Bulletin municipal, spécial P.O.S. n°35, mai 1976; et divers plans (1858-1878)

Les premiers aménagements du « Parc de la Station » et les premières adjudications

Extrait du Plan général du Vésinet

Indiquant le Parc de la Station exécutés et les lots vendus et mis en vente.

[Adjudication du 10 octobre 1858 et suivantes]

Ce plan, le premier correspondant à la vente du 10 octobre 1858, joint au cahier de charges remis aux acquéreurs, indique en hachuré les quelques terrains déjà vendus, de gré à gré. Ce sont en particulier les parcelles où Pierre Joseph Olive, architecte de la Compagnie, édifiera ses premières villas. Pour chacun des 24 lots mis en ventes, coloriés en rose sur le plan, on a fait figurer la surface exacte de la parcelle.
Intitulé "extrait du plan général", ce premier plan ne représente qu'une petite moitié du Parc, celle qui est achevée ou en cours d'achèvement. La légende précise que les voies ouvertes à la circulation sont figurées en jaune. Hormis les routes impériales préexistantes et la route de la Princesse qui dessert le chantier de ce que l'on appelle alors l'Hôtel des Invalides civils, la Compagnie n'a ouvert que deux kilomètres de voies, celles qui sont représentées en jaune sur l'extrait ci-dessous.

Plan des premières ventes [1858]

Détail (20x25 cm)

 

Liste des acheteurs de la première adjudication (24 lots) du 10 octobre 1858:
MM. Honoré Vagner-Frion, Jacques Piat (3 lots), Antoine Ansens, Edmond David Cesconi, Joseph Dubonnet, Pierre Jacques Foulonneau (2 lots), Ferdinand Mittelette (2 lots), Jean Claude Briet, Marie Victor Chevallier (2 lots), Jean Baptiste Guillemmault, Pierre Eugène Cartier & Théodore Nattier, Stanislas Ripard, Simon Fabre, Benoît Half, Edouard Benjamin Woodcock, Louis Etienne Hemet, Jacques Auguste Duquesnay (M & Mme). Mme Adélaïde Dubar vve Mermond. MM. Jean Mannigue, Charles Petit.

Parmi les détails remarquables à noter sur ce grand plan (50 x 70 cm), on relève le pont qui était prévu pour franchir la voie ferrée par ce qui n'est pas encore le boulevard de ceinture. Ce pont ne sera pas construit.
Les bâtiments de la maison du garde forestier dont les plus anciens dataient du XVIIe siècles (appelés auparavant Le Petit Vésinet) situés route de la Passerelle sont représentés. M. Pallu y logera des employé de la Compagnie, son chef de travaux, M. Lepant. Ou encore la « station du Vésinet » où se faisait alors le changement de machine. En rouge sur le plan, elle disparaitra lorsque la gare dite du Pecq sera construite en 1860-1861. Cette première « station du Vésinet » occupait, semble-t-il, presque exactement l'emplacement de la gare du RER actuelle.

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    Société Pallu & Cie

    Plan du Vésinet

    Indiquant le Parc de la Station exécuté, les lots vendus et mis en vente.

    [Adjudications 4 à 11 de 1858-1859; série de plusieurs plans]

La topographie est une projection fidèle du projet du Parc dressé par le comte de Choulot en 1858. Les voies terrestres font déjà l'originalité du parc, reprenant l'idée de ligne courbe à l'art anglais et aux jardins philosophiques du XVIIIème siècle. Quelques routes droites seulement sont conservées sur les anciens tracés forestiers, les chemins de la chasse royale, les axes partant du rond-point et coupant le parc, et l'avenue de la Princesse ralliant l'asile impérial à la route de St-Germain à Paris.
Cependant, le Grand Lac n'est qu'ébauché, la rivière de la Borde et le lac de Montesson sont encore dans le projet ainsi qu'un long cours d'eau reliant le Lac de Montesson au Lac Supérieur. La plupart des grands axes nord-sud ne sont pas tracés. Des modifications substantielles à ce tracé n'apparaîtront qu'après la disparition du Comte de Choulot (4 avril 1864) lorsqu'une partie de l'aménagement ne sera pas menée à son terme. [1]

Premières adjudications

Le plan reproduit est aux archives municipales du Pecq.

Les premières parcelles déjà vendues sont en orange (premières adjudications, 1858) et celles à vendre sont en rouge (1859).

La zone violette représente la portion où les aménagements paysagers sont achevés. (Les couleurs ne sont pas d'origine).

Plusieurs versions de ce plan existent et sont conservées dans les archives municipales des communes voisines. Certaines sont à caractère publicitaire et comportent le texte suivant :

    Le parcours gratuit sur le chemin de fer sera accordé jusqu'au 1er janvier 1862 à tout propriétaire d'une maison ou à son locataire. La partie mise en vente aujourd'hui est entourée de lieux habités. On peut se rendre à pied en un quart d'heure au village du Pecq, où se trouvent l'église et toutes les ressources pour les besoins domestiques. On se rend de même à pied à Saint-Germain en 25 minutes et en 5 par le chemin de fer pour le prix d'un omnibus.
    La forêt du Vésinet située au pied de la terrasse de Saint-Germain-en-Laye occupe presque tout l'espace compris entre cette ville et Chatou. Elle est traversée dans toute sa longueur par le chemin de fer de Paris à Saint-Germain, qui la sépare en deux parties à peu près égales. Elle est desservie par deux stations situées aux deux extrémités, celle de Chatou, celle du Vésinet (une troisième est en projet). Les convois du chemin de fer partent toutes les heures tant de Paris que des stations. La durée de voyage est de 30 minutes, le dernier convoi part de Paris à minuit trente-six minutes.
    [2]

En 1859 paraîtra une version complétée par les courbes de niveau, agrémentée par une reproduction gravée du plan projeté.

Le plan comporte une notice destinée à informer les acheteurs sur tous les aspects qui font l'originalité de cette opération immobilière très originale.

    La forêt du Vésinet, située au pied de la terrasse de Saint-Germain-en-Laye, occupe presque tout l’espace compris entre cette ville et Chatou. Elle est traversée dans toute sa longueur par le chemin de fer de Paris à Saint-Germain, qui la sépare en deux parties à peu près égales. Elle est desservie par deux stations, situées aux deux extrémités, celle de Chatou, celle du Vésinet; une troisième est en projet. Les convois du chemin de fer partent toutes les heures, tant de Paris que des stations. La durée du voyage est de 30 minutes ; le dernier convoi part de Paris à minuit 36 minutes. Le parcours gratuit sur le chemin de fer sera accordé, jusqu’au 1er janvier 1862, à tout propriétaire d’une maison ou à son locataire. Le Vésinet est entouré de lieux habités : le Pecq et Saint-Germain à l’est, Croissy au midi, Montesson au nord se groupent à sa circonférence. Toutes ces localités, pourvues de leurs églises et de toutes les ressources domestiques, présentent dès aujourd’hui de grandes facilités et pourvoiront aux premiers besoins pendant la formation des deux centres commerciaux qui vont se créer immédiatement dans la forêt même, l’un au milieu, l’autre à l’une des extrémités, le rond-point du Pecq où déjà des lots ont été vendus. Des villas en nombre assez grand déjà sont élevées et s’élèvent sur les lots antérieurement vendus. .

     

    La forêt du Vésinet est une presqu’île entourée par la Seine aux magnifiques coteaux et par la terrasse de Saint-Germain.

    Elle forme un amphithéâtre qui, s’élevant successivement jusqu’à 30 mètres au-dessus du niveau de la Seine, en fait un des panoramas les plus pittoresques. Une si heureuse disposition se prêtait à toutes les ressources de l’art du paysagiste; aussi le Vésinet a-t-il été dessiné dans son ensemble dans le but de le transformer successivement en un parc à l’instar du bois de Boulogne. Chacune de ses parties a reçu, dans ce projet, les embellissements les mieux appropriés à la configuration de son sol, pour en former, même isolément, un parc complet. Chacun de ces parcs sera successivement mis en vente suivant la progression des travaux et une teinte spéciale indiquera sur les plans leur circonscription. L’un de ces parcs, celui de la station du Vésinet, est aujourd’hui entièrement exécuté et divisé en lots propres à recevoir des maisons de campagne ; il a été dessiné de telle sorte que cette division en habitations particulières, loin de nuire à son harmonie, contribuera, au contraire, à son embellissement. On peut en le visitant se faire une idée des transformations que subira la forêt du Vésinet au fur et à mesure de la mise en vente de chacune de ses parties. Tout a été calculé de manière à donner aux habitants de la nouvelle colonie les agréments de la campagne avec toutes les facilités pour les besoins domestiques.

     

    Donner à chaque propriétaire la jouissance d’un parc public, avec son animation, ses vues ravissantes, ses eaux, ses prairies, à côté du cadre de la vie privée, tel est le programme qu’il s’agissait de remplir.

    Des percées pratiquées dans de larges proportions pour créer des prairies qui ne seront jamais ni replantées ni bâties, font pénétrer dans le parc l’air et la lumière, en augmentent la salubrité, et assurent à tous les terrains qui les bordent, ainsi qu’aux promenades, la jouissance perpétuelle des charmants paysages qui l’entourent. Les voies de circulation ont été calculées elles-mêmes pour faire naître à chaque instant, sous les pas du promeneur, des scènes toujours nouvelles. Un service d'eaux publiques et privées est organisé. Ce service, qui prendra successivement une grande extension, assurera la fraîcheur des jardins et la pureté des eaux publiques.

    Des lacs et rivières empoissonnés, et sur lesquels pourront flotter de légères nacelles, complètent cet ensemble. Les routes seront entretenues avec le plus grand soin -même pendant le cours des constructions- aucuns matériaux n’y seront déposés. La construction d’une maison ne sera donc jamais un ennui pour le voisin, elle sera souvent, au contraire, un sujet pour lui de distraction.

    Peu de localités présentent des promenades aussi variées que les environs du Vésinet. La terrasse et la forêt de Saint-Germain sont à deux pas. La forêt de Marly, Saint-Cloud, Versailles, Maisons, Bougival avec ses nouveaux ponts, et tant d’autres localités sont de charmants buts de promenade en voiture, par des chemins très accidentés.

     

    Le Cahier des conditions générales qui règle le régime de la nouvelle colonie assure l’exécution et la conservation de tous les avantages et agréments qui viennent d’être indiqués.

    Le service des eaux est garanti par la canalisation du sol du Vésinet, par l’établissement de machines à vapeur d’une puissance considérable, qui sont en cours d’exécution, par les redevances annuelles et obligatoires de La consommation privée. La conservation du parc, malgré la division qui doit en être faite en propriétés particulières, est garantie au moyen de son heureuse disposition sans que le cahier des charges ait eu à imposer à la plupart des propriétés des obligations en dehors du droit commun. Une redevance annuelle très minime pourvoit à l'entretien des routes et avenues de promenade. Tous les besoins religieux et domestiques trouveront leur satisfaction dans les deux centres commerciaux qui ont été indiqués. La sécurité des propriétés et des personnes sera assurée par l’éclairage des routes et par un service de gardiens de jour et de nuit.

    Tous ces avantages réunis sont assurés aux habitants de la nouvelle colonie au moyen de charges annuelles extrêmement modérées, et, pour n’en citer qu’un exemple, les eaux obligatoires seront fournies par MM. Pallu et Cie à raison de 60 francs le mètre cube, quand cette même quantité coûte 240 francs dans la banlieue de Paris.

    En résumé, MM. Pallu et Ce se sont attachés à créer un parc d’une grande, magnificence dans des conditions à permettre l’établissement de propriétés privées, jouissant de l’ensemble de ce parc sans en détruire l’harmonie et sans charges particulièrement onéreuses.

 

Illustration des plans de lotissement (1859-1860)

Inspirée de la vue panoramique de la colonie du Vésinet établie en 1858 par Choulot et Olive,

avec cependant quelques menues rectifications ...

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    Plan Général

    indiquant le lotissement du

    PARC DU VÉSINET

La série de plans éditée de 1864 à 1880 environ est la plus décorative. On y voit apparaître le plan de lotissement du Hameau du Petit-Montesson et le tracé des voies est à peu de chose près, celui que nous connaissons aujourd'hui. Les limites du Village du Vésinet ont été modifiées pour prendre en compte la construction de la gare du Vésinet qui entrera en service en 1861.
Une série de plans plus simples et fonctionnels sera éditée du début des années 1870 jusqu'à 1914, permettant de suivre l'évolution de la vente (en grisé) et l'occupation (en ocre) des parcelles. Ci-dessous, un des multiples exemples de ces plans (paru vers 1880).

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    Notes et sources:

    [1] Michel Nilles. La genèse d'une cité-jardin, Le Vésinet 1857-1866, Mémoire de Maîtrise, Université Paris I, 1989.

    [2] Texte des légendes du plan conservé aux Archives municipales de Chatou.


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