Christian Ramette, Société d'Histoire du Vésinet, avril 2016. Wood Cottage, évocation d'une «  folie  »
Paul-Edouard Taconnet (1823-1891) exerce depuis 1846 le métier de calicot (commis de magasin de nouveautés) en face de la Gare de Rouen, aujourd'hui la Gare Saint-Lazare. Intelligent et travailleur, il dirige bientôt le magasin À la place du Havre. Dans les années 1860, fort prospère, Paul-Édouard aperçoit sur le fronton de la gare une banderole vantant un lotissement à bâtir au Vésinet desservi par le chemin de fer. Les ventes étaient accompagnées de prospectus de réclame qui précisaient « tout a été calculé de manière à donner aux habitants de la nouvelle colonie, les agréments de la campagne, avec toutes les facilités que présentent les centres de population ». Les travaux de modernisation de Paris, dirigés par le préfet Haussmann, enfièvrent alors la ville. C'est la saison des villégiatures. Paul-Edouard Taconnet vers 1857 Paul-Edouard, déjà père de quatre enfants, décide alors de se rendre acquéreur de lots propres à recevoir [une] maison de campagne. Le 18 octobre 1863 il se porte adjudicataire, à la chandelle, d'un lot de 3  625 m² au prix de 1 frs du m² auprès de la société Pallu & Cie. Il est à noter que le terrain est raccordé à un réseau d'eau courante, équipement très moderne à l'époque.
Dans un guide paru en 2016 chez Parigramme, Découvertes insolites autour de Paris, on peut lire p. 74 à propos de Wood Cottage, « une demeure perchée dans les arbres, signé Tricotel, 122 bd des Etats-Unis. ». Ce serait tellement plus féérique que Wood Cottage nichât dans un chêne et abritât le Baron perché d'Italo Calvino. Il n'en est malheureusement rien. Wood Cottage est fondé dans le sol.
La demeure se distingue par l'originalité de son architecture.
Les grumes apparentes sont tronçonnées et assemblées, en poteaux corniers et poteaux de fenêtre, avec guettes de décharges en croix de Saint-André sous les fenêtres, pièces d'appui et de linteaux. Elles sont assemblées en forme de ramure d'arbres ou de cervidés de fort belle allure.
Même rustique, une folie présente plusieurs dépendances qui complètent l'ensemble. Un pigeonnier, la maison du cocher et des domestiques, les écuries, un fumoir, s'inscrivent dans le même style que la maison de maître  : grumes noircies et maçonnerie rose. Quant au jardin, aucune description ne vaut  : il faut flâner, s'arrêter, humer, jouir des couleurs, écouter les oiseaux, dénombrer les fleurs, contourner un fourré, savourer un parfum, s'émerveiller d'une glycine. Ici les arbres jouent avec les fleurs, le promeneur sinue entre les massifs d'iris au son d'une cascade. Grâces soient rendues à la famille Taconnet, qui a construit et conservé Wood Cottage depuis sa création. **** Bibliographie : Sophie Cueille, Le Vésinet, Modèle français d'urbanisme paysager, 1858/1930, Cahiers de l'Inventaire 17, 2ème édition 2002. Monique Suzanné de Bellefontaine, Wood Cottage, l'écritoire du Publieur, 2005. Wood Cottage, Histoire d'une demeure, Les Presses franciliennes, 2008. |