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La présence américaine à l'hôpital du Vésinet (1944-1945)

    Le Vésinet va avoir un hôpital moderne

    Récemment, au cours d'une discrète cérémonie officielle, l'hôpital du Vésinet, occupé pendant environ un an par les Américains, était rendu à la municipalité. Mais leur départ laisse un hôpital complètement transformé. Les services ont été entièrement organisés à la manière d'outre-Atlantique. C'est ainsi que, maintenant, l'hôpital possède deux ascenseurs permettant de transporter les malades et les blessés aux étages supérieurs et inférieurs. De 300 lits qu'il comptait avant la libération, c'est à 21.000 lits que l'on est passé maintenant. La salle de pansements, considérablement agrandie, comprend à présent quatre places pour les opérations. Enfin, une clinique dentaire a été créée à l'intérieur de l'établissement. Signalons également que les Américains ont laissé à l'hôpital de grandes quantités de produits pharmaceutiques. D’autre part, sur les pourtours des immeubles, les Américains ont aménagé des jardins à la française, des parterres de fleurs et des terrains de jeux.

    La ville du Vésinet se trouve donc ainsi dotée d'un hôpital ultra-moderne. [1]

Ainsi, dans la grande presse de Paris et de la province, pouvait-on découvrir la situation fort enviable de notre Asile National des Convalescentes du Vésinet après le départ des troupes américaines qui en avaient fait un hôpital pour les troupes alliées (1er septembre 1944 – 1er septembre 1945) grâce à un hôpital de campagne entièrement importé des Etats-Unis, via l'Angleterre : Le 40th US General Hospital.
Une situation analogue concernait une cinquantaine d'établissements similaires qui, dans toute la France, seraient remis, dans les mêmes conditions, laissant envisager ainsi le rééquipement hospitalier de la France.
Au Vésinet, c’est un hôpital tout neuf, pourvu d’un équipement jugé introuvable, estimé à 20 millions de dollars que laissaient les Américains : des frigidaires (sic), une clinique denture (sic), des ensembles radiographiques, des quantités considérables de coton, de bandes de sparadrap, des flacons de Pénicilline (antibiotique si précieux !) de l’Insuline, etc.
... et chose rare, des draps pour 2.000 lits ! On songe avec tristesse qu’une maternité de Marseille dispose de 83 draps pour 130 lits ! rappelait-on pour offrir au lecteur des points de comparaison. [2]

40th US General Hospital

Archives de l'hôpital du Vésinet

 

Colonel H.W.K. Zellhoefer, commanding officer

Archives de l'Hôpital du Vésinet

    Howard W. K. Zellhoefer (1906-1997)

    Né le 23 juillet 1906 à Turner au Dakota du Sud (USA) Howard William Karl Zellhoefer était un chirurgien militaire de carrière dans l'armée américaine. Membre actif du corps des officiers de réserve de l'US Army, il fit ses études médicales à la Harvard Medical School avec une bourse à la Mayo Clinic. Arrivé à Hawaï quelques semaines après Pearl Harbor en 1941, il est nommé responsable d'un grand hôpital général avant de prendre le commandement du 280th Station Hospital, un hôpital sous tente, expérimental, qui sera déployé en Angleterre en décembre 1943. Il traverse la Manche quelques mois après le Jour J et commande ensuite le 40e hôpital général de Paris (au Vésinet) jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale. En 1948, il reprend du service militaire, rejoignant l'US Air Force récemment formée en tant qu'instructeur à l'École de médecine aéronautique. Il devient alors le chirurgien-commandant de la 20th Air Force au Japon juste avant la guerre de Corée. Il prend finalement sa retraite en tant que colonel de l'US Air Force en 1952.

    Mort le 19 avril 1997 à Fresno, Californie à l'âge de 90 ans, il est inhumé à Santa Nella, Merced en Californie.

La ville du Vésinet se trouve donc ainsi dotée d'un hôpital ultra-moderne pouvait-on lire en conclusion de la dépêche. Sauf que l'asile national de convalescence du Vésinet n'était pas du ressort de la Ville ! c'était un établissement national et la ville n'était en rien concernée par les choix que feraient les pouvoirs publics dans l'usage et la répartition des équipements si précieux qu'on y avait concentré.
A la veille du conflit mondial, l'Asile national ne comportait à peu près aucun équipement de soin, une infirmerie mise à part. Au lendemain du conflit, une fois les choses « rentrées dans l'ordre » ... il n'en aurait pas davantage.

Prise d'arme au 40e hôpital general US.

Défilé du contingent américain. Le chef de corps, le colonel Zellhoefer, salue au drapeau.

Archives de l'Hôpital du Vésinet

 

L'Asile du Vésinet où les Américains étaient soignés jusqu'à ce jour, avant d'être rendu à la France

Cliché paru à la Une de Liberté Soir du 13 septembre 1945 (Collection particulière).

Pendant la première guerre mondiale l'Hôpital Temporaire n°64 avait cohabité avec l'Asile national. La plus grande partie des locaux affectés à ce dernier avaient consisté en une quinzaine de baraquements en bois édifiés au voisinage des bâtiments historiques. Les différentes réquisitions militaires, françaises, allemandes et américaines entre 1939 et 1945 ont cohabité avec l'Asile dont des pensionnaires continuèrent tant bien que mal à profiter des bienfaits, les administrations en charge de ces établissements prenant des dispositions, des arrêtés, des conventions pour répartir les charges et les ressources, incluant des locaux parisiens de la rue Manin rattachés à l'Asile national du Vésinet). On connaît plusieurs de ces documents sans qu'il soit toujours commode de les traduire dans la vie quotidienne des pensionnaires.
En outre, un détachement du 40e hôpital général occupait des locaux de l'ancienne clinique St Rémy, au 46 boulevard Carnot.
Au fil des numéros du Journal Officiel, on peut constater que les régimes successifs de l'Etat veillèrent à maintenir à jour les effectifs administratifs et, de façon plus anecdotique, dans les pages spectacles de la presse parisienne, on relève ça et là mention des séances organisées pour égayer le quotidien des pensionnaires, en particulier par la fameuse troupe La Gaîté qui guérit. [3]

Photographie aérienne de l'hôpital du Vésinet (14 avril 1947)

Institut géographique national. Cliché -1495 V. Identifiant de la mission : C93PHQ7601_1947_CDP2390_1495

Une vue aérienne en date du 14 avril 1947 conservée à l'IGN permet d'apprécier l'étendue des installations de l'hôpital américain. Même si, à cette date, une grande partie des équipements a été démontée, on peut voir que des constructions temporaires couvraient de vastes étendues jusqu'au cœur du parc, au sud du bâtiment principal. Quelques mois plus tard, il n'en resterait rien. L'armée américaine avait développé un arsenal très vaste de constructions préfabriquées préparées aux Etats-Unis, montées et testées en Angleterre dès 1943 puis utilisées sur tous les fronts.

Les archives américaines

La National Library of Medicine, une extension des National Institute of Health conserve les archives des services américains de santé de la Seconde Guerre mondiale. Parmi eux, le 40th General Hospital au sujet duquel il est dit que « en 1943, un contingent de troupes américaines du 40th Tented General Field Hospital et des infirmières américaines ont été stationnés dans un camp spécialement construit à Alfoxton Park (Holford, dans le Somerset en Angleterre) dans le cadre des préparatifs du jour J. Ils ont été accueillis par les habitants qui ont été divertis par des concerts de chansons folkloriques et de spirituals donnés par les soldats noirs.
Vers juillet 1944, le 40th a été déployé en France pour devenir l'un des hôpitaux américains de la région parisienne jusqu'à la fin de la guerre.
»
Trois documents iconographiques (seulement) sont proposés.

 

Exterior view of the 40th General Hospital, France.

Images from the History of Medicine (IHM) - Armed Forces Institute of Pathology (U.S.) - 1945.

 

Exterior view of the 40th General Hospital, France

Images from the History of Medicine (IHM) - Armed Forces Institute of Pathology (U.S.) 1945

 

Interior view of the 40th General Hospital, France

Images from the History of Medicine (IHM) - Armed Forces Institute of Pathology (U.S.) 1945.

Il pourrait s'agir de la grande galerie dite "ouvroir"aménagée en dortoir (la chapelle au fond).

Des historiens amateurs d'outre-Atlantique font aussi un travail de mémoire, reconnaissant sans ambages que bien pauvres sont les souvenirs de notre « Fortieth ». [5] Un témoignage et deux photographies sont proposées.
Le 40e hôpital général américain aurait quitté l'Angleterre en juillet 1944 pour la France. Installé d'abord près de Sainte-Mère-Église en Normandie puis, en août, au Vésinet en banlieue parisienne, après la libération de Paris les 24-25 août par les Forces françaises de l'intérieur (FFI), des renforts de l'armée française libre et de la 3e armée américaine du général Patton [sic].
Une fois la capitale française libérée grâce à la reddition de la garnison allemande occupante, la décision fut prise de l'installation du 40th qui semble être resté pendant toute la durée de la guerre au Vésinet. Interrogé sur ce sujet, le docteur Sanders Marble [6] a déclaré :

    Nous n'avons aucune information sur le 40e hôpital général ; nous savons qu'il existait, mais nous n'avons pas les fichiers. Je sais qu'ils se trouvent dans nos Archives nationales, mais c'est près de Washington DC et ce n'est pas particulièrement pratique pour nous (dans le sud du Texas). À un moment donné ce printemps/été, un membre de notre personnel devrait passer quelques jours aux Archives et être en mesure de découvrir les détails du 40e. Certaines généralités pourraient toutefois vous aider. Les hôpitaux généraux fournissaient les soins les plus spécialisés. Opérer dans des tentes n'était pas particulièrement facile pour eux ; cela pouvait être fait, mais ce n'était pas facile et ce n'était fait que si l'unité ne devait rester dans un endroit que pendant une courte période. Le 40e ne fonctionnait pas comme un hôpital, surtout s'il n'y avait pas de grands bâtiments qui puissent s'équiper en hôpital. Comme vous pouvez l'imaginer, il fallait pas mal d'espace pour faire fonctionner 1000 lits...

 

40th General Hospital, France

Image associée au 40e hôpital général américain sans légende ou date (collection particulière).

 

40th General Hospital, France 1945

En haut: Image associée au 40e hôpital général américain : Interior of typical one-story ward of temporary construction.

(Intérieur d'un quartier typique d'un étage de construction temporaire) Indication "chapitre 4, figure 26" sans référence.

En bas : exemple de quartier typique d'un étage de construction temporaire (chapitre 5 figure 59) sans indication de lieu.

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    Notes et sources

    [1] Ce soir, 9 septembre 1945.

    [2] La Croix, 2 septembre 1945.

    [3] Faute de sources précises, on doit rester prudent quant à la continuité (ou pas) de l'activité de l'Asile national pour ses convalescentes. Si certains textes donnent à penser que des interruptions complètes ont pu intervenir (en 1939, 1943, 1944) d'autres semblent indiquer au contraire que l'activité civile ne s'interrompit jamais tout à fait.

    [4]

    [5] Le WW2 US Medical Research Center a commencé comme une entreprise privée entre deux collectionneurs et experts médicaux américains de la Seconde Guerre mondiale vivant en Europe. En utilisant une variété de sources, principalement des documents originaux de la Seconde Guerre mondiale, ils ont pu créer une base de données en ligne contenant la liste de tous les numéros d'articles du département médical américain de la Seconde Guerre mondiale et leurs descriptions.

    (6] Sanders Marble, senior historian at Office of Medical History, US Army Office of Medical History, King's College London et San Antonio, Texas, USA.


Société d'Histoire du Vésinet, 2023 • www.histoire-vesinet.org