D'après Légendes de Trianon, Versailles et Saint-Germain (4e éd.) par Mme Julie Lavergne (1823-1886) [1] Pique-nique au XVIIe siècle dans le bois du Vésinet L'histoire se passe dans les dernières années du règne de Louis XIII. ...Louis XIII était alors à Fontainebleau, où il chassait. La Reine faisait une retraite au Val-de-Grâce, pour se préparer aux fêtes de la Toussaint. Les enfants de France étaient restés au château neuf de Saint-Germain, sous la garde de leur gouvernante, Madame la maréchale de la Motte-Houdancourt. . Simon Vouët (1590-1649) Tout en chantant, en causant et en mangeant des chasselas de Fontainebleau, les voyageurs passèrent le pont de Neuilly, Nanterre, traversèrent la Seine dans le bac de Chatou, et arrivèrent un peu avant midi sous les chênes géants de la forêt du Vésinet, appelée alors la forêt d'Echauffour. Madame Vouët avait décidé que l'on y dînerait, près du carrefour de la Trahison. C'était à cet endroit de la forêt, disaient les légendes, que Ganelon et ses complices avaient juré de trahir Roland, et qu'au retour de la guerre d'Espagne, l'empereur Charlemagne avait fait brûler vifs les fauteurs de la mort de Roland. Certes, ce n'étaient pas là de bonnes raisons pour dîner en cet endroit maudit, et Eustache Lesueur [3] en fit timidement l'observation. ...sous les chênes géants de la forêt du Vésinet, appelée alors la forêt d'Echauffour... « Mettez-moi là rafraîchir nos bouteilles, dit la bonne dame, étendons une nappe sur cette mousse, et nous dînerons comme des rois. Et qu'est-ce que cela fera au traître Ganelon, à Roland et aux autres ? je vous le demande. » On était si bien là, qu'on y eût volontiers attendu le coucher du soleil mais, Simon Vouët ayant rappelé à ses élèves qu'il devait leur faire visiter le château de Saint-Germain et que la nuit venait de bonne heure en cette saison, les convives remontèrent en voiture. Madame Vouët distribua les reliefs du festin à de pauvres bûcherons qui travaillaient à peu de distance elle regarda soigneusement si on n'avait rien oublié sur l'herbe, et prit place à côté de son mari. Le cocher, qui avait dîné comme quatre, assura que ses chevaux feraient dix lieues si on voulait, tant ils avaient mangé d'avoine et, comme pour lui faire plaisir, ces honnêtes chevaux traversèrent au galop le pont du Pecq et montèrent lestement la côte de Saint-Germain. [1] Lavergne Julie, La fête de Simon Vouët, in Légendes de Trianon, Versailles et Saint-Germain (4e éd.) chez V. Palmé (Paris), 1891 [2] Figurines chinoises très en vogue à la cour de Louis XIV. L'allusion est anachronique. [3] Eustache Le Sueur (1616-1655) élève de Simon Vouët Charles LeBrun (1619-1690), peintre, partageait le même atelier que Simon Vouët. Louis Testelin (1615-1655), fils d'un musicien de la cour, étudiait la peinture auprès de Vouët. [4] Liberté créatrice de la romancière ou vérité historique ? Un cours d'eau a peut-être existé aux temps géologiques dans les replis argilo-calciques qui sillonnent le nord du Vésinet. Son lit est décelable sous la fine couche d'humus. Une source existait-elle encore au XVIIe siècle ? Elle subsiste aujourd'hui sous forme souterraine. [5] Représentation romantique de la forêt imaginaire d'autrefois: Source cristalline, chênes géants, biche et faon à l'allure incertaine et légère .., autour de la (légendaire) Table de la Trahison.
Société d'Histoire du Vésinet, 2012 histoire-vesinet.org |