt fut convertie en garenne, entourée de murs du côté de Chatou et de Croissy, disent divers auteurs, et on y établit une faisanderie dans la partie orientale, et elle devint un domaine qui fut affermé 6.000 livres au maréchal de Noailles. Entre les mains du maréchal de Noailles, la forêt commença à être peuplée et devint un véritable petit fief, par suites des nombreux cultivateurs qui y étaient attachés. Malgré l'arrêt de 1664, il conserva le gibier au détriment des végétaux des terres environnantes. Il fit d'abord défricher 300 arpents de bois, et fit construire quelques maisonnettes pour loger les jardiniers et les vignerons, et forma dans ce bois une colonie qui s'élevait à soixante ou quatre-vingts personnes, et fit construire une ferme pour les labourages. En seigneur habile, il fit construire une chapelle et un logis pour le chapelain, après avoir obtenu de l'archevêque de Paris, son oncle, le cardinal de Noailles, l'autorisation d'y faire dire la messe, d'y chanter les vêpres les dimanches et jours de fêtes, attendu que Chatou était éloigné d'une lieue, et que le pont d'Aupec, duquel dépendait le Vésinet, pouvait être enlevé par les eaux et les habitants privés des soins de la religion. Mais les curés de Chatou, Pierre Vivier, et Michel Trinité, d'Aupec, n'acceptèrent pas facilement qu'on leur enlevât leurs ouailles. Chacun avait des prétentions sur les âmes des habitants, et des contestations incessantes avaient lieu entre les deux curés. Cependant, de leur consentement et en attendant qu'une décision eût prononcé entre les deux, le cardinal-archevêque commit un chapelain pour les fonctions curiales à charge de faire transcrire sur les registres de la paroisse désignée plus tard les baptêmes et les sépultures.
Cette situation dura trois ans ou plus, jusqu'au
8 août 1726, époque où, malgré quelques baptêmes
faits à Chatou, le cardinal de Noailles déclara
qu'à l'avenir le Vésinet et ses habitants
dépendraient de la paroisse d'Aupec, et il
approuva la fondation de la cure du Vésinet. La
chapelle avait été construite aux frais du
maréchal, et son oncle l'autorisa à y conserver
les saintes huiles et les hosties consacrées.
Pendant ce temps, le seigneur de Chatou, Portail,
vendait en 1723 au roi, le pont de bois de Chatou
qu'il avait construit, moyennant une rente noble
et féodale de 6.500 livres à prendre sur l'état
des bois de la généralité de Rouen. D'après le Dictionnaire universel, Aupec occupait alors 889
habitants, et Lebeuf dit que la forêt du Vésinet
était de 648 arpents. **** [1] Ces bâtiments ont disparu au cours du 3e quart du XXe siècle, lorsque le "Quartier Princesse" s'est urbanisé. Le lot 41 est désormais occupé par un groupe d'immeubles. [2] In La France au milieu du XVIIIe siècle (1747-1757) d'après le journal du marquis d'Argenson. Extraits publiés avec notice bibliographique, par Armand Brette, 1898. [3] Il ne s'agit pas de notre actuel Rond-Point Royal mais de la grande esplanade où se trouvent la rue circulaire, le carrefour et la place de la République.
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