D'après C. Desmonceaux dans Le Sport universel illustré (1925-1927). Les débuts de Charles Rigoulot Charles Rigoulot, « l'homme le plus fort du monde » est un vrai Parisien de Paris, quoiqu'il soit né... au Vésinet, le 3 Novembre 1903. Il est le plus jeune d'une famille de huit enfants, ce qui est aussi une sorte de record pour une famille parisienne. Comme Bonnet [1], Rigoulot a toujours pratiqué le sport, et avant d'être l'homme prodigieux qu'il est devenu, il fut champion des associations scolaires — des « petites A » comme l'on dit en argot sportif, courant le 100 mètres en 11"2/5e ; sautant avec élan 1,70 m en hauteur.
[...] Je ne saurais me ranger à l'avis de ceux qui [...] comparent Rigoulot au surhomme que fut Apollon [4]. Que l'on veuille bien se rappeler que, vers 1890, époque où Apollon était à son apogée, on ne connaissait pas le matériel moderne. Les barres à sphères de plus de 120 kilos étaient bien rares dans les clubs d'haltérophiles. Apollon était, en outre, le roi des paresseux. Il arrachait ou jetait, sans effort apparent, plus lourd que ses concurrents éventuels. Et à cela se bornait son ambition athlétique. Quand on lui disait : « Un tel a réussi 75 kilos à l'arraché », Apollon en faisait aussitôt 80. Quand on égala ces 80, il en fit 85. S'il avait été nécessaire, il en aurait fait 90 avec autant de désinvolture. Il arracha d'ailleurs, un jour, les 180 livres en croyant n'en faire que 160 ! [5] *** Note : [1] L'autre sportif, sujet de l'article de C. Desmonceaux, était l'adjudant chef Bonnet, aviateur au 38e Régiment d'Aviation à Thionville, qui venait de battre le record du monde de vitesse, atteignant l'allure prodigieuse de ... 448,171 km/h. Le Sport illustré - n° 1140 - 2 janvier 1925. [2] A Paris, en 1924, il remporte la médaille d'or d'haltérophilie (catégorie mi-lourds). [3] En trois ans, Rigoulot a jeté successivement 156 kg, lors de son match avec Cadine (1924), puis 160, puis 170, puis 175 et enfin 176,500 (23 décembre 1927). Le Sport universel illustré n°1296, 27 décembre 1927. [4] Apollon, pseudonyme de Louis Uni (1862-1928), artiste de cirque connu par ses numéros de force. [5] Allusion à l'Essieu d'Apollon, une énorme barre de plus de 48 mm de diamètre, munie de deux roues de wagon de chemin de fer et pesant 162,400 kg, dans un numéro de foire que Apollon aurait été le seul à maîtriser. La question fait encore débat. Au cours de sa carrière, Rigoulot fera de multiples démonstrations, portant l'épreuve à 172 kg en 1930 avant de devoir mettre un terme à ses activités d'homme le plus fort du monde après un grave accident en mai 1931.
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