Principale source : La Lanterne - 4 septembre 1889 - 13e année, n°4519.

La fin tragique des sœurs Cuvelier

Un drame effroyable vient de se dérouler au Vésinet et de répandre dans cette paisible et coquette localité une émotion indescriptible. Il ne s'agit de rien moins que d'un assassinat, de deux suicides et d'un incendie. Nous allons raconter ces lugubres événements tels qu'il résultent de l'enquête à laquelle nous nous sommes livrés.
Il y a dix-huit mois, Mlle Marie Cuvelier, âgée de cinquante cinq ans, loua 80, avenue de Chatou
[actuel boulevard Carnot], à l'angle de la rue du Grand-Lac, une très jolie propriété. Le prix de location était de onze cents francs. Le gérant de cette villa, M. Jean [1], signa en l'absence du propriétaire, M. Béguin [2], qui demeure à Lille, l'acte de location. Marie Cuvelier n'était pas seule. Elle prit possession de sa nouvelle habitation avec ses deux sœurs : Céline, âgée de quarante-cinq ans, et Caroline, âgée de trente-cinq [3]. On apporta un mobilier très luxueux, et quelques jours après l'emménagement on vit arriver un cheval, une voiture, une chienne de Terre-Neuve, un chat et une chèvre.
La propriété en question est fort belle et occupe une assez grande superficie. La maison d'habitation comprenant deux étages, est située au milieu d'un superbe jardin entouré d'une clôture en bois qui disparaît dans un amoncellement de lierre et de verdure. Plusieurs constructions servant d'écurie, de buanderie et de resserre pour les outils de jardinage s élèvent derrière la maison dont les murs sont recouverts jusqu'au toit, d'un épais feuillage. Au rez-de-chaussée se trouve la salle à manger, et au premier les trois chambres à coucher des trois vieilles demoiselles.

Les demoiselles Cuvelier

Celles-ci menaient une existence bien originale. Jamais elles n'avaient voulu prendre aucun domestique à leur service.
Les deux sœurs aînées avaient chargé de tous les emplois pénibles leur jeune sœur qui était un peu faible d'esprit. Elle était leur souffre douleur. Caroline lavait la vaisselle, donnait à manger au chien, au chat et à la chèvre, pansait le cheval ! nettoyait l'écurie ; en un mot, elle servait à Marie et à Céline de valet d'écurie, de cuisinière et de femme de chambre.
Ces dernières, qui se faisaient passer dans le pays pour d'anciennes artistes ou des femmes de lettres, recevaient de Paris toutes les publications nouvelles, littéraires et musicales. Au courant de toutes les nouveautés, elles suivaient assidûment les premières théâtrales, visitaient toutes les expositions et étaient des fidèles du Salon. On les voyait partout, s'occupant de tout, et parlant de tout avec une certaine connaissance.
Mais là ne se bornaient pas seulement leurs occupations. Elles jouaient aux courses avec une ardeur inouïe. Presque chaque jour, vers midi, elles faisaient atteler le cheval par leur jeune sœur, puis toutes les trois partaient pour Colombes, Auteuil, Longchamps ou Vincennes. C'étaient alors des paris insensés et, comme bien on pense, il leur arrivait rarement de gagner. [4] On les rencontrait de temps à autre sur la route de Chatou, montées sur une charrette rustique attelée du vieux cheval bai qu'elles conduisaient elles-mêmes. [5]

Très souvent l'argent leur manquait, mais cela les gênait peu. Elles vendaient leurs bijoux ou les engageaient au Mont-de-Piété, faisaient des dettes, ne payaient ni leur propriétaire, ni le percepteur des contributions directes, ni leurs fournisseurs.

Criblées de dettes

M. Jean qui, comme nous l'avons dit plus haut, représente au Vésinet, leur propriétaire, leur avait maintes et maintes fois réclamé les termes échus. Il n'y pas longtemps, il leur envoya son commis, en qui il a une confiance absolue, pour toucher 326 francs. Grande fut la surprise de l'employé lorsque Marie Cuvelier lui demanda la note acquittée. Elle lui remit 226 francs seulement en ajoutant que le compte était exact. Le régisseur ne fut pas de cet avis et en fit l'observation à ces étranges demoiselles. On lui répondit que la somme intégrale avait été versée, que l'employé ne disait pas la vérité, que c'était un voleur. Le contraire fut prouvé.
A quelques jours de là, le percepteur des contributions directes leur réclama trois années d'imposition dont elles étaient redevables. Devant leur mauvais vouloir, et la persistance qu'elles mettaient à ne jamais vouloir s'acquitter de leur dette envers le Trésor, se montant à 550 francs, le percepteur les prévint qu'il serait obligé de procéder à une vente judiciaire. Rien n'y fit. Cette vente a eu lieu samedi dernier, sur la place du marché. Un piano, deux glaces, deux pendules, deux lampes, un mobilier de salon furent vendus aux enchères. Lorsqu'on voulut procéder à la vente du cheval, Marie Cuvelier sortit un revolver de sa poche et le braquant sur le commissaire-priseur, s'écria : « Ne touchez pas à cette bête ou sinon je la tue. » On voulut bien, par égard pour l'état d'énervement où se trouvait cette demoiselle, ne pas procéder à la vente de l'animal qui paraissait lui être si cher. On verra plus loin jusqu'où allait son amour pour ce pauvre quadrupède.

Avant le drame

Dimanche soir, M. Jean, le gérant de leur propriété, rentrant chez lui vers neuf heures, reçut par la poste la lettre suivante :

Monsieur,

Les dernières volontés des morts sont sacrées. Nous demandons à Dieu à cause du mal que vous nous avez fait, de vous rendre le plus misérable possible. Nous le supplions de vous apporter ainsi qu'à tous ceux qui vous sont chers toutes sortes de maladies, les plus grands malheurs, les peines les plus terribles.

Marie Cuvelier

M. Jean prêta peu d'attention à toutes ces menaces in extremis, croyant à une nouvelle excentricité de ses locataires. Il se proposa de tirer le lendemain, cette affaire au clair. Dans la soirée, des voisins entendirent des coups de feu et les aboiements plaintifs d'un chien. Cela leur parut quelque peu étrange, mais ils n'y attachèrent pas une trop grande importance.

La maison incendiée

Tous les matins, vers neuf heures, un garçon boucher se rendait à la propriété des demoiselles Cuvelier pour leur apporter les provisions de la journée. Hier [mardi 3 septembre 1889] il arriva, suivant son habitude, à la même heure et ne fut pas peu surpris de voir de la fumée s'échapper en nuages épais des fenêtres du premier étage. Soupçonnant un malheur, il courut à la mairie. Le maire, M. Ledru, étant absent [5] ce fut M. Cappe l'adjoint qui le reçut. Ce dernier, sans plus tarder se rendit à la villa en question avec quelques pompiers. On enfonça la porte du rez-de-chaussé. Aussitôt une fumée intense à travers laquelle on voyait des flammes très vives sortit, s'élevant à une grande hauteur. Les pompiers éteignirent rapidement l'incendie et pénétrèrent ensuite dans la maison. [6]
Tout d'abord ils aperçurent dans la salle à manger du rez-de-chaussée, une lettre placée en évidence sur la table et portant cette inscription: A monsieur le maire. L'adjoint s'en empara et l'ouvrit. Voici cette lettre :

Monsieur le maire,
Qu'on n accuse personne de notre mort, elle est volontaire ; nous allons rejoindre notre mère. Nous désirons qu'on ne nous touche pas et qu'on nous mette dans notre cercueil habillées comme nous le sommes.
Nous désirons être enterrées aux Loges-en-Josas, près de Versailles, auprès de notre mère. M. Béguin, propriétaire, rue d'Angou à Lille, devra être informé de notre mort et fera surveiller tout cela.
Marie Cuvelier

Les cadavres

Au moment où l'on allait monter au premier étage, un des pompiers vit sous la table le cadavre de Sultane, la chienne terre-neuve des dames Cuverier. La pauvre bête avait la tête fracassée. L'adjoint, poursuivant sa visite, entra dans la première chambre qui se présenta à lui à l'étage au-dessus. Sur un lit à moitié brûlé était étendu le cadavre carbonisé et presque méconnaissable de Mlle Caroline Cuvelier. Celle-ci, qui était en chemise, avait les bras presque tordus et ramenés devant la figure, dans une attitude de défense et de frayeur. Dans la chambre voisine, le lit était également brûlé ; mais sur le canapé apparaissait un épouvantable spectacle.
Deux cadavres s'y trouvaient assis à chaque bout. C'étaient ceux de Mlles Marie et Céline Cuvelier. Toutes les deux portaient à la tête une plaie béante d'où sortaient des filets de sang et elles avaient chacune un revolver serré dans leur main droite crispée. L'adjoint, que la vue de ces cadavres avaient profondément ému, descendit pour prendre l'air. Il entra dans l'écurie, et là, un nouveau cadavre était étendu. C'était celui du cheval qui, comme le chien, avait la tête fracassée.
Tout à coup, sautant et gambadant, apparut une chèvre. Près d'elle couraient deux tout petits chiens, et dans le fond de l'écurie gisait, la tête trouée d une balle, un magnifique matou. Quel carnage !

Un assassinat

L'enquête a retracé de la façon suivante les scènes de cette horrible boucherie.
Marie et Céline Cuvelier, qui étaient à bout de ressources, car on a trouvé onze sous dans le porte-monnaie de l'une et trois dans celui de l'autre, avaient pris la résolution de se suicider. Mais comme leur sœur Caroline était d'un caractère très faible, elles allèrent la surprendre pendant son sommeil et la tuèrent à coups de revolver, puis elles descendirent dans la salle à manger et tuèrent également la chienne. Elles allèrent alors dans l'écurie et le même revolver servit aux deux femmes pour mettre à mort — massacre singulier ! — le cheval et le chat de la maison. Une chèvre et deux chiens, âgés de deux ou trois mois, ont échappé a l'hécatombe.
Elles remontèrent ensuite dans leur maison, et sous le lit de leur sœur qu'elles venaient d'assassiner placèrent des fagots de bois auxquels elles mirent le feu.
Dans leur folie de massacre et de destruction, elles semèrent l'incendie partout, puis, leur œuvre effrayante une fois accomplie, elles s'assirent l'une à côté de l'autre sur un canapé, et ces deux folles se firent sauter la cervelle.
Les cadavres des trois femmes ont été mis en bière, le chien et le chat ont été enterrés dans le jardin et le cheval a été remis, à un équarrisseur. C'est ainsi que s'est dispersée, à la suite d'événements tragiques, une association d'êtres divers, qui, au dire des habitants du Vésinet semblait faite pour durer.

Obsèques et inhumation

L'enterrement des demoiselles Cuvelier devait être privé de tout service à l'église; mais, au dernier moment, le curé, M. l'abbé Boutroue, a consenti, sur les sollicitations de la municipalité, à ce qu'un service fût dit en la paroisse du Vésinet, bien qu'on ne sût pas exactement quelle était la religion des défuntes. A cinq heures et demie eut lieu la levée des corps. Trois corbillards sont venus les chercher pour les conduire à l'église, au milieu d'une foule considérable.
Un grand nombre d'habitants du Vésinet, terrifiés par cet épouvantable drame, avaient fermé leurs volets pour ne pas voir passer le lugubre cortège. Personne, d'ailleurs, ne suivait derrière les trois corbillards, où pas une couronne n'a été déposée. Pas un fidèle dans l'église pendant le service, privé de tout apparat puisque c'était un service d'indigent. Trois cercueils déposés sur trois supports de bois entre cinq cierges, le prêtre officiant et rien de plus ! Les trois corbillards sont allés jusqu'au cimetière précédés simplement de M. Poulailler, garde champêtre au Vésinet, et suivis par l'ordonnateur et les deux adjoints au maire.[7]
On sait que les demoiselles Cuvelier avaient manifesté le désir d'être enterrées à Jouy-en-Josas, auprès de leur mère. M. Béguin, qui devait s'en charger, n'ayant rien fait pour cela, les corps ont été transportés et inhumés dans la fosse commune du cimetière du Vésinet, en attendant qu'on vienne les réclamer.
En présence du maire du Vésinet, du brigadier de gendarmerie et du commissaire de police de Saint-Germain-en-Laye, on a procédé à l'inhumation provisoire des corps des sœurs Cuvelier dans le cimetière du Vésinet.

Pendant cette opération une foule considérable n'a cessé de stationner aux abords de la maison de la route de Chatou [8]. L'aspect en est lugubre. Tous les meubles sont consumés, le plafond du premier étage, où étaient les trois chambres à coucher, s'est effondré au rez-de-chaussée. Dès le seuil de la maison, une forte odeur de chair, de bois et de papier brûlés vous prend à la gorge. Ainsi que la Lanterne l'a annoncé, il paraît établi que la plus jeune des trois sœurs était opposée à toute idée de suicide et que ses sœurs, résolues d'en finir avec la vie, l'ont tuée. Son corps, d'ailleurs, a été trouvé dans une attitude de lutte ; il n'y a pas trace de balle. Le parquet de Versailles poursuit son enquête. [9]

Conclusion

Pour finir, ce commentaire de Henry Fouquier, chroniqueur au journal Le XIXe Siècle : « Le triple suicide des demoiselles Cuvelier, au Vésinet, continue à faire l'objet de la curiosité du public et des commentaires de la presse. Comme nous sommes très badauds, on va pour ainsi dire en partie voir la maison sinistre, aux murs noircis par l'incendie, où le drame s'est accompli. Hier j'ai dû aller à Saint-Germain, et j'en ai profité pour faire un tour à la fête des Loges, bien déchue de son ancienne splendeur. Il y avait nombre de forains toujours, et même des baraques très belles, exhibant des ballets en plein air, avec de petites danseuses qui valaient bien celles qu'on nous montre parfois dans des théâtres que je ne veux pas dire. Mais le grand mouvement d'autrefois n'était plus là. Il n'y avait pas ces belles rôtisseries en plein vent où, jadis, les plus honnestes dames prenaient plaisir à s'arrêter, dînant sub Jove avec leurs amoureux. Et la fête étant, en somme, très morne, j'ai entendu des gens en nombre dire : « Allons donc, pour nous distraire, regarder au Vésinet la maison du triple suicide.» Et l'on partait joyeusement, ragaillardi à l'idée de l'horrible tragédie. » [10]

La maison du 80, route de Chatou sera, vingt-quatre ans plus tard, le théâtre d'un autre drame qui défrayera la chronique durant plusieurs semaines, connu sous le nom de l'éthéromane du Vésinet.

***

    Notes et sources :

    [1] M. Jean JEAN, architecte bien connu au Vésinet, avait aussi une activité d'agent immobilier au n°10 rue du Départ. Il fut aussi témoin à l'acte de décès des trois défuntes. On lui doit la grille en fer forgé de la mairie. La "villa" de cette "très jolie propriété" est décrite ailleurs comme une "petite maison avec jardinet". Certains articles de presse donnent comme adresse le 82, route de Chatou mais d'autres, comme les trois actes de décès donnent le 80. Le Rappel, n°7117, 4 septembre 1889.

    [2] Louis Béguin, présenté comme le propriétaire de la villa, âgé alors de soixante-dix-huit ans, était « un brasseur très riche et très estimé ». Retiré des affaires depuis dix ans environ, M. Béghin était domicilié à Lille, au 17, rue d'Anjou. Les articles de presse utilisent les deux orthographes Béguin et Béghin indifféremment. Il s'avère que le propriétaire de la maison était un M. Marrot, ancien agréé, administrateur du Crédit foncier, « riche à près de quatre millions ». Le Rappel, n°7117, 4 septembre 1889.

    [3] Le Journal La Lanterne publia quelques jours après ce premier article, le détail de l'état-civil des demoiselles Cuvelier : Marie, Céline et Caroline Cuvelier sont bien nées à Lille. Elles sont venues au monde, les deux premières, rue Saint-Pierre, 27, et la dernière, rue de la Préfecture, 9. Marie est l'aînée et son acte de naissance porte la date du 12 janvier 1834. Outre la signature du père, le registre des déclarations, à l'état-civil, porte les noms des témoins qui étaient MM. Edouard Mathon, négociant, et Adolphe Leleu, banquier, tous deux domiciliés à Lille. La seconde, Céline, est née le 10 septembre 1815. Les témoins qui figurent au bas de la déclaration sont MM. Tripier, pharmacien, et Henri Mille, filateur, domiciliés à Lille. Quant à Caroline, la plus jeune, elle a vu le jour le 6 août 1833. Elle a eu pour parrains MM. Henri Mille et Edouard Duvivier, négociants. Leur père, Carolus-Aimé-Eugène Cuvelier, né en 1796, à Lille, y exerçait la profession de médecin et avait le titre d'officier de santé ; leur mère, Céline-Rose-Alba Algoin était originaire d'Hesdin (Pas-de-Calais) et était née en 1810. Le père de Carolus Cuvelier, natif d'Arras, était lui-même fixé à Lille en qualité de chirurgien. Il avait épousé une Lilloise, Charlotte Vandekeere, et habitait la rue Nationale d'alors. Détail curieux, l'aïeul signait son nom avec deux l. Le père des suicidés l'écrivait avec un seul. Les "journaux du Nord" consacrèrent à cette affaire et à cette famille plusieurs articles, repris et cités par le Gaulois. Il s'agissait de retrouver la trace d'éventuels parents et de comprendre pourquoi personne ne réclamait les corps. Le Gaulois, 7 septembre 1889, La Lanterne,

    [3] A Paris, où vers 1887 elles habitaient au 11, rue du Mont-Thabor, l'enquête de voisinage établit que les trois sœurs « occupaient un logement luxueux et payaient assez régulièrement leur terme. Elles n'y recevaient ni visites, ni correspondance. Elles passaient toutes leurs journées au dehors et ne sortaient qu'en voiture. C'était déjà la vie qu'elles ont toujours menée depuis ». La Lanterne, 9 septembre 1889. Elles habitèrent ensuite Chatou puis St-Germain-en-Laye avant de louer la maison du Vésinet. Le Rappel, n°7117, 4 septembre 1889.

    [4] On a la certitude que les demoiselles Cuvelier, depuis qu'elles habitaient le Vésinet, jouaient souvent, allaient sur le turf, espérant sans doute rattraper leur fortune perdue. Un habitant de Saint-Germain témoigna les avoir vues un dimanche jouer quatorze cents francs aux courses. C'étaient leurs dernières ressources. « Si nous gagnons, lui avaient-elles dit, cela ne fera que retarder d'un ou deux mois le dénouement fatal ! » La Lanterne, n°4519, 6 septembre 1889.

    [5] Elles auraient aussi expliqué leur situation pécuniaire par les pertes dues à l'affaire de Panama. Le Courrier de Versailles, 8 septembre 1889.

    [5] Le Maire, Alphonse Ledru (1848-1907) ne résidait pas au Vésinet mais à Versailles où il exerçait la profession d'avocat. Il possédait au Vésinet une résidence secondaire au 1, av. du Chemin-de-fer (RG), actuelle avenue Maurice Berteaux, à l'angle de la rue François Arago.

    [6] La presse locale met l'accent sur « le zèle et le dévouement de nos braves pompiers qui ont déployé, en cette circonstance, une énergie et un sang-froid peu communs, eu égard surtout aux horribles tableaux qui s'offraient successivement à leurs yeux au fur et à mesure qu'ils avançaient dans la maison. Nous les félicitons de la rapidité avec laquelle ils ont éteint les trois foyers d'incendie qui avaient été allumes par les demoiselles Cuvelier. Nous adressons plus spécialement nos félicitations au lieutenant Malgat, au sergent Périchet, qui ont pénétré les premiers dans la maison, et aux sapeurs Mauseau et Redon qui, avec leurs chefs, ont procédé, au milieu d'une chaleur étouffante, à l'enlèvement et à la descente des trois cadavres »L'Avenir de Saint-Germain, 8 septembre 1889.

    [7] MM. Emile Cappe et Dufresne. Le Gaulois, 4 septembre 1889 n°2563. L'Avenir de Saint-Germain, 8 septembre 1889.

    [8] Un maçon nommé Delorme à qui l'on avait refusé l'entrée de la maison du drame, est monté pour voir du dehors, sur l'échafaudage d'une maison voisine. En voulant trop se pencher, il est tombé d'une hauteur de dix mètres. Il a succombé à ses blessures quelques semaines plus tard. Le Gaulois, 6 septembre 1889 n°2565.

    [9] Aucun parent ne vint réclamer les corps. Les scellés furent apposés le 4 septembre 1889 sur la maison du drame et M. Porte, huissier à Saint-Germain, agissant au nom du propriétaire, sollicita du tribunal de Versailles un arrêt l'autorisant à faire vendre en place publique ce qui restait des meubles des locataires. Le jugement fut rendu deux semaine plus tard, mettant fin à l'affaire Cuvelier. La lanterne, 17 septembre 1889.

    [10] Fouquier conclut sa chronique ainsi : L'éducation bourgeoise a-t-elle, presque partout en Europe, créé les mêmes cerveaux. Mais il est certain que cette éducation ne prépare pas du tout aux luttes de la vie, et que ce qu'on appelle « les femmes bien élevées » sont élevées de telle sorte que, si la fortune les trahit et si l'homme est absent de leur vie, elles ne peuvent pas se débrouiller. Les suicidées du Vésinet, qu'on ne peut se dispenser de blâmer, surtout d'avoir mis dans leur mort, des colères et des vengeances, n'en sont pas moins, par certains côtés, de déplorables victimes de l'éducation des femmes chez nous. Le XIXe siècle, journal quotidien politique et littéraire, n°6443, 5 septembre 1889.

 


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