La Réserve-Péreire, à St Germain-en-Laye

Dans l'échange conclu le 20 novembre 1856 entre la Maison de l'Empereur et la Compagnie Pallu, cette dernière recevait outre le territoire du Vésinet une (petite) portion de la Forêt de Saint Germain (voir ci- dessous, alinéa 2°).

(Extrait de l'acte d'Echange, en date du 20 novembre 1856)

...le dit échange consistant, savoir, de la part de S.E. le Ministre de la Maison de l'Empereur agissant pour le domaine de la Couronne:

    1°. Dans la forêt du Vésinet, située sur les communes de Chatou, du Pecq et de Croissy, arrondissement de Versailles et trois maisons forestières existant dans cette forêt, laquelle est d'une contenance totale actuelle de quatre cent trente six hectares, cinquante ares, quarante six centiares environ.

    2°. Dans une portion à prendre au sud de la forêt de Saint Germain située sur la commune de Saint Germain en Laye, d'une contenance de quarante neuf hectares, deux ares, soixante deux centiares, maison d'habitation du Garde forestier et du Garde général, contre-allée extérieure longeant le mur de clôture du côté de la route de Poissy et le fossé séparant cette contre-allée de la route.

    3°. Dans la concession faite pour l'usage de la forêt du Vésinet d'une quantité de deux cents mètres cubes d'eau (deux mille hectolitres), par vingt-quatre heures, gratuitement pendant les trois premières années et ensuite au prix ordinaire des concessions de cette nature, et pour l'usage de la portion de la forêt de Saint Germain d'une quantité de quatre cents hectolitres d'eau par vingt-quatre heures à prendre dans la partie des eaux de la ville de Saint Germain appartenant à la liste Civile, et ce à perpétuité et à titre gratuit.

     

Le 22 juillet 1858, Société Pallu & Cie (la seconde société, fondée le 14 juin précédent) cédait à la société d'Emile Péreire cette portion de forêt de quarante neuf hectares dite la Réserve. L'opération immobilière qui s'en suivit, un projet de lotissement, fit l'objet d'un cahier des charges mais celui-ci n'avait pas la même ambition que celui imposé aux acquéreurs du Vésinet. A St Germain, il précisait que "les acquéreurs des parcelles du lotissement devront dans un délai de un an du jour de l'acte de vente faire édifier une maison à usage d'habitation bourgeoise ou de commerce".


Premier projet de lotissement (~1865)


Second projet, postérieur à 1884 puisque incluant le tracé de la grande ceinture et la gare
(édifiée de 1877 à 1883, entrée en fonction en 1884)

Le succès de ce lotissement ne fut pas immédiat. La plupart des maisons recensées depuis datent de la fin du XIXe siècle ou du début du XXe siècle. Un plan non daté (ci-dessus) mais postérieur à 1884 puisque la gare de Grande Ceinture y figure, montre que seuls les îlots proches de la place Vauban, donc proches du centre ville, étaient vendus.

Quartier dit de la Réserve Pereire;
Rue Carnot et au fond, la gare de grande ceinture.
Quartier dit de la Réserve Pereire;
La rue Pereire au début du XXe siècle. Contrairement au Vésinet, le lotissement n'est pas paysager. Les voies sont larges, rectilignes et se coupent à angle droit.
Quartier dit de la Réserve Pereire;
La rue Franklin au début du XXe siècle, une des plus représentative du Quartier
Le Quartier compte encore une vingtaine d'édifices remarquables inscrits au Patrimoine des communes des Yvelines.

Malgré l'ouverture de la ligne ferroviaire et la mise en service de la gare, le succès de l'opération se faisait attendre. Aussi des parcelles furent dévolues à des opérations à caractère social, telles que la colonie de vacances, sanatorium scolaire, construite en 1896 par Paul Louis Renaud, architecte de l'assistance publique pour la mairie du 7e arrondissement de la ville de Paris. En 1902, elle fut agrandie par l'adjonction de deux travées sur la face latérale orientale. En 1947, elle sera rachetée par la municipalité de Saint-Germain-en-Laye pour augmenter les locaux de l'école normale et y installer une école primaire d'application.
En 1907, avec l'approbation du conseil général de Seine-et-Oise, avait eu lieu le transfert de l'école normale de jeunes filles de Versailles à Saint-Germain-en-Laye au détriment du Vésinet et de Glatigny, le maire ayant offert le terrain et des subventions. Un projet soumis par un des membres de l'Instruction Publique, Leune, prévoyait un plan pavillonnaire avec des bâtiments d'habitation comprenant salle à manger, salon et chambres isolées. En 1908 Albert Petit, proposa un autre projet qui fut approuvé par le ministère de l'Instruction Publique en 1909 après quelques adaptations.
En 1910 fut fondé le syndicat d'initiative de la Réserve Péreire dont le but était d'étudier les mesures pouvant augmenter la prospérité du quartier en s'efforçant notamment d'attirer les amateurs de villégiature et de leur rendre le séjour agréable et facile. C'est un autre point commun avec le Vésinet où un Syndicat d'Initiative fut fondé en 1911 pour un but similaire. En 1923, une Cité-jardin fut construite sur un terrain donné par madame Désoyer, épouse du maire de St-Germain, à l'office public des H.B.M. avec un programme imposé de 20 logements pour familles très nombreuses.
Enfin, le quartier ne faisant pas l'objet d'une protection particulière, le morcellement s'est poursuivi (exemple du lotissement de la Villa Clapeyron au début des années 1930...)


Société d'Histoire du Vésinet, 2008 - www.histoire-vesinet.org