Vésigondins célèbres > Marie Scalini (notice) > ... Marie Scalini (1852-1931) Fille d'un parfumeur de la rue du Faubourg Poissonnière, Jules François Chack, et de Françoise Clémentine Boyer, sa femme, Marie-Louise Chack est née à Paris (3e) le 21 octobre 1852. Après des études de chant, elle entreprend une carrière dans l'art lyrique sous le pseudonyme de Marie Scalini, nom italianisé selon la mode du temps. Elle fait ses débuts à Paris en 1873. On la présente comme « une jeune artiste de 18 ans arrivant de Russie ». Elle a presque 22 ans, elle est déjà mère d'une petite fille et on ne trouve nulle trace de cette période russe, mais elle connaît aussitôt le succès. Marie Scalini est une femme de caractère. Elle n'hésite pas à faire un procès à son employeur, le directeur des Bouffes-Parisiens, M. Cantin, qui ne l'emploie pas – estime-t-elle – à son juste mérite. Elle perdra cette cause mais reviendra aux Bouffes-Parisiens avec les honneurs, en 1882, après une courte interruption dans sa carrière. Elle fait sa rentrée à la salle Erard et la critique note un changement important de ses capacités vocales: "...l'ancienne gentille pensionnaire des Bouffes-Parisiens, transformée en forte chanteuse. Ce n'est plus la petite Scalini d'autrefois; la voix s'est agrandie et fortifiée considérablement, et, aujourd'hui, elle peut s'attaquer bravement à l'air de Fernand Cortez. C'est au professeur Arnoldi qu'est due cette transformation, qui lui fait grand honneur. A côté de l'air de Fernand Cortez, Mme Scalini a dit la fameuse Mandolinata de Paladilhe avec des qualités de grâce incontestables. Bref, l'impression a été bonne, et plusieurs critiques qui s'étaient donné rendez-vous, sans conviction, à la salle Erard, M. Ernest Reyer en tête, ne dissimulaient pas leur surprise."
Celle qu'on appelle désormais Madame Scalini ("qui chante aussi bien qu'elle est belle, ce qui n'est pas peu dire") aborde alors un répertoire plus ambitieux au Châtelet (1883), aux Folies dramatiques (1884) où elle participe à sa dernière opérette, Rip. Les critiques ne sont pas bonnes et Marie Scalini n'insiste pas [2]. En décembre 1925, Marie Scalini est faite chevalier de la Légion d'honneur. Une fête est donnée à l'occasion de la remise de la médaille, à l'hôtel de la fondation Rothschild, rue Berryer. Cérémonie émouvante, charmantes allocutions, suivies d'une fort intéressante partie musicale, où l'on applaudit entre autres la voix chaude et vibrante de Lucy Arbell, encore une vésigondine célèbre, bienfaitrice de l'œuvre. Marie Scalini meurt dans sa maison du Vésinet, 3 avenue Kléber, le 13 août 1931. Ses obsèques sont célébrées à l'église Sainte Marguerite en présence de très nombreuses personnalités du monde du spectacle, des arts et de la politique. Au cours de la cérémonie religieuse se sont fait entendre deux artistes de grande valeur: Mme Laute Brun, de l'Opéra, et M. Benharoche. Parmi les personnalités présentes, la presse signale l'amiral Darlan, représentant le ministre de la Marine, l'amiral Abrial, Mlle Rachel Boyer, vice-présidente de l'Orphelinat des Arts, Gaston Rageot, président de la Société des Gens de lettres, Mme Colette Yver, femme de lettres, MM. [Fred] Robida, Vincent Hyspa, René Jean, Le Lubez, Mmes Rossolin, Bertin, Wagatha, Damain, Alice Desplanches, Jeanne Brindeau, Jeanne-Marie Laurent, Comerre, etc.
Les enfants de Marie Scalini et Lord Fingall • Madeleine Chack-Scalini, épouse M. Georges Grippon-Lamotte (rédacteur en chef du Messager d'Indre et Loire) le 4 avril 1899 en l'église Saint-Louis-d'Antin, à Paris. Elle divorcera. Elle est connue sous le nom de Madame Chack et, à partir de 1911 elle réside au Vésinet avec sa mère. Elle succède à cette dernière en 1919 comme trésorière de l'Orphelinat des Arts. Elle meurt à Paris le 1er janvier 1934. • Louis Paul André Chack, est né à Paris en 1876. Il entre à l'Ecole navale en 1893 et fait ses classes sur le Borda et L'Iphigénie. En 1896, il est affecté sur le Hoche, puis sur le Masséna. Il séjourne successivement à Constantinople et à Toulon, puis embarque sur le sous-marin Grondin. Paul Chack par Ch. Léandre (1934) Encouragé par Claude Farrère, Chack puise dans la documentation du Service historique de la Marine la matière d’une carrière d’écrivain. Il est l'auteur de nombreux articles (Revue des lectures, Revue Belge, Revue de Paris, etc.) puis d'ouvrages, des récits plus que des romans historiques. Il reçoit le Prix de la Renaissance en 1927. Ses livres connaissent un grand succès critique et populaire [3]. Il est président de l'association des écrivains anciens combattants puis vice-président de la Société des Gens de Lettres. En 1934, il est commandeur de la Légion d'Honneur et membre de l'Académie de Marine. La fin de sa vie est moins glorieuse. En 1937, il adhère au Parti populaire français (PPF) de Jacques Doriot dont il devient membre du bureau politique. Anglophobe notoire, il crée et dirige le Comité d'action antibolchévique (1941-1945), officine de propagande pour le recrutement en faveur de la Légion des volontaires français contre le bolchévisme (LVF). A la Libération, il est arrêté le 23 Août 1944, jugé pour intelligence avec l'ennemi, et condamné à mort le 18 décembre 1944. Il est fusillé le 9 janvier 1945 au Fort de Montrouge. *** Notes [1] L'arrière petite fille de Marie Scalini s'est inspirée de l'histoire de son aïeule dans un roman, la villa irlandaise (1985). [2] En juin 1888, son retour à l'Odéon dans Charles VII chez ses grands vassaux, drame d'Alexandre Dumas, sera finalement déprogrammé pour permettre des travaux dans le théâtre (Le Temps, 23 mai 1888). [3] Les œuvres de Paul Chack ont fait l'objet d'une réédition intégrale sous le titre général "Marins à la bataille" en cinq volumes aux éditions du Gerfaut (2001).
Société d'Histoire du Vésinet, 2011-2014 — www.histoire-vesinet.org |