Société d'Histoire du Vésinet, 2022. Armand et Adèle Chardron, bienfaiteurs du Vésinet Joseph Armand Chardron est né au Gué-d'Hossus, un petit village des Ardennes près de Charleville-Mézières, où ses parents tenaient une épicerie. On ignore tout de ses études ou de ses jeunes années passées dans le petit village ardennais de Thin-le-Moutier où naquit sa sœur en 1844 et où son père se livra au négoce du bois avec une certaine prospérité. En 1886, M. Chardron est secrétaire général de plusieurs sociétés. La famille est alors domiciliée à Paris, 3 rue de Montholon (9e), et réside à la belle saison au Vésinet, au 6 de la rue Thiers (actuellement rue Henri-Cloppet). C'est au cours d'un de ces séjours que meurt leur fille unique, Pauline, à 20 ans, le 13 juillet 1886. Armand CHARDON (1838-1905) et Adèle BERTHE épouse CHARDRON (1836-1931). Archives familiales. Dès leur arrivée au Vésinet, Monsieur et Madame Chardron ont manifesté une exceptionnelle générosité. A l'égard de la communauté catholique de la paroisse de Ste-Marguerite, d'abord, par une fondation qui permit l'édification d'une institution qui prendra le nom d'Ecole congréganiste des Sœurs de la Sagesse (Fondation Armand-Chardron). Il semble que cette fondation ait été motivée par l'urgence de reloger la communauté des sœurs de la Sagesse dont l'établissement (un pensionnat payant, des classes gratuites, un asile et une crèche) situé au 68 route de Chatou (actuel boulevard Carnot) était frappé de vétusté. Il sera démoli par la suite. A la mort de M. Chardron, c'est une Association scolaire de Sainte Marguerite du Vésinet fondée pour la circonstance qui sera propriétaire du terrain à l'angle de la rue du Village (n°4) et de l'avenue Horace-Vernet (n°11), soit un ensemble de plus de 4000 m². [2, 3] Pauline Adèle CHARDRON (1866-1886) Ne nous est parvenue que cette mauvaise copie d'une photo de famille. Le 25 décembre 1905, à son domicile parisien de la rue Montholon, Armand Chardron meurt à son tour à seulement soixante-huit ans « des suites d'une courte maladie ». Ses obsèques furent célébrées le vendredi suivant, en l'église St-Vincent-de-Paul (10e). On insista sur « l’aménité de son caractère, sa grande compétence et sa droiture parfaite ». [4] Il laissa encore à la ville du Vésinet un terrain où sera bâti, vingt ans plus tard, le commissariat de police. Madame Chardron qui avait cédé sa propriété du 6 rue Thiers pour une plus modeste au 9 rue Villebois-Mareuil eut encore des occasions de faire profiter de ses largesses les œuvres vésigondines. En 1922, elle fit un don de 15.000 frs pour l'installation d'un dispensaire. « En reconnaissance de cette fondation généreuse le nom de M. Chardron en mémoire de qui elle est faite, sera donné à une rue du Vésinet. La somme permettra de couvrir les frais de premier établissement et de mise en route » peut-on lire dans le registre des délibérations du conseil d'administration du Comité du Vésinet de la Croix Rouge. Cette promesse ne fut tenue qu'en partie puisque le nom d'Armand Chardron ne fut donné qu'à la voie privée qui longe un des côtés de sa fondation, l'ancienne rue du Village. La fête nationale de 1927 fut une nouvelle occasion de rendre hommage à cette famille. L'inauguration de l'immeuble dans lequel devaient s'installer les services de police, d'incendie et de secours permit au maire Camille Saulnier de rappeler que cet immeuble, était construit sur un terrain donné à la Ville vingt ans plus tôt par Monsieur Chardron. En outre, il avait pu être bâti grâce à la générosité coutumière de sa veuve qui avait encore une fois financé les travaux. Le maire, pour terminer cette cérémonie, leva son verre « en l'honneur de Mme Chardron, des habitants du Vésinet et de la République ». Il ne pouvait faire moins. [7] C'est dans sa maison du 9 rue Villebois-Mareuil qu'elle ne quittait plus guère que s'éteignit Adèle Appoline Berthe veuve Chardron, le 13 février 1931. Elle avait 95 ans. Le dernier domicile de Madame Chardron au Vésinet cliché shv, 2008. **** Note et sources [1] La sœur d'Armand, Marie Emilie Nathalie, née en 1844 à Thin-le-Moutier, épousera un tourneur sur bois, Jean-Baptiste Gennesseaux qui poursuivra le négoce du bois. [2] Une Société immobilière des écoles libres se forma, au nombre de 25 membres avec un capital de 110.000 frs en 1884. L'association sera renommée par la suite en Association pour l'encouragement et le développement des oeuvres éducatives et scolaires du Vésinet (archives cadastrales). Cet ensemble scolaire que l'on désignait simplement comme les Ecoles Chrétiennes, Saint- Charles pour les garçons et Jeanne d'Arc pour les filles, existe toujours malgré quelques évolutions. [3] Parcelles du lotissement général : Ilot 16, lots 42 et 43 (4534,57m²). [4] Le Matin, 29 décembre 1905. Il est inhumé dans le caveau familial, au cimetière du Père Lachaise [1ere Division, C. n°82] [5] Le Vésinet, modèle français d'urbanisme paysager (1858-1930), Cahier de l'inventaire n°17, Imprimerie Nationale, Paris, 1989. [6] Le dispensaire était situé avenue des Écoles (actuelle Henri-Dunant) derrière la salle des fêtes qui laissera la place à la Poste en 1962. L'ensemble du quartier fut remanié en 1967-1971 par l'Opération Joffre. [7] Le Cri des cantons de Saint-Germain-en-Laye, Maisons-Laffitte, Marly-le-Roi, 16 juillet 1927.
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