Texte d'Isabelle Grell pour la Société d'Histoire du Vésinet, septembre 2003. Le Vésinet dans l'œuvre de Doubrovsky Julien-Serge Doubrovsky est né le 22 mai 1928 à Paris de parents juifs. En 1932, la famille acquiert une résidence au 29, rue Henri Cloppet, à six cents mètres de la gare. Il s'agit d'une grande demeure de 2 000 m², entourée d'arbres, le tout reclus derrière des grilles blanches. Sous le joug pétainiste, les Doubrovsky subissent l'Occupation, l'Étoile jaune, la déportation de proches. En 1943, eux-mêmes seront préservés de ce sort tragique grâce au courage d'un valeureux gendarme du Vésinet : " l'agent de police en civil il a sonné à notre cloche derrière la grille dès l'aube risques et périls à 11 heures je dois oui avec les Allemands vous arrêter sa peau pour nous a fait le tour des youpins du Vésin la tournée des déportables lui-même si on l'avait pincé déporté à la porte lui venu nous prévenir moi couru dix mois durant me terrer visite" [1]. Ils se réfugient à Villiers chez une tante où ils restent cachés durant dix longs mois. Terminées pour SD les " balades du dimanche lac des Ibis au Vésinet après les pelouses champs de Chatou entre poireaux et carottes vers Bougival chemin de halage sur l'île haie familière familiale des peupliers long de la Seine" [2]. Moins aussi ce moment de bonheur partagé avec sa mère qu'était le " JOUR DU MARCHE au Vésinet le mardi et le samedi Chatou mercredi et samedi à Saint-Germain le dimanche dis je vais avec toi au marché contente irritée alors dépêche-toi toi tu traînes toujours tu sais je n'ai pas que ça à faire s'affaire prend les filets prends la poussette rue Henri Cloppet on trottine place de l'Église jusqu'à la place du marché on commence par les légumes d'abord faire le tour voir où c'est moins cher" [3], suivis des festins partagés avec sa sœur et sa mère dans le jardin de la demeure sécurisante. Après un feu de toiture en 1937, les pénuries de la guerre, après la mort du père (le 13 janvier 1948), la propriété devint un fardeau pour Renée Doubrovsky, la mère bien-aimée de Serge: " La propriété est pesante. On peut plus l'entretenir. Partout, des herbes. Y a plus d'allées. Armand vient, de temps en temps. Nettoie, bricole. Pas souvent, pas les moyens. Un jardinier, c'est un rêve. Souvenir d'avant 38. Je me rappelle. On ouvrait les grilles, à deux battants. Tombereau de gravier. On ratissait. Bégonias dans les parterres. Sur le perron, des géraniums géants, en pots de grès, en sentinelles sous la guérite de la verrière, à l'entrée. Ça s'est envolé. Disparu. Depuis des lunes." [5] Ce qui reste : un livre qui dit sur tous les tons: " Le Vésinet c'est mon enfance"[6]. « ...le Vésin n'existait plus. Les neuf chênes devant, les pelouses, le potager derrière, tous les arbres abolis, folles herbes effacées ... trente ans de vie vendus d'un coup, énorme bloc d'être englouti, coulé au fond, sans trace ... partis sans laisser d'adresse. Je n'habite plus nulle part... » Les citations sont tirées de Fils (Folio, 1977) page 236 [1], 223 [2], 273 [3], 289 [4], § 592 [5], § 713 [6].
Serge Doubrovsky a passé une partie de
sa jeunesse, d'abord pour
les vacances chez ses grands parents, puis en 1940-1943, avec ses parents
qui avaient préféré s'éloigner de Paris, dans une résidence au 29, rue Henri Cloppet, au Vésinet. La villa était construite sur une grande parcelle de 2 000 m², entourée d'arbres, jouxtant la ligne de chemin de fer, recluse derrière des grilles blanches. La maison de la famille Doubrovsky au Vésinet au 29, rue Henri-Cloppet photographiée vers 1960. (Doubrovsky)
Entrée de la synagogue du Vésinet Le Vésinet, revue municipale, n°69, décembre 1984
Le Hekal : Arche contenant les rouleaux de la Thora Le Vésinet, revue municipale n°70, mars 1985.
Les Œuvres de Serge Doubrovsky Livres de critique
Romans
Etudes et essais consacrés à Serge Doubrovsky
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