Extrait du Grand dictionnaire Larousse du XIXe Siècle, Tome 2 (1876) et supplément 2 (1882), Paris.

Louis-Auguste Boileau (1812-1896)
Architecte de l'église Sainte Marguerite du Vésinet

Né à Paris en 1812, il commença par être menuisier en bâtiments. En il fut chargé d'exécuter pour l'église Saint-Antoine de Compiègne une chaire à prêcher en style ogival. Le succès qu'obtint cet ouvrage le détermina à s'adonner exclusivement à la menuiserie d'art. Il fonda à cet effet un atelier d'où sont sortis quelques-uns des plus habiles sculpteurs sur bois de l'époque, et dans lequel furent exécutées plusieurs oeuvres remarquables, parmi lesquelles le buffet d'orgues du choeur de Saint-Germain-l'Auxerrois et le jubé de Saint-Pierre d'Aire-sur-la-Lys.
Boileau consigna le résultat de ses études et de son expérience en ce genre de travaux dans un Mémoire sur les diverses améliorations apportées dans l'emploi des bois pour la menuiserie (Société d'émulation des Vosges, 1846), et le Traité complet de l'évaluation de la menuiserie ou Méthode générale pour mesurer, détailler et mettre à prix les ouvrages de menuiserie en bâtiment et ceux de menuiserie d'art (avec atlas), par Boileau et Bellot (1847).
Après s'être ainsi familiarisé avec les détails de la pratique et avoir contribué à remettre à l'honneur une branche importante de l'art industriel, Louis-Auguste Boileau voulut être architecte, et n'aspira à rien moins qu'à découvrir un nouveau système d'architecture, approprié aux goûts et aux besoins de l'époque. Sous la direction de Louis Piel, il apprit les principes de l'art monumental et il débuta par les travaux de restauration et de décoration de l'église de Saint-Pierre d'Aire-sur-la-Lys.
En 1843, il alla s'établir dans les Vosges, devint architecte de l'arrondissement de Mirecourt où il construisit, à Mattaincourt, une église ogivale d'une élégante simplicité. Il publia quelque temps après un essai intitulé: De l'art religieux et monumental, à propos de la restauration et de la construction d'églises gothiques dans les Vosges (Nancy, 1847).

Basilique de Mattincourt
Basilique de Mattincourt, construite (de 1846 à 1853)
d'après les plans de Louis-Auguste BOILEAU,"jeune architecte de Paris installé à Mirecourt".
L'église, est de style "néo-gothique", en vogue au XIXème siècle.
BOILEAU utilise pour la première fois la fonte pour la fabrication des bancs .

Après de nombreux voyages pour comparer entre eux les édifices de plusieurs contrées, Boileau revint se fixer à Paris et s'appliqua à composer une nouvelle forme architecturale. Persuadé que le système ogival est le dernier terme connu de la progression de l'art de bâtir, en ce qu'il permet de produire les plus grands édifices avec le moins de matière, il imagina de développer le principe de l'ossature sur lequel ce système repose: exclure de la construction toute disposition mensongère, telle que la superposition des combles aux voûtes, des frontons aux arcs; supprimer les arcs-boutants si disgracieux et si peu durables, et les gros piliers si funestes à l'effet de la perspective; arriver, en un mot, à réaliser l'immensité et l'élancement, double but des architectes de la période ogivale, en économisant les matériaux faisant double emploi dans l'exécution.
Il y parvint en appliquant la fonte et le fer à la construction des arcs des voûtes et des piliers. Ce nouveau système architectural a, entre autres avantages matériels, ceux de présenter une grande économie dans la construction, d'offrir une lumière abondante dans toutes les parties où les édifices sont ordinairement obscurs et de permettre aux spectateurs d'embrasser d'un seul coup d'œil tout l'ensemble du monument. Ce nouveau système fut très diversement jugé lors de son apparition. Vivement critiqué par les uns, au nombre desquels Viollet-le-Duc et Didron se signalèrent par leur véhémence, il reçut les encouragements de plusieurs architectes et archéologues de réputation, notamment de Léonce Reynaud, Albert Lenoir, Mérimée, Henri Labrouste, Vitet, Michel Chevalier, etc.
Bientôt il fut donné à Boileau de réaliser ses idées dans la construction d'un édifice important. Il fût chargé, en 1854, de bâtir l'église Saint-Eugène, à Paris, et, par l'emploi de son système, il put exécuter ce travail dans l'espace de vingt mois et pour une somme relativement très modique (530 000 frs). Ce premier essai fut généralement apprécié d'une manière favorable.

Eglise St Eugène, Paris
Eglise Saint-Eugène, 6 rue Ste-Cécile et rue du Conservatoire,
Construite en 1855, exemple du style éclectique typique du 19è siècle, empruntant aux diverses traditions architecturales sans en inventer de nouvelles.
Les structures sont en fonte, mais la forme est néo-gothique et les décorations intérieures sont "polychromes".

Louis-Auguste Boileau a construit ensuite plusieurs églises, parmi lesquelles Sainte-Marguerite au Vésinet et Saint-Paul à Montluçon (1865-1866); des perfectionnements considérables ont été réalisés dans ces deux édifices qui, dans leurs formes générales aussi bien que dans les détails de leur décoration, sont d'une remarquable élégance de dessin. Boileau a publié un exposé de son système, sous le titre: Nouvelle forme architecturale composée par M. Boileau, Paris (1853), puis l'Architecture monumentale économique, système d'ossatures en métal pour la construction des édifices voûtés (1880). L'idée fondamentale de son système, c'est qu'il ne faut plus chercher à imiter dans les édifices en fer les formes données par le bois et la pierre, et qu'il faut en arriver à constituer un système logique d'architecture ferronnière. Une nouvelle occasion d'appliquer ses théories, en 1868, fut la construction de l'église Notre-Dame-de-France à Londres, et plus tard, en 1873-1874, les chapelles de l'hospice civil de Clermont (Oise) et du séminaire d'Ajaccio. On lui doit encore la publication de deux ouvrages importants: Histoire critique de l'invention en architecture, et Classification méthodique des œuvres de l'art monumental au point de vue du progrès et de son application à la composition de nouveaux types architectoniques dérivant de l'usage du fer (1886). A l'Exposition universelle de 1878, il exposa un modèle du système des fermes éclairantes qui lui valut une médaille dans la classe du génie civil. Ce succès encouragea l'architecte à développer sa pensée dans un second ouvrage plus pratique: Principes et exemples d'architecture ferronnière. Les grandes constructions édilitaires en fer; la Halle-basilique (1881).

A lire:

  • La "cathédrale synthétique " de Louis-Auguste Boileau par B. Foucart, Revue de l'Art (1969) N°3 p. 49 - 66.
  • Une dynastie d'architectes les Boileau - de Girard Patricia (1993) Oeuvres, travaux et projets de Louis-Auguste Boileau (1812-1896), Louis-Charles Boileau (1837-1914) & Louis-Hippolyte Boileau (1878-1948), 827 pages.
  • La Querelle du fer - de Bernard Marrey (éd.) (2002) Editions du Linteau, Eugène Viollet-le-Duc contre Louis Auguste Boileau, 120 pages.

 

Société d'Histoire du Vésinet, 2004-2005 - http://www.histoire-vesinet.org