Le Petit Journal, n°4729, 7 décembre 1875. L'Orphelinat du Vésinet Hier dimanche, par un temps horrible, qui rappelait l'hiver de 1870, l'une des causes de nos désastres et de la perte de l'Alsace-Lorraine, a été inauguré solennellement au Vésinet l'Orphelinat créé pour les Alsaciens Lorrains sous les auspices de la Société de protection, 9, rue de Provence.
L'orphelinat est situé à gauche du chemin fer, du côté de la Seine, à quelques pas de la gare, tout près de l'asile de convalescents. Un chalet et une maison d'habitation composent les bâtiments, lesquels s'élèvent milieu d'un parc de 8 000 mètres, en partie planté d'arbres, en partie cultivé en jardins. Les aménagements ont été dirigés par M. Rumpler, vice-président de la Société, qui s'est consacré tout entier à cette œuvre. Rendons aussi un juste hommage à M. Petit, architecte, qui a mis gratuitement son talent et ses soins au service de la Société ; aux entrepreneurs qui ont voulu strictement rentrer dans leurs déboursés. Grâce à cette émulation dans le dévouement, la Société a pu ouvrir l'Orphelinat de Naurois, c'est sans doute le titre qu'il portera en témoignage de reconnaissance pour le donateur, ayant dépensé seulement 12 000 francs [1]. M. le duc d'Aumale Mme la princesse de Chalais Mme la comtesse de Grefulhe Les bourses non encore utilisées ont été fondées par : Mme Erard Mme la comtesse de Chambrun Mme de Valbezen Mme la marquise de Raigecourt Mme de Vatry plus six bourses provenant d'un legs, qu'il m'est impossible aujourd'hui de désigner plus clairement. La direction de l'orphelinat et l'instruction des enfants sont confiées à des religieuses, les sœurs de l'ordre de Saint-Charles de Nancy. La petite communauté de l'orphelinat a son siège dans le chalet qui composait autrefois la maison d'habitation de M. de Naurois [2]. Ce chalet contient, en outre, les dépendances de l'orphelinat parloir, infirmerie. L'orphelinat proprement dit est une grande maison fort simple, mais très bien disposée. Au rez-de-chaussée, la cuisine, le réfectoire leurs dépendances. Au premier étage, la chapelle-oratoire, la lingerie, les salles d'étude, l'ouvroir (salle de travail). Au deuxième étage les dortoirs. Le tout vaste, aéré, confortable sans luxe ; en est-il besoin dans un site charmant que, le printemps venu, égayera le beau soleil ? Hier, le site était désolé ; la neige étendait son blanc manteau ; le froid était vif. Malgré tout, l'orphelinat a été inauguré sinon avec pompe du moins en présence des représentants du gouvernement, de l'Assemblée nationale et de l'armée, ces trois éléments essentiels de la France, de la mère-patrie. M. le comte d'Haussonville, président de la Société de protection, assisté de M. Rumpler, vice-président, faisait les honneurs. L'un et l'autre s'effaçaient devant M. de Naurois, à qui ils avaient imposé le premier rang, bien qu'il voulût modestement rester à l'écart. Je m'arrête, car il faudrait exprimer les émotions qu'éprouvaient les assistants. Il faudrait dire les paroles échangées à voix basse. *** Notes et sources: [1] Ce chiffre sera atteint et même dépassé 25 ans plus tard et la construction d'une annexe confiée à l'architecte C. Mewès sera bâtie derrière le bâtiment principal, qui sera lui même agrandi en 1942.... [2] Naurois déclina l'offre. Il ne pouvait rendre public le rôle de la comtesse de Chabrillan, ex-Mogador, dans le genèse de l'Orphelinat mais il ne pouvait pas non plus en assumer la paternité de son vivant. Il laissera à Célèste une rente de 2000 frs à sa mort. [2] C'est le Chalet Lionel, la maison de style "australien" construite par Céleste de Chabrillan, ainsi nommée en souvenir de son défunt mari. Le comte de Naurois, ne l'a jamais habité. Il existe toujours.
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