Ministère du Commerce, de l'Industrie, des Postes et des télégraphes - République française - exposition universelle de 1900 - Direction générale de l'exploitation - congrès internationaux - Comptes rendus (p. 302) Deuxième Congrès international de l'Hypnotisme expérimental et thérapeutique, tenu à Paris du 12 au 18 Août 1900 [1] Visite à l'Établissement hydrothérapique du Vésinet Le banquet de clôture a eu lieu au Vésinet, dans l'établissement hydrothérapeutique du docteur Raffegeau, où les congressistes ont été appelés à admirer les installations les plus modernes de la photothérapie, de l'électrothérapie et de l'hydrothérapie.
A leur arrivée à l'Etablissement du Vésinet, les congressistes ont été reçus par M. le Dr Raffegeau, médecin en chef de l'établissement hydrothérapique du Vésinet, accompagné par M. Poirson, préfet du département de Seine-et-Oise et par M. Berteaux, député. Allocution du Dr Raffegeau, directeur médecin en chef Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs,
Sa fondation date déjà de dix ans. Je trouvais en venant ici une assez belle propriété d'une contenance de deux hectares, mais il n'y avait qu'une seule habitation. Or, c'était le moment où le Professeur Charcot, de regrettée mémoire, conseillait beaucoup l'isolement dans les maladies nerveuses. Je conçus donc le projet de bâtir un certain nombre de pavillons indépendants afin de pouvoir mieux appliquer sa méthode, et ce plan est aujourd'hui en partie réalisé, puisque nous avons cinq chalets disséminés dans le parc agrandi et qu'un sixième en voie d'achèvement viendra bientôt s'ajouter aux précédents. Le service en est certes plus difficile et réclame un plus nombreux personnel, mais les avantages qu'on en retire sont une large compensation. I - De l'Hydrothérapie Mais si je m'en réfère au programme de cette visite vous êtes surtout conviés à voir des services d'Hydrothérapie, d'Electrothérapie et de Photothérapie. Si nous commençons par l'Hydrothérapie, je vous dirai avant de montrer notre installation, que le médecin hydrothérapeute doit surtout se préoccuper d'avoir à sa disposition de l'eau de bonne qualité et ayant une pression suffisante à tous les degrés de température où elle s'emploie d'une façon médicale, c'est-à-dire de 5° à 45°C.
1° L'eau doit être de bonne qualité: cela va sans dire et celle dont nous nous servons ici est celle que tout le monde boit au Vésinet et qui provient d'une nappe souterraine.
3° Nous avons donc de l'eau froide à la pression de 4 atmosphères. Comment ferons-nous pour avoir de l'eau chaude à la même pression, condition indispensable pour donner de bonnes douches écossaises ? Voici le moyen qu'après beaucoup de tâtonnements j'ai adopté en me servant de l'invention d'un petit fabricant de Paris, M. Pradeau.
M. Pradeau avait trouvé le moyen d'alimenter d'eau chaude le cabinet de toilette du premier étage de certaines maisons au moyen de l'eau du bain-marie placé dans' le fourneau de la cuisine du rez-de-chaussée, et voici comment. Il plongeait dans le bain-marie une sorte de bouteille en cuivre, soudée par une extrémité au tuyau qui amenait l'eau froide, et par l'autre au tuyau qui montait dans le cabinet de toilette. Cette bouteille qui n'était en somme que le renflement du tuyau renfermait de l'eau qui restait à la même pression que le compteur ou le réservoir, mais qui se réchauffait au contact de l'eau contenue dans le bain-marie et arrivait ensuite au premier étage. J'ai donc établi, à mon tour dans notre machinerie une sorte de bain-marie où plonge une bouteille au cylindre de la contenance de 300 litres. L'eau y arrive froide à la pression de 4 atmosphères et elle en sort chaude sans que cette pression ait diminué. L'eau chaude et l'eau froide arrivent donc l'une et l'autre au mélangeur de la salle de douches, toujours à la même pression, et c'est là, je le répète, la condition d'une bonne douche écossaise, car, si l'eau froide et l'eau chaude ne sont pas à la même pression, l'une refoule l'autre et le mélange se fait très mal.[On adopte ici le mélangeur suédois, auquel j'ai fait adapter un thermomètre au-dessus du manomètre, et qui me donne toute satisfaction].
Je viens de montrer comment nous nous procurons ici de l'eau chaude à une forte pression, mais on peut me demander aussi à quel degré est notre eau froide et par quel moyen nous la refroidissons, si elle n'est pas assez froide. Eh bien, l'eau nous est fournie par la Société des Eaux à la température de 13° à 14° d'une façon constante, et c'est déjà suffisant pour produire de bonnes réactions, mais j'ai tenu à disposer d'eau plus froide et j'y suis arrivé en faisant l'inverse de ce que j'avais fait pour l'eau chaude. Au lieu de plonger la bouteille dans de l'eau chaude, je l'ai entourée de glace dans un réservoir placé à la cave et l'eau arrive ainsi dans le mélangeur à une température très basse et a toujours la même pression initiale. Telle est selon moi la façon la plus simple et la plus pratique de se procurer de l'eau à la pression et à la température nécessaires pour qu'on puisse donner de bonnes douches. II- De la Photothérapie Quant à la Photothérapie, vous ne verrez aujourd'hui, messieurs, qu'une ébauche de ce que je veux faire, mais je suis persuadé qu'on peut obtenir d'excellents résultats chez les nerveux par l'emploi raisonné des couleurs; j'ai constaté souvent que certains malades séjournent de préférence dans ces cabines bleues ou vertes, mais je me suis surtout bien trouvé de cette chambre violette dans certains cas d'excitation et de cette chambre rouge dans des cas de dépression et de semi-mutisme. III - Electrothérapie Après ces explications, messieurs les congressistes sont conduits dans la salle d'électricité où le médecin-adjoint leur montre les différents instruments qui s'y trouvent réunis: machine statique unipolaire à trois plateaux de Noé, appareils des plus variés et servant à produire les courants de haute fréquence, les rayons X et le massage vibratoire. **** Notes SHV [1] la page de couverture du document indique par erreur l'année 1902 qui est l'année de parution du document, le congrès s'étant tenu en 1900]. [2] Les illustrations proposées ici sont celles du document original. Elles sont très altérées mais on reconnaîtra les sujets représentés. [3] Le nom de Villa des Doges, apparaissant dans la légende des illustrations est-il une erreur, l'ancien nom de la propriété connue comme "Villa des Pages" , ou bien désigne-t-il spécifiquement le pavillon d'hydrothérapie, d'inspiration italienne ?
Société d'Histoire du Vésinet, 2009 - www.histoire-vesinet.org |