Coupures de presse, Le Petit Journal, 18 juillet et 28 juillet 1910, 18 juin 1911.

Le Crime du Vésinet
L'assassinat du rentier belge Honoré Vermeersch dans sa villa du Vésinet

Le 18 juillet 1910, une affaire qui allait passionner le public français et belge pendant plusieurs mois fit son apparition à la une des journaux parisiens, d'abord sous forme d'entre-filet puis bientôt sur trois ou quatre colonnes.

Quatre mois plus tôt, mi-mars, un rentier du Vésinet, M. Honoré Vermeersch [*], âgé de soixante ans, habitant une confortable propriété sise 81, boulevard Carnot, à l'angle de l'avenue Horace Vernet, se rendait dans son pays natal, à Deynze près de Gand en Belgique. Le 30 mars, il quittait ses neveux pour revenir au Vésinet.
Dans sa villa, il avait laissé son jardinier-valet de chambre, un jeune flamand qui ne comprenait pas un seul mot de français, Adyle Vercruysse, âgé de vingt ans. Le domestique 'attendait le retour de son maître en compagnie de deux jeunes gens et d'une jeune femme que M. Vermeersch avait autorisés à rester chez lui en son absence quand une lettre vint de Belgique, à l'adresse du jeune Vercruysse appelé au chevet de sa mère mourante, en Belgique. Sans attendre son maître, Adyle Vercruysse partit. Quand, ayant trouvé sa mère en bonne santé, il revint au Vésinet, son maître n'était pas là et les jeunes gens, restés seuls dans la propriété, lui dirent que M. Vermeersch était revenu et aussitôt reparti. Adyle Vercruysse, après le départ des jeunes gens, trouva le temps long. Il avisa de cette situation anormale les trois neveux de son maître toujours invisible, MM. Marteans, Vermeersch et Van Wanhach, de Deynze, et ceux-ci arrivèrent peu après au Vésinet. L'affaire de la lettre adressée au jardinier-valet de chambre pour l'attirer en Belgique sous un prétexte mensonger, au moment même du retour de M. Vermeersch, leur apparut significative, et ils adressèrent une plainte au Parquet de Versailles, demandant à la justice de faire rechercher Vermeersch, le rentier qu'ils tenaient pour assassiné, en l'absence du jardinier-valet de chambre.

Au Vésinet, les avis étaient partagés: quelques uns croyaient à l'assassinat, tandis que d'autres plus nombreux restaient persuadés que M. Vermeersch s'était dérobé, en disparaissant, à divers ennuis. Il fallait attendre les résultats de I'enquête. Et celle-ci, menée dans deux pays s'annonçait difficile.
Le 28 juillet, une nouvelle piste indiquée à la justice, laissait entendre que peut-être M. Vermeersch était encore vivant. Mais des témoins dont les dépositions devaient, disait-on, faire sensation, firent défaut. M. Joseph Jooris et Mme Debroeck, les jeunes gens présents dans la maison au moment de la disparition, écrivirent de Bruxelles qu'ils ne pourraient se rendre à la convocation. Le défaut de M. Jooris et de Mme Debroeck était des plus fâcheux. Une commission rogatoire fut donc adressée au procureur du roi à Bruxelles pour les entendre. Le seul témoin qui se soit rendu à la convocation du juge était M. Gaston Dufour, qui donna des renseignements très précis au juge Côme, sur les diverses relations de M. Vermeersch et sur les tentatives qu'il avait faites pour vendre sa villa. Enfin, à en croire une lettre adressée de l'étranger au Parquet de Versailles, M. Vermeersch ne serait pas mort. Il aurait été retenu par la maladie et n'aurait pu sur le moment faire connaître son identité exacte. La presse jugeait cette hypothèse crédible, car le rentier du Vésinet avait déjà été frappé d'une attaque de paralysie.
Un an plus tard, le fin mot de l'histoire fit la une du Petit Journal:

Crime du Vésinet
Comment le rentier Vermeersch a été assassiné

La découverte du corps de M. Vermersch a causé une émotion considérable, car la disparition du rentier du Vésinet avait eu un grand retentissement. Les polices du monde entier, depuis plus d'un an, avaient en leur possession le signalement de M. Vermeersch.

Royaume de Belgique
Tribunal de première instance de l'arrondissement de Bruxelles.
Cabinet de M. le Juge d'instruction Delandtsheer,
Dossier n° C.R. Correspondance n° 1587

~ Signalement ~

Le sieur Vermeersch Honoré, né à Deynze, 14 mars 1846, habitait, depuis plusieurs années, 81, boulevard Carnot, au Vésinet (Seine-&-Oise). Depuis la fin de février ou le commencement de mars 1910, il a disparu sans donner de nouvelles à qui que ce soit. D'après les renseignements fournis, il se serait rendu à Deynze où il aurait été voir notamment les époux Vercruysse, parents de son domestique Adyle Vercruysse. Il aurait quitté Deynze le 30 mars 1910 pour rentrer en France; il serait, en effet, revenu au Vésinet le soir même mais en serait reparti précipitamment le lendemain pour se rendre, dit-on, de nouveau en Belgique où le rappelait une lettre qu'il aurait trouvée à son retour au Vésinet. Depuis cette date du 31 mars, on perd complètement sa trace. Au moment de son départ, M. Vermeersch était vêtu d'un complet-jaquette gris foncé, d'un pardessus noir, bottines veau mat à élastiques — porteur d'un parapluie et d'une valise en cuir brun.

M. Honoré Vermeersch

—Taille: 1 m 78 environ.
— Cheveux grisonnants avec calvitie à la partie supérieure du crâne
— Front fuyant.
— Yeux bleu.
— Nez ordinaire.
— Bouche ordinaire.
— Barbe grisonnante.
— Moustache grisonnante.
— Teint jaune.
— Figure ovale.
— Corps maigre.
— Signes particuliers: dos voûté.
— Du côté droit, au haut du front, une grosseur de la dimension d'une pièce de deux francs.


Le juge d'instruction soussigné prie messieurs ses honorés collègues et tous officiers de police judiciaire de prescrire des recherches aux fins de connaître la retraite du dit Vermeersch et de l'en informer immédiatement en cas de découverte. Inutile d'envoyer des procès-verbaux de recherches infructueuses.
Buxelles, le 3 Août 1910,
Le juge d'instruction : Delandtsheer

Or, l'homme que l'on cherchait en France, en Belgique au Tyrol, au Maroc ... l'homme était tout simplement enterré dans sa villa du Vésinet, sous moins d'un mètre de terre, dans la plate-bande de son potager. La presse décrivit minutieusement la macabre découverte faite au mois de juin 1911, à la suite des déclarations d'une des protagonistes de l'affaire, Marie Debroecke. Les déclarations de cette dernière avaient relancé l'affaire. Interrogée une nouvelle fois par un agent de la brigade mobile de Paris, Marie Debroecke s'était proclamée innocente. Elle avait reconnu cependant qu'elle s'était trompée dans ses premières déclarations quand elle prétendait avoir raccompagné le rentier Vermeersch jusqu'à la grille de sa villa en compagnie de Jooris. Il y avait eu confusion disait-elle. Pressée de questions, elle dut se résoudre à avouer qu'elle avait fait cette déclaration terrorisée par Jooris. A la suite de ces contradictions, le juge d'instruction de Versailles fit procéder à de nouvelles recherches dans la villa et le jardin du Vésinet où le cadavre fut finalement découvert.:

  • Le cadavre dans la fosse

"Quand le corps eut été retrouvé dans la tranchée creusée par les terrassiers, on alla prévenir le docteur Fleury, médecin-légiste, qui vint procéder aux premières constatations. Nous avons indiqué les résultats du premier examen fait par le médecin ; les détails qu'il releva: Le docteur descendit dans la fosse et constata ainsi que les bandelettes que l'on croyait attacher les jambes du cadavre n'étaient autres que des bas tricotés, d'origine flamande,et dont la décomposition avait rongé la trame; les deux jarretières qui retenaient les bas au-dessous des genoux furent bientôt retrouvées. M. Bossut, qui avait été, avec sa famille, employé chez le rentier monta dans la chambre de celui-ci et rapporta aux magistrat des bas, un gilet de flanelle et une chemise analogues à ceux qui recouvraient le corps. On était bien en présente du cadavre d'Honoré Vermeersch et, séance tenante, M. Perrussel fit procéder à la reconnaissance officielle du cadavre".

La découverte du cadavre
La découverte du cadavre dans le potager de la propriété de la victime
A gauche, le brigadier Van Langhenhoven, chef de la police municipale du Vésinet

"La protubérance que le disparu portait au front était fort visible sur le crâne. La moustache, la barbe avaient subsisté et plusieurs témoins, MM. Bossut, Barrault, Poirier, Puteaux, entre autres, furent formels. Le procureur de la République autorisa donc M. Barrault à dresser l'acte de décès. Aidé de quelques jardiniers de bonne volonté le docteur Fleury fit ensuite retourner le cadavre. A la hauteur des épaules, on remarquait un épanchement sanguin abondant dans lequel on recueillit le scapulaire que portait toujours M. Honoré Vermeersch. Sous le corps se trouvaient les débris d'une toile grossière mais épaisse; ce détail a retenu longuement l'attention des magistrats instructeurs, car il semble établir que le cadavre a été apporté là par deux personnes au moins qui tenaient les extrémités de cette toile; on ne s'explique pas autrement sa présence et il est fort peu probable que l'assassin eût cherché à protéger sa victime du contact de la terre".

  • Étranglé

"Quoi qu'il en soit, la mort de M. Vermeersch est bien due à la strangulation. La corde qui lui enserrait le cou a amené une suffocation immédiate. Les blessures observées au crâne, dans les côtes et à l'omoplate gauche ont été faites lorsque la victime était déjà, à terre et inanimée. Après l'enlèvement du corps, MM. Perrussel, procureur de la République, et Côme, juge d'instruction, procédèrent dans la villa même à de nouvelles constatations afin de déterminer si possible dans quelle pièce Honoré Vermeersch avait été assassiné et de retrouver les vêtements qu'il devait porter à son retour de Belgique. Mais l'immeuble avait été habité près de trois mois après le crime par Joseph Jooris, sa compagne, ses amis et enfin par Adyle Vercruysse qui n'avait ni soin, ni ordre. Le juge d'instruction après avoir saisi la valise que Vermeersch avait rapportée de Belgique le 30 mars 1910, divers des papiers et aussi une sorte de masse qui peut avoir été l'instrument du crime, a fait préciser à divers témoins l'état dans lequel se trouvait le potager l'an dernier. Le malheureux rentier avait été enterré, moitié sous une des petites allées bordées de buis qui séparent le potager, moitié sous une planche plantée de poireaux. L'assassin avait vingt-quatre heures devant lui avant le retour d'Adyle Vercruysse, parti, comme on l'a vu, le 30 mars 1910 à Bruxelles sur la foi d'une fausse dépêche et qui ne rentra que le 31 au soir. L'assassin avait dû enlever avec soin le buis des allées, les poireaux et avait dû placer la terre qu'il extrayait de la fosse sur des toiles pour ne pas laisser traces de son crime. Puis le corps déposé au fond, entre 80 et 85 centimètres environ à la tête et 70 aux pieds, le misérable, avec une rare présence d'esprit, avait remis le sable au fond, puis la terre molle au-dessus, remis en place plantes et bordures si adroitement que ni Adyle Vercruysse, le jardinier, ni M. et Mme Paul Linder qui vinrent habiter la villa à partir du 1er avril, ne soupçonnèrent et ne constatèrent rien d'anormal".

  • Les pistes de l'enquête

Les enquêteurs quittèrent la villa du Vésinet dans la soirée, "et malgré la pluie battante, pendant longtemps encore, la foule ne cessa de stationner boulevard Carnot, commentant une prétendue arrestation de l'assassin au Vésinet même. Il n'en était rien et la personnalité que l'on accusait, très peu discrètement du reste, fut mise complètement hors de cause par la justice peu après".
Le Parquet de Versailles, au reçu de l'avis de la découverte du cadavre, avait lancé par télégramme adressé au juge d'instruction de Bruxelles, un mandat d'arrêt contre Joseph Jooris qui avait regagné son pays d'origine. Deux autres mandats suivirent, l'un contre Adyle Vercruysse, l'ancien jardinier, et l'autre contre l'ex-domestique de M.Vermeersch et ancienne maîtresse de M. Jooris, Marie Debroecke.
"Le mandat d'arrêt décerné contre Adyle Vereruysse, l'ancien domestique de Vermeesch, n'a pu être mis à exécution à Deynze, parce que Vercruysse n'y habite plus. Il travaille maintenant à Trazegnies, près de Charleroi".
L'ancien domestique, sera finalement retrouvé et arrêté à Grammenelez-Deynze. Marie Debroecke, arrêtée dès le 27 juin (1911) fut ramenée l'après-midi même à Bruxelles.
"Joseph Jooris, contre qui a été envoyé un mandat d’amener, est un jeune homme âgé de 25 ans. Son père est un riche brasseur installé aux environs de Bruxelles. En 1909, M. Jooris était à Paris. Sous le nom de Druve, accompagné de Marie Debroecke, qu’il donnait comme étant sa femme, M. Jooris essaya de faire des affaires. Il entra en pourparlers avec un marchand de couronnes, M. Linder, qu’il commandita de 6.000 francs. Mais l’entreprise ne réussit pas et les deux associés après avoir vécu ensemble, se séparèrent. Entre temps, Marie Debroecke avait mis un enfant mort-né au monde"
A ce moment, Jooris rencontra Honoré Vermeersch avec lequel il ne tarda pas à se lier intimement. Il devint le secrétaire-intendant du rentier et vint vivre avec lui au Vésinet. On sait comment l'inculpé, après avoir attendu en vain le retour de Vermeersch, au commancement d'avril 1910, retourna en Belgique. Depuis octobre 1910, Jooris et son amie vivaient séparés. L'ex-secrétaire habitait une chambre garnie, avenue Fousny, à Saint-Gilles, dans un faubourg de Bruxelles, et se disait agent industriel.
Quelques instants avant son arrestation, Joseph Jooris, à qui l'on venait d'apprendre la découverte du corps de son ancien ami, ne manifesta aucune émotion. "Il avait de bien bizarres fréquentations", dit-il simplement, en parlant de M. Vermeersch. "A cause de cela je n'avais pas voulu accepter d'abord la place de secrétaire qu'il me proposait. Une fois au Vésinet, je n'eus plus qu'une pensée, celle de le quitter. Quand il partit faire son prétendu voyage et que je revins au Vésinet, je ne remarquai rien d'anormal."
Joseph Jooris dit avoir eu l'intention de se rendre au Palais de Justice pour se mettre à la disposition du Parquet, mais, malheureusement pour sa cause, il fut arrêté avant d'avoir eu le temps d'accomplir son projet.
Interrogé, il déclara qu'il ne comprenait rien à la découverte du corps de Vermeersch. Selon lui, Vermeersch aurait été assassiné en dehors de sa villa. On aurait enterré plus tard son cadavre dans le potager, pendant l'une de ses fréquentes absences, car il se rendait souvent à Paris. Il prétendit qu'il ne savait rien d'autre. Par ailleurs, l'extradition ne pouvait avoir lieu, Jooris étant de nationalité belge.
L'ex-associé de Jooris, Paul Linder, déclara, en apprenant l'arrestation de son commanditaire: "Cela ne m'étonne pas, et l'arrestation de Joonis est pour moi un grand soulagement. La découverte du cadavre de Vermeersch met fin à cette troublante énigme du Vésinet. J'étais sûr d'ailleurs que l'on retrouverait un jour le corps du disparu".M. Linder parut étonné, en revanche, en apprenant que Vercruysse, l'ancien jardinier, était, lui aussi, inculpé.

  • L'arrestation de Joseph Jooris

Les charges les plus lourdes pesaient, en effet, sur le jeune ami d'Honoré Vermeersch. Lorsque Adyle Vercruysse avait reçu la carte postale, portant un timbre belge et datée de Deynze, le rappelant auprès de sa mère rnourante, Jooris avait encouragé le jeune flamand à partir, lui affirmant que Vermeersch ne rentrerait pas avant trois semaines. Or, Vermeersch avait écrit à Jooris qu'il rentrait le 30 mars et celui-ci alla attendre son patron à la gare du Vésinet à l'heure dite. Jooris affirma ultérieurement à divers témoins et aux magistrats belges que le rentier était reparti le 30 mars au soir, déclaration que la découverte du cadavre, infirmait définitivement
L'accusation reprochait de plus à Jooris d'avoir fait disparaître la carte postale laissée par Adyle sur une table. A une complicité, possible toutefois, en Belgique, on préférait croire que l'assassin avait collé un timbre oblitéré sur une carte postale remplie en déguisant son écriture et mise ensuite dans la boite aux lettres de la villa. Les facteurs du Vésinet n'avaient pas, souvenir d'avoir apporté une carte postale le 29 mars 1910 à l'adresse d'Adyle Vercruysse.
Enfin, au cours de l'enquête menée discrètement en Belgique, par les inspecteurs de la première brigade judiciaire de la Sûreté générale, on apprit que Jooris, sans ressources aucunes à l'époque du crime, aurait dépensé, après son départ du Vésinet, notamment au cours d'une excursion en Alsace et en Lorraine avec une jeune femme, une somme "considérable". Or, M. Vermeersch, au moment de sa disparition, était porteur d'une somme de 55 000 francs, montant des fermages qu'il avait touchés en Belgique. M. Jooris, en qualité de secrétaire, ne devait pas ignorer ce détail.
Et si l'on ajoutait qu'à ce faisceau de charges, il convenait de tenir compte des déclarations de l'ancienne amie de Jooris à la justice belge, spécifiant que le cadavre du disparu était caché dans la villa du Vésinet, on conçoit que le Parquet de Versailles n'ait pas hésité un instant à télégraphier un mandat d'arrêt contre Joseph Jooris. L'assassin présumé, sujet belge fut arrêté en Belgique. Il ne pourrait être justiciable que de ses tribunaux nationaux, donc au cas où Jooris serait bien l'assassin, la justice belge, et non le jury français, serait seule compétente.

Les journaux avaient bien du mal à clore ce fait divers et ils exploitèrent les moindres zones d'ombre qui subsistaient: "Il y avait presque autant de monde ce matin là que la veille à la villa Vermeersch, au Vésinet. M. Vallée, administrateur provisoire de la fortune du disparu, était venu à la villa arrêter quelques mesures nécessaires. Il s'était rendu ensuite à la mairie du Vésinet, mais n'avait pris encore aucune disposition relativement aux obsèques, n'ayant pas encore eu connaissance des volontés de la famille à cet égard. Dans la villa même, le brigadier Van Langhenhoven a recherché une dernière fois les vêtements que portait Honoré Vermeersch le jour de sa rentrée de Belgique: chapeau, pardessus, veston, gilet, pantalon, chaussures sont restés introuvables. Sous la direction de M. Cordier, les jardiniers ont exploré et fouillé encore le parc et le jardin, où ces vêtements auraient pu être enfouis. Les cendres du calorifère ont été réexaminées avec soin. On n'y a pas retrouvé traces de boutons ou de ferrures des chaussures" ...
Les jardiniers ont commencé à remettre le parc et les potagers en état. La presse reste sur le qui-vive: "Avant de refermer la maison d'habitation, le brigadier de police du Vésinet a mis de côté, à la disposition du parquet de Verailles, le râtelier en or, des débris de vêtements et des cheveux dont on ne s'explique pas la présence, en quantité abondante, dans la fosse d'aisances".
La foule, au dehors, commentait l'arrestation à Bruxelles de Joseph Jooris. On se souvenait maintenant que "dans la journée du 31 mars, quelques heures avant le retour d'Honoré Vermeersch, des voisins avaient vu Jooris travailler dans le jardin, contrairement à son habitude.Sondait-il seulement le terrain pour y trouver un endroit propice à ses desseins, ou creusait-il déjà la fosse dans laquelle il allait déposer la nuit suivante le malheureux rentier qui allait rentrer bientôt pour tomber dans le fatal guet-apens? Ce fait seul, établi par l'instruction, prouve surabondamment la préméditation".
A Versailles, M. Côme, juge d'instruction, constitua un volumineux dossier de quelques 350 pièces pour le transmettre à ses collègues du Parquet de Bruxelles.

  • Le procès de Joseph Jooris à Bruxelles (suite)

Note: Les coupures de presse et l'annuaire du Vésinet proposent cinq orthographes différentes pour le nom "Vermeersch". Nous en avons retenu une seule, l'officielle : Vermeersch [Nom d'origine flamande (contraction de Van der Meersch, Vandermeersch). Désigne celui qui est originaire du lieu-dit "der Meersch", qui signifie "le pré" (au bord d'une rivière, sur une terre alluviale).


Société d'Histoire du Vésinet, 2007 - www.histoire-vesinet.org