D'après l'Union des républicains de Seine-et-Oise (édition d'Argenteuil), 8 septembre 1891 (illustrations SHV). Inauguration du kiosque Hériot au Vésinet (1891) La fête organisée dimanche dernier par « La Concorde », à l'occasion de l'inauguration du kiosque offert par M. le commandant Hériot à cette société [1, 2] a été réussie au point de rendre jaloux les organisateurs de la kermesse, si ce n'étaient un peu les mêmes qui ont contribué au succès des deux journées. Le Vésinet semble être favorisé pour ses fêtes. Après le magnifique succès de la kermesse du 5 juillet dernier, qui a donné un bénéfice net de 5,000 francs, la fête d'inauguration du kiosque Hériot laissera des souvenirs ineffaçables dans la mémoire de ceux qui y ont assisté. Le kiosque Hériot sur une affiche [détail] « Le Vésinet, villégiature parisienne » Affiche d'Albert Robida et Eugène Bourgeois, musée de l'Ile de France (1897)
A onze heures du matin, la fanfare « La Concorde » attendait, sur un des quais de la gare du Vésinet, la fanfare d'Epernon. A l'arrivée du train en gare, elle jouait un pas redoublé en l'honneur de cette société, puis les musiciens des deux fanfares se confondaient en un seul groupe ; ce furent des poignées de main cordiales, échangées entre les jeunes gens qui se reconnaissaient, bien qu'ils ne se fussent vus qu'une seule fois, à l'anniversaire de la Boissière, ou M. le commandant Hériot les avait déjà réunis au mois de novembre dernier. Le kiosque à musique du Vésinet (~1900) On peut évaluer à 1000 ou 1200, le nombre des personnes venues pour assister à cette inauguration, ce chiffre éloquent témoigne de la sympathie que la population du Vésinet porte à la musique et prouve qu'une bonne société musicale qui donnerait souvent des concerts serait très suivie. (Avis aux jeunes gens de bonne volonté). Ils ont en la personne de M. Alphonse Ganne, un chef intelligent et énergique.[4] Au dessert, M. Ledru, vice-président d'honneur de « la Concorde » a porté un toast à M. le commandant Hériot, regrettant que son absence du Vésinet l'ait empêché d'assister à cette fête d'inauguration. M. Ledru l'a remercié, au nom de tous, des bienfaits qu'il a prodigués aux deux fanfares. A ces paroles, un tonnerre d applaudissements est parti avec un enthousiasme et un ensemble qui n'ont rien de surprenant, en raison de la popularité que M. Hériot a su se créer au Vésinet aussi bien qu'à Epernon. Puis M. Ledru a porté également un toast à M. Maillet, maire d'Epernon et président de « la Sparnonienne » qui s'est fait excuser de n'avoir pu accompagner sa société, puis à M. Chonet, l'habile directeur de « la Sparnonienne », à M. Cappe, vice-président de « la Concorde » pour le dévouement infatigable qu'il met à son service, enfin, aux membres exécutants des deux fanfares qu'il prenait plaisir à voir fraterniser avec tant d'enthousiasme et qui ont le plus contribué au succès de la journée par leur entrain et leur bonne tenue. Dessin représentant le kiosque à musique utilisé sur les affiches annonçant les concerts et les programmes distribués aux spectateurs. Pour terminer la série des toasts un membre exécutant de « la Concorde » a porté la santé de M. de Migl, l'artiste grâce au talent duquel une reproduction du kiosque a pu être faite en tête des programmes du concert et grâce auquel il a été ainsi permis d'emporter un souvenir de cette fête. Les heures agréables passent toujours trop vite et pendant que l'on fraternisait, le moment de la séparation approchait. A 9 heures, la « Sparnonienne » quittait le Vésinet et le train partant, on se souhaitait de part et d'autre le plaisir d'une nouvelle entrevue. **** Notes et sources : [1] Le kiosque, installé à l'origine pour la cantatrice Rosine Stoltz dans sa propriété du Vésinet vers 1860, fut acquis par Auguste Hériot en 1874. Le Commandant Hériot, frère et héritier du précédent, en devint propriétaire en 1879 et en fit don à la fanfare qu'il avait créée au Vésinet (1890). Par la suite, le maire Alphonse Ledru en disposa comme un d'bien communal, ce qui fut durant plusieurs années un sujet de discorde. [2] Tout en inaugurant le kiosque, on fêtait aussi la nomination de M. Hériot comme président d'honneur de la fanfare la « Concorde ». Les membres exécutants de cette Société sortaient pour la première fois avec leur uniforme : vareuse en drap noir avec boutons jaunes et une lyre de chaque côté du col ; casquette et cravate blanche que les musiciens avaient déjà. [3] Ce Kiosque à musique, édifié à l'entrée de la grande pelouse longeant l'allée d'Isly, face à la Gare du Vésinet, sera appelé communément le Kiosque Hériot. Accessible par un escalier de huit marches, de forme octogonale, ses colonnes sont en fonte. Sa toiture en zinc est bordée d'un lambrequin de bois découpé et son garde corps est orné de volutes en fer forgé ; il est entouré d'une plate bande de buissons. [4] Alphonse Joseph Ganne (1859-1932) employé de banque et musicien, était le frère de Louis Ganne, ancien chef d'orchestre du Nouveau Théâtre à Paris, et célèbre compositeur des Saltimbanques et de la Marche Lorraine. Avant 1890, Louis et Alphonse Ganne avaient fondé la société France-Fanfare dans le faubourg du Temple. Alphonse Ganne quittera Le Vésinet en 1894 pour fonder à Paris, l'Union Musicale de Montmartre (qui viendra occasionnellement jouer au Vésinet). [5] Les fanfares se succèderont au Vésinet, mais aucune ne perdurera longtemps. Après la Concorde, dissoute en 1899, ce sera la Fraternelle, fondée en 1891 et dirigée par A. Louis. Elle disparaît également peu après sa formation. En 1901, faute de musique, la municipalité est contrainte d'engager des phalanges extérieures à la commune pour assurer quelque peu les fêtes données sur le Kiosque Hériot. Ainsi, sont engagées tour à tour l'Union musicale du VIIIe arrondissement, la fanfare de Poissy puis la Fanfare Parisienne. En 1907 est constitué l'Accord Parfait, qui durera jusqu'en 1963. [6] Inutilisé à partir de 1914, laissé à l'abandon le kiosque Hériot fit, en 1932, l'objet d'un projet de restauration qui n'eut pas de suite. la superstructure fut démontée en 1934 et le socle maçonné démoli à la fin des années 1960. [7] En 1999, une association « Pour un Kiosque au Vésinet » lança une campagne pour réinstaller un kiosque à musique au Vésinet « dans le cadre des festivités de l'An 2000 » qui n'aboutit pas.
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