Le Docteur Raffegeau (1855-1931) Fondateur de l'Etablissement d'Hydrothérapie du Vésinet
Donatien Vincent Marie Raffegeau est né le 30 avril 1855 dans le bourg de St-Germain-sur-Moine, petite commune du Maine et Loire, entre Nantes et Cholet. Fils de Donatien (1815-1881) et de Louise Poilâne (1815-1903) il est issu d'une famille de sabotiers depuis plusieurs générations.
Bon élève, il est envoyé au Petit Séminaire de Beaupréau. Jugé inapte au service militaire par le conseil de révision, il entreprend des études de médecine à la Faculté d'Angers. Se spécialisant en psychiatrie, il devient chef de clinique et soutient sa thèse intitulée "Du Rôle des anomalies congénitales des organes génitaux dans le développement de la folie chez l'homme" le 23 février 1884 [58 pages, Imprimerie A. Davy, 1884].
En 1890, il acquiert au Vésinet une propriété de deux hectares autour d'une grande bâtisse, la Villa des Doges.
Disciple du Professeur Charcot qui conseillait beaucoup l'isolement dans les maladies nerveuses, le docteur Raffegeau conçoit donc le projet de bâtir un certain nombre de pavillons indépendants afin de pouvoir mieux appliquer sa méthode. Six chalets disséminés dans le parc agrandi seront édifiés au cours des dix années suivantes. "Le service en est certes plus difficile et réclame un plus nombreux personnel, écrit-il mais les avantages qu'on en retire sont une large compensation.
En 1900, dans le cadre de l'Exposition Universelle à Paris, à l'occasion d'un "Congrès international de l'Hypnotisme expérimental et thérapeutique", l'Etablissement du Dr Raffegeau fait l'objet d'une visite officielle, par le Préfet de Seine-et-Oise M. Poirson, le député Maurice Berteaux et de nombreuses sommités médicales françaises et étrangères. L'Etablissement est présenté comme "l'une des maisons de santé les plus appréciées de France et d'Europe". On y soignait l'anémie, l'obésité, la morphinomanie, la dipsomanie et particulièrement la neurasthénie, mais on n'y recevait pas d'aliénés. Selon Georges Poisson, des personnalités comme Louis Barthou, Paul Bourget, Édouard Herriot y auraient fait des séjours et Mme Steinheil s'y réfugia au lendemain de son acquittement, en novembre 1909 [1].
Très attiré par les nouvelles techniques de soins, le Dr Raffegeau y développe des services d'Hydrothérapie, d'Electrothérapie et de Photothérapie. Membre élu de la Société Médico-Psychologique, président de la Psychologie appliquée, membre actif et dynamique de l'Association française pour l'Avancement de la Science, il était en grande estime auprès de ses confrères. "Ce qui restera sa gloire, ce qui dans la science médicale française assurera à son nom l'immortalité, c'est la découverte qu'il fit en traitant l'épilepsie par le lumin" déclarait son associé, le Dr Mignon à ses obsèques en 1931.
Enfin, son dévouement et sa disponibilité durant la Grande Guerre au service des soldats blessés lui vaudront la Légion d'honneur.
Après avoir été Conseiller Municipal au Vésinet durant quelques années, c'est dans sa ville natale, à St-Germain-sur-Moine, que le Docteur porte son intérêt [2]. Entré au Conseil municipal après les élections des 3 et 10 mai 1908, il est élu maire le 17 mai avec 10 voix contre une à Jean Pasquier. C'est cependant sur ce dernier, devenu adjoint, que reposera souvent la gestion de la commune puisque, durant ses premiers mandats, le Dr Raffegeau habitant toujours Le Vésinet, ne fera que deux ou trois courtes apparitions par an dans sa Mairie. Cela n'empêchera pas sa réélection à quatre reprises.
En 1914, il offre à la ville, sur ses propres deniers, une statue équestre de Jeanne d'Arc qui deviendra après la guerre le Monument aux Morts de la commune. Le docteur Raffegeau soutient de même toutes les oeuvres sociales: écoles, patronage, secours mutuels, société des anciens combattants; il fonde le Bureau de bienfaisance. Il couronne le tout en faisant un don généreux pour les pauvres et les malades. En effet, en 1930, Monsieur et Madame Raffegeau font un don de 200.000 frs à la commune de St-Germain pour installer une soeur infirmière pour des soins à domicile et le paiement des journées d'hospice aux vieillards indigents. L'hospice dit "Fondation du Docteur et de Madame Raffegeau" ouvrira en 1932 avec l'arrivée de la première religieuse de la Congrégation des Soeurs de St-Gildas aidée par des bénévoles. Cet hospice sera érigé en établissement public communal le 23 juin 1947 puis en Maison de Retraite appelée aujourd'hui ‘'Résidence des Sources''. "Le nom du Docteur, auquel doit être intimement lié celui de Mme Raffegeau, restera pour les habitants de la commune de St-Germain-sur-Moine, le symbole du désintéressement, de la bonté, de la philanthropie" (Paul René Vallier, bulletin municipal, 2006). La rue principale de la ville porte son nom.
Le docteur Raffegeau et sa femme Cécile possédaient un résidence de vacances, "La Vecquerie" à St-Nazaire, sur la route de La Baule. Ils firent don de cette propriété de quelques dizaines d’hectares à la ville de St-Nazaire à condition d’y construire des écoles. Ce qui fut fait.
Le docteur Raffegeau est décédé le 16 mai 1931 à St-Germain-sur-Moine où il est enterré.
Cécile Raffegeau (1864-1943)
[1] De nos jours, l'établissement traite les troubles du comportement alimentaire,
prend en charge les maladies alcooliques et les autres addictions ; il
accueille dans la plus grande discrétion des patients obscurs, mais aussi
des célébrités, françaises ou étrangères, du monde des arts et du spectacle
ou de la politique.
[2] Les informations concernant la vie et les oeuvres du Dr Raffegeau à St-Germain-sur-Moine sont le résultat des recherches de M. Paul René Vallier.
Société d'Histoire du Vésinet,
2008 - www.histoire-vesinet.org