"Je suis né à Paris, IXe arrondissement
le 1er Mai 1917. Première rencontre avec le photo-journalisme vers
12 ans. Je rapportais à mon père l'hebdomadaire Vu,
créé par Lucien Vogel.
La découverte du Lycée (Condorcet) un
1er Octobre, jour de la Rentrée à l'époque, coïncide
avec celle de l'antisémitisme. J'en verrai d'autres en Février 1934,
avant d'être mis à la porte pour "activités politiques".
Heureuse simultanéité, je ne pouvais plus souffrir l'Instruction
Publique...
Seul m'intéressait le cinéma. Lorsqu' en 1937, sonne
l'heure du service militaire, je suis apprenti-monteur chez André
Vigneau. C’est donc sous le signe de Courteline et d'Apollinaire
réunis que je deviens artilleur hippomobile, avant de me retrouver,
vaincu mais intact, sous celui de Pétain.
Lorsqu'en 1944 je
tente (sans succés) de retourner au cinéma, je m'aperçois qu'il
aurait mieux valu pour moi avoir travaillé pour La germano-française Continental que de m'obstiner à solliciter des attestations
professionnelles d'exilés ou de morts.
Mais ce n'est qu'en 1949
que je me décide: muni de mon premier Rolleiflex (d'occasion), je
rentre à France-Dimanche. Cinq ans d'apprentissage, tendus
mais supportables par la vraie solidarité des copains qui m'ont
beaucoup appris. Mais on se lasse de tout, des "forcings",
des "planques" et du noir et blanc en "trame 80"
et surtout d'une lubie finale qui fait disparaitre 90% de la photographie
au bénéfice du dessin. Ainsi se perçoivent les indemnités grâce
auxquelles s'achêtent l'auto, les Leicas et les objectifs.
...
Et commence une période de dix années d'indépendance (dans l'interdépendance,
bien sûr) pour Elle et le Nouveau Fémina. La couleur
entre dans ma vie et je ne résume plus la vie des autres en une
seule photographie. Mes employeuses me font aussi faire l'apprentissage
du "placard" dont (autre coincidence) les parutions dans Life, Look, voire Time me font sortir. A La
fin de 1966, des amis, tous membres à l'époque de l' Association
Nationale des Journalistes Reporters Photographes m'appellent à
fonder avec eux l'Agence Gamma, une liaison orageuse qui
finira en 1972. Peu après, je me retrouve actionnaire membre de Viva. C'est fini six mois plus tard. S'ensuit une année de
machine à écrire et de Leicas mêlés pour une revue photographique
défunte. Depuis, je suis revenu au Leicas seul et à des constatations
acidulées sur l'état de la photographie en France.
J'allais oublier
que j'ai participé à des expositions:
Six photoqraphes et Paris, musée
des Arts décoratifs, Paris, 1965.
Expo'67. Montréal, Canada, 1967.
Six photograpphes en quête de banlieue,
BPI, Centre Pompidou, Paris, 1977.
Le Vésinet en couleurs, Centre
Arts et Loisirs du Vésinet, 1980.
Jean
Lattès à son domicile du Vésinet Gilles Walusinski, photographe.
..."En
tout état de cause, la photo a encore beaucoup de choses à dire.
Personne aujourd'hui ne peut se vanter d'avoir pénétré complètement
son mystère, déchiffré toutes les énigmes de son langage."
..."Mon métier est de voir et faire voir. Je ne ressens pas
la nécessité d'en changer".