Acteur français, né au Vésinet, Seine
& Oise, le 8 août 1910. Répétiteur au collège Chaptal, il suivait,
à ses heures de liberté, les cours d'Histoire de l'art de l'Ecole du Louvre,
mais il espérait faire du théâtre. Charles Dullin qu'il admirait, le fit
débuter à l'Atelier en 1930. Suivirent les années d'apprentissage.
En 1937, il présente au théâtre Antoine
une adaptation de la Numance de Cervantès; la guerre civile espagnole
faisant écho au spectacle, Barrault connaît alors son premier succès.
Puis ce sont Hamlet de Jules Laforgue et La Faim de Knut
Hamsun. Jacques Copeau le fait entrer à la Comédie-Française où il monte
Phèdre en 1940, puis Les Mal-Aimés de François Mauriac et
surtout, en 1943, Le Soulier de satin de Paul Claudel. Barrault
ne cessera pas de travailler sur l'œuvre de cet auteur, exceptionnel dans
le XXe siècle dramatique.
L'énergie, la passion vont faire
de l'Odéon de Barrault un théâtre d'une étonnante vitalité. S'attachant
à révéler de nouveaux acteurs, il monte, en 1964, Il faut passer par
les nuages de François Billetdoux. En 1966, il confie à Blin le soin
de monter Les Paravents de Jean Genet, assurant ainsi la présence
du théâtre au cœur de l'actualité la plus brûlante; la représentation
de cette œuvre, qui fait allusion à la guerre d'Algérie et condamne le
colonialisme et le racisme, entraîne de violentes manifestations d'intolérance.
Peu de temps après, Mai-68 allait livrer l'Odéon aux contestataires de
la Sorbonne. Une fois l'événement dépassé, Barrault, naufragé, dépossédé
de son théâtre par André Malraux, se retrouve sur le ring d'une salle
de catch, l'Élysée-Montmartre, où il donne un jeu dramatique, Rabelais.
Il y avait une leçon de persévérance et d'attention au monde dans cette
réalisation agitée, sensible aux modes sonores ou visuelles. Barrault
plantait en 1972 son chapiteau entre les murs désaffectés de la gare d'Orsay,
revenant encore à Claudel (Sous le vent des îles Baléares), et
cherchant toujours des auteurs (Isabella Morra, d'André Pieyre
de Mandiargues, 1974). À cet animateur hors pair on a reproché de n'avoir
pas la rigueur de Vilar, de jouer de toutes les séductions dans le but
de plaire. S'il n'est pas un modèle, Barrault est certainement exemplaire.
Exemplaires encore la création de Ainsi parlait Zarathoustra (1974)
d'après l'œuvre de Nietzsche mettant en scène l'anachorète face aux métamorphoses
de l'esprit, celle des Nuits de Paris (1975) de Restif de La Bretonne,
de Zadig (1978) d'après Voltaire.
La fin est triste. Si attachés à leur
théâtre, Madeleine Renaud et Jean-Louis Barrault ne sont pas de ceux qui
préparent leur succession. Ils se montrent hostiles, au contraire, à tout
dauphin présumé, et le théâtre du Rond-Point a langui avec eux
les dernières années. Mais qui aurait osé les déposséder de leur couronne?
Hors jeu, on les voyait, passer de longues heures attablés au restaurant,
seuls le plus souvent.
La carrière cinématographique de Jean-Louis Barrault s'est déroulée plus ou moins dans l'ombre de sa carrière théâtrale, bien que le très joli rôle du mime Debureau, dans Les Enfants du Paradis, de Prévert et Carné, ait contribué, plus qu'aucune activité scénique, à le faire connaître à travers le monde. Il a joué successivement dans Les Beaux Jours, de Marc Allégret (1935). dans Sous les yeux d'Occident, du même réalisateur, puis dans Jenny, Police Mondaine, Mademoiselle Docteur, Un Grand Amour de Beethoven (1936); Les Perles de la Couronne, A Nous deux madame la Vie, Mirages, Drôle de Drame, Orage (1937); La Piste du Sud, L'or dans La Montagne, Altitude 3 200 (1938), ainsi que dans des films plus ou moins négligés par les cinéphiles, mais qui présentaient pour l'acteur l'intérêt d'une composition développée: Le Puritain de Jeff Musso, d'après le roman de Liam O'Flaherty (1937); Le destin fabuleux de Désirée Clary, de Sacha Guitry (1942), où il incarne le jeune Bonaparte; La Symphonie Fantastique, de Christian-Jaque (1942, il y est Berlioz); L'Ange de la nuit (le rôle d'un aveugle). On voit encore Barrault dans La part de l'ombre, de Jean Delannoy, dans le Cocu magnifique (film adapté de la pièce de Crommelynck); dans D'homme à hommes, de Christian-Jaque; et, en 1950, dans La Ronde (la version de Max Ophüls). Dès 1952, les tournées à l'étranger ralentissent beaucoup son activité cinématographique, mais il a interprété en 1961 le rôle principal de l'adaptation de Dr Jekyll et M. Hyde, écrite et réalisée par Jean Renoir sous le titre: le Testament du docteur Cordelier.
La même année 1961, Barrault incarnait Louis XI dans un "remake" du Miracle des loups, entrepris par André Hunnebelle, avec Jean Marais en tête d'affiche. Signalons enfin qu'il a fait une apparition dans le film de Darryl Zanuck: Le Jour le plus long et qu'il interprète Restif de la Bretonne dans La Nuit de Varennes d'Ettore Scola (1982). La lumière du lac de Francesca Comencini (1988) est son dernier film Outre des mémoires Souvenirs
pour demain, au Seuil, Paris (1972), Jean-Louis Barrault a publié
plusieurs ouvrages: Reflexions sur le théâtre, J. Vautrain, Paris
(1949); Comme je le pense, Gallimard, Paris (1975); Saisir le
présent, Laffont, Paris (1984). ____________________ Société d'Histoire du Vésinet, 2005 - www.histoire-vesinet.org |