Cet orphelinat fut construit en 1875 sur
un terrain de 8 500 m² appartenant au comte Edouard de Naurois qui
le tenait la Comtesse de Chabrillan (Céleste
Mogador), La maison du Vésinet payait une dette. Ce fut Mme de Chabrillan qui donna à M. de Naurois l'idée de cette fondation patriotique. La Société de protection des Alsaciens-Lorrains demeurés Français, dont le siège était à Paris au 9, rue de Provence, avait notamment pour objet: 1° De réunir, par voie de souscription ou autrement, des fonds à distribuer en secours temporaires ; 2° De procurer du travail, des emplois et des secours aux émigrés alsaciens-lorrains dépourvus de moyens suffisants d'existence ; 3° De donner, à ceux qui les réclament, des renseignements, avis ou consultations légales. Les médecins attachés à la Société donnent gratuitement, chaque mercredi, des consultations et des médicaments aux Alsaciens-Lorrains malades ou infirmes. La Société fait également distribuer gratuitement, chaque samedi, des vêtements aux familles indigentes, sur la présentation de bons délivrés par les dames patronesses de l'oeuvre. La Société entretint, dans la mesure de ses ressources, un certain nombre d'enfants de l'un ou de l'autre sexe dans des établissements d'instruction publics ou privés. La lecture des comptes rendus d'assemblées générales de l'Œuvre entre 1876 et 1890, nous apprend qu'elle versait une subvention de près de 20.000 francs chaque année à la Maison du Vésinet qui accueillit dès 1876 dix-neuf jeunes filles de 5 à 14 ans. L'effectif visé les années suivantes était d'une quarantaine de pensionnaires. Il atteindra le nombre de 52 au tournant du siècle. Au moment de la création de la fondation du Vésinet, l'activité principale de la Société était l'installation de colons alsaciens et lorrains en Algérie, à quoi l'Œuvre consacrait près de 70.000 frs par an. A l'exposition universelle de 1878, elle présenta un village de maisons des colons alsaciens-lorrains (construites au Trocadero, à l'entrée de l'avenue d'Iéna, derrière le palais algérien). Ces maisons entourées d'un massif planté de végétaux originaires de l'Algérie ou qui, comme l'Eucalyptus, y avaient été récemment introduits, représentaient exactement les types de celles qui avaient déjà été installés aux frais de la Société dans les villages qu'elle avait créés dans la province d'Alger.
L'architecte du bâtiment inauguré en 1875 fut Eugène Petit, architecte de la Société de protection des Alsaciens-Lorrains. L'établissement était conçu pour abriter une quarantaine d'orphelines. Il était tenu par les soeurs hospitalières de Saint-Charles de Nancy (d'où le nom de l'institution) qui accueillaient les orphelines à 5 ans jusqu'à leur majorité. La Chapelle fut édifiée grâce à un don de l'architecte Petit, en mémoire de son fils, mort durant la construction du bâtiment principal.
L'inauguration eut lieu le dimanche 4 décembre 1875, le temps était froid et nuageux. La Maréchale de MacMahon vint en coupé passer trois quarts d'heure au milieu des nombreux invités. La chapelle fut consacrée le 18 août 1877 et le comte de Naurois (1799-1878) y fut inhumé l'année suivante. Il est représenté en Saint Edouard sur un des vitraux ainsi que le Comte d'Haussonville, président de la fondation (en St Bernard). Les vitraux sont de Paul Bitterlin. Les remises des prix étaient chaque année, l'occasion de rassembler des personnalités, des gens de lettres, des gens de la presse, et de généreux donateurs. Et aussi de militer pour la reconquète des provinces perdues. La présidence de la cérémonie était confiée traditionnellement à un académicien. Le discours prononcé pour l'occasion fit souvent l'objet d'une publication. Exercice de style académique (qui rappelle les dictées de notre enfance) ou profession de foi patriotique, quelques exemples édifiants vous sont proposés dans ces pages. Le retour à la France des deux provinces fit perdre à l'établissement sa vocation originelle et son nom. En 1930, il fut rattaché à la Fondation des orphelins apprentis d'Auteuil. Le bâtiment fut agrandi en 1942 pour accueillir un plus grand nombre de pensionnaires. La descente des deux gouttières visibles aujourd'hui, délimite sur la façade la partie centrale ancienne de l'édifice; les deux adjonctions latérales sont très difficilement discernables. L'unité du bâtiment a été ainsi fort bien préservée. Lire aussi:
Société d'Histoire du Vésinet, 2006 - www.histoire-vesinet.org |