D'après les témoignages de vésigondins et les propos de Philippe Bouvard recueillis par A.M. Foy (2012).

Bouvard au Vésinet, un oursin dans le caviar [1]

Philippe Bouvard découvre le Vésinet dans sa jeunesse. Son grand père y loue une maison au 81, route de Montesson. A sa mort, en 1948, les parents de Philippe Bouvard, s'installent dans cette maison tandis que leur fils achève une scolarité « désespérante » à l'École supérieure de journalisme de Paris.

Les Vésigondins découvrent Philippe Bouvard sur la scène de la Salle des Fêtes en 1951, à l'occasion d'une soirée artistique organisée par le Syndicat d'Initiative au profit de l'œuvre le Repas des Vieux. Bouvard y prend part en qualité d'auteur-acteur [sic], sous la forme d'un sketch, « considérations distinguées ». Mais les héros de la fête sont les vedettes de la scène et du music-hall, habitant alors au Vésinet, ceux et celles qui prêtent leur concours : Courtinat, Jacqueline Erb, Jean Wetzel, Pierre Gabaye, Jean Bretonnière, Lucie Valore (qui dit un poème d'Utrillo) ou ceux qui honorent ce gala de bienfaisance de leur patronage (Jean Marais, Martha Eggerth et Jean Kiepura). Bouvard, filiforme petit jeune homme au regard malicieux, est encore un inconnu. Le cinéma nous en conserve le souvenir [2].

En 1953, Philippe Bouvard épouse à la Mairie du Vésinet, Colette Sauvage (elle est native du Vésinet) avec qui il aura deux enfants. C'est le maire Jean-Marie Louvel, ministre de l'Industrie, qui officie. Les parents de la mariée louent alors, pour le couple, une maison au 82 route de Montesson, maison qui sera achetée plus tard et que la famille Bouvard occupera jusqu'en 1993.

Philippe Bouvard à ses débuts au cinéma (1956) et la maison au Vésinet qu'il habita de 1953 à 1993.

Lorsqu'il évoque avec nous Le Vésinet, Philippe Bouvard se rappelle ...

    « une ville dortoir de luxe ! l'avenue du Grand Veneur, les petites rivières ... et les moustiques » . Sans doute satisfait de ce trait d'humour, il le reprend dans son Bloc-note [3] où il écrit: « il y a de ça quelques décennies, j'avais accepté de figurer parmi les candidats à une élection municipale organisée au Vésinet, agreste dortoir de luxe où je passais alors mes nuits. Ma liste étant plutôt conservatrice, il avait été décidé qu'au lieu de réunir les électeurs sous des préaux d'école, nous les accueillerions dans des villas où, avant d'énoncer tout programme, nous leur proposerions boissons et mignardises. Le résultat ne fut pas fameux puisque au soir du scrutin, on recensa beaucoup moins de bulletins en notre faveur que nous n'avions offert de petits-fours. »

Ce n'était pourtant pas une liste anecdotique mais celle du maire sortant, Marc Ferlet sous l'étiquette Entente républicaine, en 1965 !
Les Vésigondins de leur côté évoquent les voitures de sport (Lamborghini Miura), de grand luxe (Rolls-Royce) ou hérissées d'antennes, comme la Citroën DS 21 ou la Peugeot 604 limousine [4] dans laquelle Monsieur Bouvard commençait sa journée de travail au téléphone dans les embouteillages du Pont de Chatou.

604 Peugeot Limousine spécialement réalisée pour Philippe Bouvard (1982) comme « bureau roulant ».

Caractéristiques techniques: moteur V6 de 2664 cm3 ; puissance 136ch ; poids 1500 kg • Musée Peugeot, Sochaux. [Cliché shv 2017]

Bouvard était alors en vedette partout, à la radio, à la télévision, dans les rayons des librairies et dans tellement de journaux. Exemple emblématique des célébrités vésigondines, il dominait sans partage nos autres gloires du moment : Jean Cazeneuve, François Ceyrac, Jacques Ertaud, André Fleury, Gotlib, Auguste LeBreton, Anne-Marie Peysson, Camille Sauvage et même Alain Decaux. La désertion, en 1993, de cet « ami de quarante ans » fut comme une trahison.[5]

    Notes:

    [1] Allusion à "Un oursin dans le Caviar" premier livre à succès de Philippe Bouvard, qui reçut le Prix Scaron en 1973.

    [2] Dans "vacances explosives", film de Christian Stengel (1957), il tient le rôle d'un jeune marié durant un voyage de noces agité, son seul vrai rôle même s'il fait en 1976 une apparition, dans son propre rôle d'animateur, dans le film "L'Aile ou la Cuisse", de Claude Zidi, autre célébrité du Vésinet.

    [3] Philippe Bouvard, Bloc-Note, Figaro-Magazine, 27 juin 2014.

    [4] Spécialement réalisé pour Philippe Bouvard en 1982, ce véhicule devait lui servir,pendant une douzaine d'années, de « bureau roulant » et lui permettre de préparer ses émissions pendant les longs trajets dans les embouteillages. En dehors de l'équipement de série, Bouvard y fit installer un second téléphone, une TV et un magnétoscope ainsi qu'un bureau escamotable électriquement. Ce véhicule unique est conservé au musée Peugeot, à Sochaux.

    [7] La lecture des annuaires mondains confirme que le départ de Philippe Bouvard coincide avec un changement profond de la « sociologie » du Vésinet. Après 1990, les célébrités artistiques et culturelles qui ont fait la réputation du Vésinet ont peu à peu laissé la place au « monde des affaires ». Si, en 1995, la commune abritait encore plus de 200 dirigeants de grandes entreprises (fondateurs, présidents, directeurs-généraux, administrateurs ...) les acteurs, peintres, musiciens, écrivains, s'y faisaient plus rares.


Société d'Histoire du Vésinet, 2011-2017 - www.histoire-vesinet.org