Alain-Marie FOY, Société d'Histoire du Vésinet, 12 octobre 2012.

Croix Rouge Française – Comité du Vésinet (1910-1943)

La Croix Rouge Française fut créée en 1864, c'était à l'origine la Société de Secours aux Blessés Militaires (SSBM), rejointe en 1879 par l'Association des Dames de France et en 1881 par l'Union des Femmes Françaises. Il faudra attendre une loi de 1940 pour qu'elles fusionnent toutes les trois.

Le Comité du Vésinet fut fondé en 1890, sous le nom de Société de Secours aux Blessés Militaires-Croix Rouge Française, il était animé par un conseil d'administration responsable devant l'assemblée générale et parallèlement il y avait un comité (ou conseil) des Dames. Le président-fondateur fut M. Deloison. [1]
La présente chronique a été établie en lisant le registre des délibérations du conseil d'administration et de l'assemblée générale entre le 27 janvier 1910, date du conseil d'administration se tenant dans la salle des mariages de la mairie (alors au 1er étage) sous la présidence de Paul Clavery, et le 22 mai 1943, date de réunion du Comité dans le dispensaire, sur lequel on reviendra, sous la présidence d'Edouard Clavery, fils du précédent et premier maire-adjoint de la commune.
Ce registre a été donné à la Société d'Histoire du Vésinet.
Il sera intéressant de consulter le précédent et au moins le suivant pendant la période de la Seconde guerre mondiale et la Libération.


Médaille de la Croix Rouge décernée par le Comité du Vésinet le 12 juillet 1896.

On a relevé les événements présentant un intérêt local tels qu'ils résultent des comptes rendus des réunions (Conseils d'Administration, Assemblées générales) qui y sont relatés.

CA 27/1/1910

La crue de la Seine provoque des inondations au Pecq mais il n'y a pas de sinistrés au Vésinet.

CA 29/4/1910

« Le fléau n'a pas atteint Le Vésinet », en revanche notre Comité a apporté son aide à des sinistrés du Pecq (meubles, literie, vêtements).

AG 10/7/1910

On apprend que l'école Sainte-Croix avait accueilli l'hôpital auxiliaire (c'est la vocation majeure de la CRF et le sujet essentiel des préoccupations du comité local) et, après la fermeture de l'école, il fut hébergé par l'école Montalembert (emplacement de l'actuel Bon Sauveur). Celle-ci ayant disparu vers 1909, la question est de savoir ce que deviendront les 50 lits de l'hôpital auxiliaire.
Evocation du rôle du Comité pendant les inondations.

CA 20/7/1910

Gaston de Casteran, ancien maire (1904-1908), devient vice-président. Démarches auprès de la Caisse des Écoles de la mairie du XVIe arrondissement de Paris, devenue propriétaire des anciens locaux du collège Ste Croix devenu « école de plein air » pour en obtenir la mise à disposition afin d'y installer l'hôpital auxiliaire.
A l'occasion du 14 juillet, la mairie a organisé comme d'habitude la « revue des sociétés de la commune ».

CA 21/11/1910

Nouvelles démarches.

CA 31/1/1911

Accord de la mairie du XVIe pour mettre un bâtiment à la disposition, mais, sauf en temps de guerre, il ne devra pas y avoir de dépôt de matériel. Le besoin est estimé de passer de 50 à 100 lits mais on se demande si ce sera supportable financièrement par le Comité.

CA 12/7/1911

Accord du Ministère de la guerre pour installer en cas de guerre l'hôpital auxiliaire n°30 au 46 bd Carnot qui était jusqu'alors au 2 rue Thiers (Henri-Cloppet actuellement).

AG 23/7/1911

Evocation de la mort de Deloison, fondateur du Comité local.

CA 24/10/1911

La salle des fêtes sera inaugurée le 12/11/1911 avec une soirée de gala au bénéfice des victimes du cuirassé Liberté.[2]

AG 27/10 /1912

Rapport expliquant le passage de l'hôpital auxiliaire à 100 lits. Cela devient financièrement envisageable. Le rapporteur indique: « nous pouvons dans un pays riche comme Le Vésinet et avec l'établissement que nous possédons pour notre hôpital auxiliaire, prétendre à mieux que même un hôpital de 100 lits 2è série ».
La fête patronale du Vésinet a eu lieu dans la 2è quinzaine de juillet (on ne dit pas où). Composition du personnel de l'hôpital auxiliaire: infirmières, brancardiers, 2 comptables, 3 médecins et 3 pharmaciens locaux, un chef de pansement.

CA 17/2/1913

L'objectif est de faire passer l'hôpital auxiliaire en 1ère série, d'où acquisition de matériel, obtention d'une salle supplémentaire pour entreposer matériel et fournitures.

CA 25/7/1913

L'hôpital est classé en 1ère série.

CA 15/10/1913

Lors de la fête nationale suisse, la colonie suisse de Paris a organisé le 3 août une réunion sportive à l'île des Ibis.

AG 26/11/1913

L'hôpital auxiliaire pourrait passer de 50 à 60, 75 ou même 100 lits.

CA 4/8/1914

L'ordre de mobilisation générale et la déclaration de guerre imposent la formation immédiate de l'hôpital auxiliaire. On décide un appel à la charité et au patriotisme des habitants car l'hôpital auxiliaire entraîne de lourdes dépenses.

CA 6 /9/1914

On en reste à 50 lits de blessés et malades.

CA 30/5/1915

Accord du CA pour passer de 100 à 120 lits (pas trace de la décision de passer de 50 à 100).

CA 30/5/15

Obsèques ce jour de Paul Clavery. Nouveau président : Mimerel [3], à titre provisoire.

CA 17/10/1915

le vice-amiral Péphau [4] est élu président mais il décède six semaines plus tard.

CA 19/12/1915

Mimerel élu président (mais seulement faisant fonction de, à sa demande).

Deux réunions seulement du CA entre décembre 1915 et novembre 1917

CA 4/11/1917

Débat sur la fermeture de l'hôpital auxiliaire, prévu pour 150 lits, il n'y a que 14 hospitalisés (en raison du développement des hôpitaux à proximité des zones de combats, donc moins de transports de blessés-malades vers l'intérieur).
1915-1916 : une soixantaine de patients en moyenne journalière ; en 1917 sur 10 mois : 40,6 lits soit le « quart des lits montés et utilisés ». Décision du CA : demande de la fermeture d'urgence.

CA 12/5/1918

« Le comité ne veut pas mourir, la solidarité est nécessaire après la guerre. On envisagera l'œuvre d'un dispensaire dans toutes nos mesures possibles et de la lutte contre la tuberculose ».
La fermeture de l'hôpital auxiliaire est prévue pour le 15 mai au soir. (Désormais le dispensaire va devenir le grand projet du Comité).

Quatre réunions seulement entre novembre 1917 et novembre 1919, six seulement entre décembre 1915 et novembre 1917.

CA 16/11/1919

Il se tient au 12 rue du Départ (Joffre actuellement), la salle est louée pour le 4è trimestre, (apparemment c'est une salle à vocation associative).

CA 14/11/1920

(Un an après le précédent !) : nécessité de rebâtir le Comité : « il faut affirmer que le Comité a encore une mission à remplir. Rien ne donne l'assurance que le fléau de la guerre ne reparaîtra pas. En tout cas, l'humanité souffrira toujours de calamités dont il faudra atténuer les déplorables conséquences ».

AG 24/6/1921

Voir le rapport, imprimé et collé dans le registre, de Mimerel sur « l'œuvre de guerre du comité », très intéressant. (Imprimerie Ch. Brande, 23 rue du Mal Foch).

CA 24/7/1921

Premières discussions sur la localisation possible du futur dispensaire : salle des sociétés rue A. Dumas ? une partie du bâtiment de la crèche ? local du lavoir mais la ville envisage d'y installer des bains-douches ?

CA 11/12/1921

Mimerel élu président, mais il ne se considère que comme intérimaire car il n'habite pas Le Vésinet et n'est plus tout jeune.
Vice-président : G. de Casteran.

CA 26/3/1922

La mairie accepte d'affecter un local au futur dispensaire, rue A. Dumas.

CA 29/10/1922

Un don qualifié de « véritable gros lot » de 15 000 frs est fait pour le dispensaire par Mme Chardron qui habite 9 rue Villebois-Mareuil. « En reconnaissance de cette fondation généreuse le nom de M. Chardron en mémoire de qui elle est faite, sera donné à une rue du Vésinet » (l'allée du Village sera ainsi débaptisée). La somme permettra de couvrir les frais de premier établissement et de mise en route.

CA 14/10/1923

Un an après le précédent; il se tient au 12 rue Latérale (Général-Clavery actuelle), apparemment local pour réunions : le dispensaire n'est pas encore aménagé. Problème : il devrait cohabiter (l'expression n'est pas de l'époque !) avec la Société des Jardiniers qui y tient des réunions (propreté, hygiène ...)

CA 11/5/1924

La mairie est d'accord pour la construction d'un dispensaire à côté de la crèche et des bains-douches.

CA 20/7/1924

Le trésorier, M. Dubraine venant de mourir rapidement, Alexandre Joly, 108 bd des États-Unis lui succède. La construction du dispensaire est en cours, il s'appellera « Dispensaire Armand Chardron ». Deuxième don de 15 000 frs de Mme Chardron ce qui permet d'agrandir le projet.

AG 19/10/1924

Elle se tient dans le « vestibule » de la salle des fêtes.

CA 29/3/1925

Décès du « grand chanteur Melchissédec » qui habitait au Vésinet [5]. Mme Chardron ne veut pas que le nom de Chardron apparaisse sur le fronton du dispensaire.

CA 28/6/1925

Réunion, pour la 1ère fois dans le dispensaire. Seuls y seront admis « les indigents qui bénéficient de l'assistance gratuite ou les mutilés et réformés de guerre ». On apposera une plaque en simili-marbre « don de Madame Chardron - 1925 ». Don de Mme Jeanne Lanvin, 41 avenue des pages : 50 frs.

CA 11/10/1925

Ouverture du dispensaire prévue le 28 octobre. Il fonctionnera de 14 h à 15 h tous les mercredis. Autres personnes admissibles: les victimes d'accidents sur la voie publique, tous les jours mais que pendant la journée. (Le dispensaire est situé avenue des Écoles, H. Dunant actuelle, derrière la salle des fêtes).

AG 18/10/1925

Dans son rapport G. de Casteran se loue de constater que dans un même périmètre se trouvent crèche, consultation des nourrissons, bains-douches, lavoir, gendarmerie, commissariat, bureau de poste. Cela forme une « cité sociale » .

CA 25/11/1925

Absence de malades au dispensaire ! Il faut mieux faire connaître ce dernier. Les médecins se refusent à recevoir d'autres personnes que les indigents etc. pour ne pas faire de concurrence aux médecins de la ville.

CA 17/10/1926

On apprend que G de Casteran est président de la Société la Prévoyance.

CA 28/11/1926

Le dispensaire vient de rouvrir (le 10).

AG 16/10/1927

Le dispensaire sera désormais ouvert aux personnes dont les moyens d'existence sont diminués par l'âge ou l'état de santé, plus les chefs de familles nombreuses, les veuves et les personnes ayant la charge d'orphelins recueillis.

CA 13/11/1927

G. de Casteran devient président du Comité.
Le fonctionnement du dispensaire est l'objet essentiel des décisions et réflexions du Comité (fréquentation, recettes-dépenses, formation des infirmières). Il est utilisé lors des campagnes de vaccinations des enfants des écoles.

CA 23/10/1932

Annonce du décès de G. de Casteran le 29-9-1932. Edouard Clavery lui succède à la présidence.

AG 27/11/1932

Éloge funèbre de G. de Casteran. Ed. Clavery (diplomate de métier) fait un exposé sur la situation politique internationale et sur les relations avec l'Allemagne.

AG 26/11/1933

Publication de la liste des membres, dont M et Mme Brühl qui habitent villa La Marguerite, Debeauve-Duplan (architecte de Ste Pauline ou un membre de sa famille) 20 av. du Belloy. Henri Cloppet, le maire, signale que si la population du Vésinet s'est accrue, c'est surtout du fait des étrangers.

AG 25 /11/1934

Éloge funèbre de H. Cloppet, mort le 27 janvier d'une attaque qui l'a terrassé d'un seul coup.

CA 3/9/1939

On apprend que deux hôpitaux seront créés, au Bon Sauveur et à l'Asile National.

Le CA tient deux séances de routine en 1940, trois en 1941, trois en 1942.
Le 14 février 1943, on nomme membre du CA le maire G. Dessoudeix, c'est la 1ère fois qu'il est cité (il a été nommé maire par le gouvernement de Vichy en mai 1941). Il assistera aux séances des 4 avril et 22 mai 1943, la dernière du registre.
A la lecture des PV succincts des réunions depuis septembre 1939, on n'a vraiment pas l'impression qu'on est en pleine guerre mondiale…

Carte postale du Vésinet avec le tampon de l'Hôpital auxiliaire n°30


    Notes:

    [1] Le comité central de la société Française de secours aux blessés a, par décision en date du 2 avril 1890, reconnu affilié à cette société le comité du Vésinet. La première séance a eu lieu le 23 mai 1890 sous la présidence de Monsieur Deloison.

    [2] Le Liberté, un cuirassé de la marine française, explose accidentellement dans le port de Toulon, le 25 septembre 1911. Un feu localisé près des munitions se propage rapidement malgré les efforts des marins pour inonder la soute à munitions. Le navire explose emportant 200 hommes d'équipage et une centaine de marins des navires les plus proches.

    [3] Antoine Mimerel, avocat au Conseil d'Etat et à la Cour de Cassation, Président de l'Ordre des avocats, est aussi membre fondateur du Syndicat des propriétaires du Vésinet ; élu conseiller municipal en 1892, 1896 et 1900. Il avait sa maison de villégiature au 48, rte de Montesson. Deux fils Mimerel, Jacques et Jean, furent tués dans les premiers jours du conflit en août-septembre 1914.

    [4] Jacques-Théophile Péphau avait fait une brillante carrière de marin. Capitaine de vaisseau en 1889, contre-amiral dix ans plus tard et vice-amiral le 19 octobre 1903, il avait participé à la campagne du Mexique en 1867 et la campagne de la Baltique en 1870. Il avait aussi représenté la France à la Conférence de La Haye (1899). Commandant l'escadre du Nord, il avait terminé sa carrière comme préfet maritime de Brest. L'annonce fracassante de sa démission (1907) à la suite d'un désaccord avec son ministre, avait fait grand bruit. A sa retraite, l'amiral Péphau fut nommé membre du conseil supérieur de la Légion d'honneur. Il est inhumé dans le caveau familial, au cimetière communal du Vésinet.

    [5] Léon Melchissédec (1843-1925) fut un artiste lyrique à la carrière extrêmement longue et variée, prolongée par le "cylindre Pathé". Catovien, membre de la municipalité de Maurice Berteaux de 1896 à 1900, il habita 3, avenue des Coteaux (à l’angle de l’avenue Gambetta et de la rue des Coteaux) dans une villa détruite dans les années 1960. Plusieurs de ses enfants ont habité le Vésinet (André et Anna Melchissédec; Camille Duval-Melchissédec).


Société d'Histoire du Vésinet, 2012 - www.histoire-vesinet.org