D'après B. Renoult, 1944 - Guerre en Ile de France, Vol. II, 2006 Le séjour du maréchal Rommel à l'hôpital du Vésinet Le 17 juillet 1944, vers 16 heures, Rommel est
sur le chemin du retour à son QG de La Roche-Guyon. Soudain, près de
Livarot, deux chasseurs anglais arrivent de derrière en enfilant la
route à trente mètres d'altitude. La gerbe de projectiles de la mitrailleuse
frappe la partie gauche de la voiture de Rommel, déchiquetant le siège
et le pare-brise. Le chauffeur, gravement atteint, s'affaisse sur le
volant ; la voiture fait une embardée, heurte un arbre, rebondit
et s'arrête dans le fossé gauche de la route. Rommel qui a heurté le
pare-brise est projeté hors de la voiture. Le dimanche, 23 juillet 1944, profitant
d'un calme exceptionnel sur le front, une ambulance part chercher Rommel à Bernay.
A cinq heures du matin, le maréchal est transporté à l'hôpital
du Vésinet près de St-Germain-en-Laye [où se
trouve le GQG West,voir note 3] où il arrive à neuf heures.
Il est remis aux soins du service du professeur Esch de l'université de
Leipzig. L'examen médical s'avère très satisfaisant grâce à la constitution
robuste de Rommel. L'amiral Ruge, responsable des transports de la Kriegsmarine sur
la Seine, arrive dans l'après-midi pour le distraire en lui faisant
de la lecture. Il l'informe des suites de l'attentat manqué du 20 juillet
contre Hitler, et du putsch avorté des généraux allemands à Paris.
Ruge n'était au courant de rien quant au complot. Rommel lui fait part
de son désir de se remettre vite afin de se présenter en personne à Hitler. Photo de Rommel
prise le 23 juillet au Vésinet "Faites donc une photo de moi, aurait dit Rommel ainsi les Anglais sauront qu'ils n'ont pas réussi à me tuer". Pendant que Rommel se morfondait à l'hôpital du Vésinet, un commando des SAS britanniques menait une opération sur La Roche-Guyon pour l'enlever ou le tuer. Ils avaient été parachutés dans la nuit du 18 au 19 juillet, alors que Rommel était soigné à Bernay. Personne du côté des Alliés n'avait encore mentionné l'attaque contre Rommel et ses blessures. Vue aérienne de l'hôpital du Vésinet où Rommel est soigné par le docteur Esch du service de traumatologie de Leipzig. Le 26 juillet, son aide de camp Lang
note "Il a eu une migraine effroyable, la nuit dernière, causée
peut-être par l'oppressante chaleur. Pour tuer le temps, il s'assoit
au pied de son lit une pantoufle à la main pour chasser les mouches,
avec peu de succès vu qu'il ne voit que d'un oeil". Livré à ses
pensées, il se demandait pourquoi la presse allemande n'avait pas encore
annoncé officiellement son accident, on se servait de son nom et il
craignait qu'on le rende responsable de l'inévitable écroulement du
front. Il avait bien reçu un télégramme du Führer : "Acceptez
mes meilleurs voeux pour votre prompte guérison". Mais il
se sentait mis en quarantaine. **** Notes: [2] Le dossier médical fait état de « de nombreux éclats dans la tête et une blessure à l'œil gauche ; une grave fracture à la base du crâne ; d'autres fractures aux tempes et à un maxillaire. » A la suite d'une grave commotion cérébrale Rommel resta assez longtemps sans connaissances. [3] Dans différents articles, et dans le Quid en particulier, on indique que "Rommel eut son quartier général au Vésinet, puis à La Roche-Guyon". Cette affirmation n'est étayée par aucun fait précis et n'est rapportée dans aucune des biographies consacrées à Rommel. Des villas réquisitionnées au Vésinet ont abrité durant toute l'Occupation des officiers généraux, en particulier parmi ceux affectés au Grand Quartier Général des Armées de l'Ouest à St Germain-en-Laye, avec à sa tête le Maréchal von Rundstedt de 1942 à 1944. Mais Rommel n'a jamais été affecté à St Germain-en-Laye, même s'il lui est arrivé d'y passer. [4] La photo a probablement été retouchée, voire montée. Selon des témoins, l'état du maréchal était plus grave que ce que suggère ce cliché. Le baron von Esebeck a publié par la suite un ouvrage sur Rommel en Afrique: Afrikanische Schicksalsjahre das deutsche Afrikakorps unter Rommel. Esebeck,HG. Limes Verlag Wiesbaden, 1949, 284 pages paru en français sous le titre : Rommel et l'Afrika-korps 1941-1943, Jouan éditeur, 1950. [5] Clin d'oeil du destin, Le "Renard du désert" aurait pu être abattu par le flight lieutnant Charley Fox de la RAF canadienne qui a revendiqué cette attaque, mais les heures ne coïncident pas ; des pilotes américains ont aussi été évoqués mais les éclats des obus ne sont pas ceux utilisés par l'US Air Force. Lire aussi: • The Rommel Papers - 1988 (reedition) - B. H. Liddell-Hart, (Editor), Da Capo Press. • St Germain-en-Laye Kommandatur, 2017 - Bruno Renoult et Jean-Paul Pallud (vol.I) et Bruno Renoult (vol. 2).
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