Les Spectacles : Organe d'informations théâtrales, musicales, cinématographiques , 28 août 1931

Le Congrès Osso au Vésinet

Le premier Congrès OSSO, qui a eu lieu le Mardi 11 Août [1931] au Vésinet, fut l'apothéose d'une année d'efforts incessants, de travail acharné et de foi tenace dans l'avenir du cinéma français [1]. Pour bien marquer le caractère intime et familial de cette manifestation. M. Adolphe Osso avait prié ses invités chez lui, dans sa propriété du Vésinet au n°2 allée des Genêts où, dès l'arrivée, une atmosphère de sympathie mettait à l'aise les quelque 200 personnes qui étaient là. Assistaient à cette réunion, les grandes vedettes Osso, "l'état-major" de la maison, les directeurs des agences provinciales de distribution Osso, ainsi que leurs agents, et les membres de la presse cinématographique. [2]

La Villa Osso

Il s'agit de la Villa dite Le Grand Lac, inscrite à l'inventaire général du patrimoine culturel au n°2 av des Courlis [Extrait cadastral 1981, Section AI, parcelle 52].

En 1930, Augusto Génina y tourna les dernières scènes de Paris-Béguin, le premier film Osso, en présence de l'auteur du scénario, le romancier Francis Carco, avec Jean Gabin et Jane Marnac, grande comédienne de théâtre qui débutait au cinéma.

Adolphe Osso l'a habitée durant une dizaine d'années ; la maison est restée marquée par le cinéma, ayant depuis plus de cinquante ans, servi de décor extérieur ou intérieur à de nombreux films de toutes sortes.

Mis en difficulté financière à la suite d'un conflit entre les producteurs et le distributeur du film La Bataille (1933), Adolphe Osso avait dû revendre en toute hâte cette villa qu'il avait acquise au début des années 1920.

A 10 heures précises, M. Adolphe Osso ouvrait le Congrès, devant une salle comble et attentive. C'est avec une réelle émotion qu'il souhaita la bienvenue aux congressistes et qu'il remercia tous ceux qui étaient présents, et particulièrement les représentants de la Presse cinématographique et M. Charles Helac, président de la Chambre Syndicale de la Cinématographie française.
–"A ma connaissance, dit-il, je crois que c'est la première fois au monde qu'une maison convie à son congrès la Presse et aussi quelques amis financiers et même des concurrents".
Après avoir remercié ses collaborateurs de la première heure, il s'écria: "Vous avez, Messieurs, étonné le monde cinématographique, pas seulement français, mais européen". Avec la foi ardente qu'il apporte à toute oeuvre qu'il entreprend, M. Adolphe Osso brossa un rapide exposé des résultats obtenus en un an, pour s'étendre un peu plus longuement sur ceux qu'il désirait obtenir, qu'il obtiendrait.
"Je n'ai jamais été plus heureux de toute ma vie, ajouta-t-il, parce que — si je laisse ici de côté ma modestie — en un an de temps, j'ai réuni une organisation d'hommes qui s'aiment, qui s'estiment, qui travaillent nuit et jour pour le bien de notre société et pour celui du cinéma français."
Logo OssoLes différents collaborateurs de M. Adolphe Osso démontrèrent ensuite la perfection de l'organisation qui fut montée en une seule année, tant pour la production que pour la distribution des films, en France et à l'étranger. Tous, collaborateurs immédiats de M. Osso ou agents de province et même de l'étranger, remercièrent M. Osso de leur donner les possibilités et les moyens d'accomplir un travail utile.
M. André Haguet, directeur de la location, M. Raymond Hakim, sous-directeur de la Location, les directeurs d'agences ; M. Demol, directeur général en tête, puis MM. Roussillon, Ozil, Bidali, Pfiffer, Vergnol, Lestienne, Palivoda et Salomon, assurèrent tous que les services de production Osso avaient mis à leur disposition les meilleurs films possibles pour faciliter leur tâche.
M. Robert Hakim, directeur du service étranger, démontra que le film parlant français peut, et doit avoir sa place sur tous les marchés étrangers et il le démontra par des exemples concrets: dans tous les pays du monde, on projette des films Osso.
M. Gay Lussac, directeur de la publicité, exposa l'effort extraordinaire que s'était imposé la Société Osso pour présenter ses films d'une de la meilleure manière et il fit distribuer le Livre d'Or Osso 1931-32 où la prochaine production est indiquée d'une façon parfaite et sous une forme artistique des plus heureuses.
Après quelques mots du Major Keith Trevor, collaborateur de toujours de M. Adolphe Osso et son ami de longue date, la parole passa à M. Rupp qui, sous une forme volontairement humoristique, prêcha l'économie — mais non point l'avarice — économie sans laquelle on ne fait point de bonne maison.
Vint ensuite le tour des Services de production, à la tête desquels se trouve M. Darbon, qui présenta ses collaborateurs: MM. Pierre-Gilles Veber, Pierre Maréchal, dont les délicates fonctions consistent à donner à chaque film la meilleure distribution possible ; Maurice Orienter et Noé Bloch, directeurs de production; M. Carmine Gallone, le réalisateur de "Un soir de rafle" salua en quelques mots ses confrères: Marcel L'Herbier, Augusto Genina, Jacques de Baroncelli, Jean Bertin, Maté, Volkoff, Jean de Limur, Diamant-Berger, qui étaient dans la salle et Tourjansky qui, retenu par son travail, n'avait pu venir.
Les applaudissements se changèrent en vivats lorsque M. Adolphe Osso, se levant, déclara qu'il avait décidé d'appeler M. André Haguet à ses côtés, comme assistant personnel, tandis que M. Raymond Hakim devenait directeur de la location.
Au cours du banquet qui suivit le Congrès, la plus franche cordialité ne cessa de régner entre les convives, parmi lesquels on pouvait, reconnaître, outre M. Charles Delac, président de la Chambre syndicale Cinématographique Française et les représentants de la Presse cinématographique: M. et Mme Henry Kistemaeckers, MM. Henri Decoin, Jourion, Debric, Gallo, Me Rappoport, Henri Falk, Salabert et les artistes aimés du public : Mlles Annabella, Josyane, Simone Cerdan, Rolla France ; MM. Muratore, Albert Préjean, Léon Belières, Jean Gabin, Jaque Catelain, Jean Max, Fernandel, tandis que Roland Toutain [3], enfant terrible, faisait mille acrobaties pour la plus grande joie de tous.
Et, selon la tradition, tout se termina par des chansons, puisqu'après que M. Henry Kistemaekers, au nom des auteurs de scénarios, M. Charles Delac, au nom de la Chambre Syndicale de la Cinématograpbie française et M. Jean Chataignier,au nom de la Presse cinématographique, eurent prononcé quelques mots, Albert Préjean et Boucot grimpèrent sur une table et, accompagnés par le jeune compositeur Sylviano, chantèrent un spirituel à-propos, dû à MM. Serge Véber et Henri-Georges Clouzot et que Dorville, puis Lucien Muratore, firent entendre les chansons qui seront demain populaires puisque ce sont celles de leurs prochains films Osso.

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    Notes et sources:

    [1] Soucieux de populariser sa nouvelle Société, Adolphe Osso créa peu après le Journal des films Osso qui approvisionnait la presse professionnelle en articles publicitaires semblables à celui-ci.

    [2] En 1923, agissant comme membre du conseil d’administration de la Société Anonyme Française des Films Paramount, était déjà domicilié au 2, allée de Genêts au Vésinet. (aussi 2 avenue des Courlis). Et dès 1922, la revue Ciné-journal rapportait le déroulement de réceptions organisées par Osso au Vésinet.

    [3] Roland Toutain (1905-1977) acteur célèbre pour ses cascades, a raconté que son père l'avait jeté dans un lac du Vésinet quand il avait à peine deux ans, pour l'endurcir...

 


Société d'Histoire du Vésinet, 2009 - www.histoire-vesinet.org