Jean-Paul Debeaupuis, shv, 2023 Jean Lauthe (1884-1963) architecte vésigondin Jean Antoine Lauthe, nait à Guingamp (Côtes-du-Nord) le 10 avril 1884 où son père, Pierre Alexandre Lauthe, alors capitaine-trésorier au 48e régiment d'Infanterie est en garnison [1]. Le soldat Sous-officier très courageux. S'est distingué par son zèle et son sang-froid dans les missions qui lui étaient confiées, sous un violent bombardement ennemi, pendant les combats du 10 au 15 juillet [1916]. A été grièvement blessé par des éclats d'obus. [signé Ferradini] Après la dissolution du 9e RG, il sera affecté au 17e RG en garnison à Nancy. Nommé sous-lieutenant à titre temporaire en janvier 1918, confirmé en juin, il sera démobilisé en 1923, versé dans la Réserve avec le grade de lieutenant (19 juin 1924). Chevalier de la Légion d'honneur (décret du 27 décembre 1923). Je me souviendrai longtemps des œuvres exposées par Jean Lauthe, à la Société internationale d'aquarellistes. Elles étaient toutes consacrées au pittoresque pays vosgien, et leurs couleurs vives, presque brutales. leurs contrastes volontairement accusés. m'avaient frappé. Il y avait là les solides paysages du Hohnech, les vieilles maisons d'Obernai les pentes abruptes du Haut Kœnigsburg, l'impressionnante féerie de la Schlucht, le chaos de la Vallée de Schiessrothrled, la magie du Lac Blanc... Cette fresque moderne, curieusement traitée par larges touches, constituait à elle seule une collection remarquable. Elle témoignait comme les productions qui suivirent, d'un travail consciencieux en même temps que d'un louable effort vers des horizons nouveaux. [5] L'architecte J. Lauthe, architecte, 16 avenue de la Princesse, Le Vésinet (1925-1930) Cliché SHV, 2002. La famille Lauthe s'installe au Vésinet en 1925, d'abord au 16 avenue de la Princesse (aujourd'hui av. du Général-de-Gaulle) puis au 5 avenue des Courlis où Jean Lauthe a édifié sa maison, la Villa Bianca. Cette villa a été inventoriée dans le patrimoine architectural du Vésinet par l'équipe du ministère de la Culture en 1982. Elle est décrite en ces termes : Les idées d'avant-garde de Le Corbusier, de Mallet-Stevens, ont beaucoup de mal à parvenir jusqu’au Vésinet. Ville paysagère, il semble qu’elle ne se prête pas à la rigueur des nouvelles lignes, ou du moins ses habitants le pensaient-ils? [...] Pour sa propre maison, 5, avenue des Courlis Jean Lauthe inaugure au Vésinet un style résolument nouveau, proche des expériences de Mallet-Stevens. Élevée sur un soubassement de brique rouge, la maison affirme des volumes cubiques étagés, avec un solarium et un toit en terrasse. Les baies rectangulaires horizontales se déplacent vers l’angle du bâtiment, mais un trumeau large les en sépare encore, Lauthe hésitant peut-être devant les audaces techniques de ses contemporains. Les huisseries, notons-le, sont encore en bois et non en métal... [7] La construction de cette maison est parfois datée en 1924 mais, sur les photographies aériennes de lnstitut Géographique National, aucun bâtiment n'est édifié sur cette parcelle avant 1933.
Villa Bianca, 5 avenue des Courlis au Vésinet Construite par Jean Lauthe pour lui-même vers 1930. Clichés shv (1) et JB Vialle (2) Jean Lauthe présenta un projet de « dépôt des pompes à incendie » (et caserne de pompiers) qui devait être édifié rue Jean-Laurent, sur un terrain donné à la Ville vingt ans plus tôt par Monsieur Chardron et dont la construction fut en partie financée par un nouveau don de Mme Chardron. Le projet ne vit pas le jour et un bâtiment beaucoup plus rudimentaire fut inauguré à l'occasion de la fête nationale de 1927. Il demeura en fonction jusqu'à sa démolition en 1971 pour laisser la place à une résidence pour personnes âgées. Jean LAUTHE - Projet de dépôt des pompes à incendie (~1925) Dessin conservé aux archives municipales. Cliché shv (2017) Profitant d'une période particulièrement propice à la construction sur les parcelles redécoupées en lotissements (exemple du lotissement des Charmettes), Lauthe et son confrère Colombey [voir ci-dessous] réaliseront une douzaine de villas au Vésinet entre 1925 et 1940. La plupart d'entre elles en portent encore la signature sous la forme d'une plaque émaillée scellée dans le mur. Plaque des architectes J. Lauthe & R. Colombey encore visibles sur de nombreuses maisons au Vésinet (shv, 2012) Au cours de cette période, Lauthe conserve une adresse professionnelle à Paris, au 23 rue Lepelletier (9e) et remplit les fonctions d'architecte en chef des Monuments Historiques pour la capitale. **** « Lauthe & Colombey » une signature vésigondine Rolland Georges Colombey est né le 18 janvier 1888 à Epernay (51), fils d'un tailleur de pierre qui deviendra épicier à Paris mais restera attaché au travail de la pierre et se présentera longtemps comme sculpteur. Rolland est « employé de bureau » à son mariage en 1910 et « dessinateur » à la naissance de sa fille en 1914. Exempté de service actif, il sera affecté à Paris (service des commis, direction de l'Intendance, ministère de la Guerre). Il est employé dans un grand cabinet d'architectes parisien, la Maison Granet lorsqu'il s'installe au Vésinet où il est recensé comme architecte. [9] **** Notes et sources : [1] Engagé volontaire à 20 ans en 1865, Pierre Alexandre Lauthe est sergent major lorsqu'éclate la guerre de 1870. Officier "sorti du rang" il est capitaine en 1883 à son mariage avec une Bretonne de Guingamp, Marie Josèphe Meltier, où il est en garnison. Ils auront deux fils, Jean Antoine (1884) et Martial (1886). Pierre Alexandre Lauthe sera chef de Bataillon (1890) décoré de la Légion d'honneur (chevalier, 1891 ; officier 1921). [2] Principaux résultats dans son dossier selon Marie-Laure Crosnier Leconte : Il a tenté l'admission aux Beaux-Arts en avril 1903 ; il est admis en 2e classe le 3 novembre 1903 (sujet du concours d'admission : Un Monument en souvenir d'hommes illustres) ; obtient un total de 20 valeurs ; lère classe le 30 juillet 1907 ; obtient un total de 19 valeurs dont une première Seconde Médaille (projet rendu le 15 juillet 1908) ; admis 6e supplémentaire au 2e essai du Concours de Rome le 10 mars 1909 ; diplômé le 9 juin 1909 (sujet du diplôme : Une Villa (sur la côte) en Bretagne) ; lère mention au Concours Godebœuf. [3] Jean Jules Charles Lauthe, fils de l'architecte, est né à Paris (15e) le 8 octobre 1918 ; il est connu pour ses œuvres abstraites (huiles, aquarelles, dessins, céramiques) qui passent épisodiquement en vente aux enchères publiques (24 fois entre 2005 et 2023). Mort à Clichy le 8 janvier 1982, il est enterré au Vésinet. [4] Le 9e Régiment du Génie, constitué à Verdun en août 1914, fut dispersé au sein de diverses unités. Son 25e Bataillon fut affecté à la 72e Division d'Infanterie et fut engagé sur l'Orne, à la bataille de Verdun, sur la Somme et en Champagne. Jean Lauthe en faisait partie comme sergent (48e d’infanterie, 2e bat., 7e comp.). Après la dissolution du 9e RG en 1919, il fut affecté au 17e RG à Nancy, jusqu'à sa démobilisation. [5] René J. Beaudoin pour Comœdia, 8 décembre 1927. [6] Théodore Clément, architecte belge, est un ancien élève de l'école de Saint-Luc. Membre de la société centrale des architectes belges, il a collaboré avec Jean Lauthe à l'élaboration des projets de construction des églises d'Harbouey et Montreux. En 1925, Clément s’installe au Vésinet (30 avenue des Pages) où il réalisera plusieurs villas, donnant la préférence au style cottage. En 1934, il fonde la revue L’Arche (1934-1936). En 1935, il est toujours mentionné comme architecte au Vésinet., mais il a également été actif sur la Côte d’Azur. [7] Le Vésinet, modèle d'Urbanisme paysager (1858-1930) Cahier de l'inventaire n°17, Imprimerie Nationale, Paris, 1989.
[8] Lauthe est coopté au comité du Syndicat d'Initiative en juin 1930 pour en devenir l'architecte référant. Échos de Rueil et de Saint-Germain, (20) 11 juillet 1930. [9] D'abord domicilié au 110 rue des Landes à Chatou (1925), il fait construire sa maison au 54 avenue Horace Vernet qu'il occupe à partir de 1929. [10] Par arrêté du 1er février 1934, le ministre de l'Education Nationale (Beaux-Arts) inscrit à l'inventaire des sites dont la conservation présente un intérêt général le lac de la Station, le lac Supérieur, le lac de Croissy et le lac Inférieur du Vésinet, avec les cours d'eau qui les réunissent entre eux et au lac des Ibis. Puis un arrêté du 5 février 1934 classe parmi les monuments naturels et les sites de caractères artistique, historique, scientifique, légendaire ou pittoresque, le Grand lac ou lac des Ibis et la majeure partie des pelouses formant le domaine communal.
Société d'Histoire du Vésinet, 2023 • www.histoire-vesinet.org |