Les Echos du passé, Le Vésinet - revue municipale, n°91, juin 1990

Le Vésinet en 1890
Images d'une année, dans une petite ville en pleine expansion, il y a cent ans.

Alphonse Pallu peint par Jules RobichonLe premier événement marquant de cette année 1890 au Vésinet fut le décès, à l'âge de 36 ans, d'Étienne Pallu, fils du fondateur de la commune et son successeur à la tête de la société Pallu. Au mois d'août, Mme Pallu, marquée par la mort de son dernier enfant, décida de quitter Le Vésinet.
A cette occasion, le Conseil Municipal, lors de sa séance du 12 août, autorisa le maire à demander à Mme Pallu de bien vouloir donner à la Ville le portrait d'Alphonse Pallu, "voulant conserver dans ses édifices municipaux, le souvenir du créateur du part du Vésinet et du premier maire de la commune".

Portrait d'Alphonse Pallu exposé dans la Mairie
Jules Robichon, 1877

Ce départ posa le problème du devenir de la crèche Marie, fondée en 1880 par Mme Pallu [1]. Celle-ci avertit la municipalité qu'elle ne pouvait plus subvenir aux dépenses de l'établissement. La Ville estima que la charge était trop lourde financièrement et chercha une solution de reprise. A la fin du mois d'août, le Maire annonça la constitution d'un comité de dames patronesses qui désiraient s'occuper de la crèche fermée le 1er juillet; elle rouvrit le 1er novembre. A la fin de l'année, le bureau de bienfaisance décida la crèche Marieconstruction d'un bâtiment qui regrouperait un fourneau économique chargé de la distribution d'aliments aux indigents et la crèche [2].

La crèche Marie, rue du Départ.
(Le bâtiment et la rue ont aujourd'hui disparu)

A cet effet, la commune lui concéda un terrain rue du Départ, à l'angle du boulevard Carnot et de la rue du Maréchal Joffre. Cet emplacement est occupé maintenant par les bâtiments de la Sécurité Sociale et de la Perception [3]. Une autre institution vit son existence confirmée, la maternelle du Rond-Point (la future maternelle des Cygnes). Elle avait été créée en 1888, dans un local loué par deux conseillers municipaux, à titre personnel, la commune ne supportant que son entretien. En 1890, 48 enfants étaient accueillis. Le Conseil Municipal, le 12 août, prit l'engagement d'entretenir l'école pendant dix ans si l'Etat assurait le traitement de la directrice. L'accord du Ministère de l'instruction publique fut donné le 28 octobre.
La gendarmerie et l'école du Rond-Point, évoquées au cours de l'année 1890, verront leurs locaux définitifs inaugurés le 17novembre 1895.

En mai 1890, le Maire avertit le Conseil Municipal que le Conseil Général avait émis un voeu tendant à la création, dans le plus bref délai, d'une brigade de Gendarmerie au Vésinet. La Commune demandait cette création depuis 1879. Elle dut patienter jusqu'en 1895 pour voir son souhait exaucé. [4]
Le Vésinet devait sa création et son développement au chemin de fer. Aussi s'intéressait-il de très près à tout ce qui touchait aux transports. Deux affaires furent évoquées cette année. Le 27 mai, le Conseil Municipal protesta contre les tarifs de la compagnie des chemins de fer de l'Ouest. Des calculs, présentés au cours de cette séance, montrèrent que pour la même distance, le prix du trajet était moins élevé sur les autres lignes.
La gendarmerieEn conséquence, le Conseil estima que cette situation plaçait "Le Vésinet vis-à-vis d'autres lieux de villégiature situés à la même distance de Paris" dans un véritable état d'infériorité, nuisible à sa prospérité, que beaucoup de familles, comptant un grand nombre de personnes, hésitent à s'installer au Vésinet ou à y rester à cause des conditions onéreuses de transport".

La Gendarmerie dans sa forme initiale


Cette situation explique l'accueil favorable réservé par le Conseil, lors de sa réunion du 12 novembre, à la présentation d'un projet de tramway à vapeur, dont un des embranchements devait partir du pont du Pecq pour relier Montesson, par la route du même nom, puis se rattacher, après avoir traversé Houilles et Bezons, à la ligne de l'Etoile. Le Conseil se déclara fortement intéressé par ce projet et souhaita sa réalisation. Il émit le voeu que le concessionnaire "favorise davantage la commune du Vésinet en établissant une ligne qui suivrait la grande route nationale
[le boulevard Carnot] depuis le rond-point du Pecq jusqu'à la Seine près du pont de Chatou".
Il faudra attendre 1901 pour voir le tramway à vapeur traverser Le Vésinet.

Un des sujets discutés fut la proposition de changement de dénomination de la route de la Villa Stoltz en route de la Villa Hériot. Un débat s'engagea sur le fait qu'une rue recevrait son nom, du vivant même de la personne, . Le Maire fit remarquer qu'ils ne s'agissait pas du nom de M. Hériot, mais de celui de sa maison. Le Conseil entérina cette proposition car "en remplissant le voeu depuis longtemps exprimé à ce sujet par M. Hériot, [le Conseil] lui témoignerait sa reconnaissance du si utile et si précieux concours qu'il a donné aux différentes oeuvres de bienfaisance et sociétés du Vésinet..."
Cette décision ne fut peut-être pas étrangère au geste du Commandant Hériot qui offrit à la ville, en 1891, un kiosque à musique installé derrière la gare du Vésinet-Centre, à l'emplacement du terrain de boules. La Concorde du Vésinet, créée en début d'année, eut l'honneur d'inaugurer les concerts donnés dans le kiosque. Les subventions accordées à cette nouvelle fanfare provoquèrent l'ire des conseillers défenseurs des sociétés de gymnastique qui voyaient leurs crédits accordés par la Municipalité chichement comptés.

L'année 1890 se clôtura sur une grave affaire. Un Conseiller se plaignit du mauvais entretien des marches de l'escalier établi contre le pont d'Alsace-Lorraine. Le Maire lui répondit que ces marches avaient été réparées tout récemment; deux ou trois jours après, des sous-officiers de chasseurs avaient imaginé de monter avec leurs chevaux et en avaient renversé huit d'un coup. Elles avaient été remises en place.
Une modification dans l'accès du pont fut prévue.

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    Notes :

    [1] Concrètement, la crêche était gérée par une association, fondée en 1880 et dont le siège était au Vésinet, avec pour but "de donner des soins aux enfants âgés de quinze jours à trois ans, dont les mères sont occupées au dehors ; la crèche admet les enfants, quel que soit le culte professé par les parents (art. 1er des statuts approuvés)". Revue des établissements de bienfaisance, 1898 (A14).

    [2] Un décret du 19 avril 1898, rendu sur le rapport du ministre de l'intérieur, a reconnu comme établissement d'utilité publique, la Crèche-Marie, au Vésinet (Seine-et-Oise). Ibid, 1898.

    [3] Ces deux administrations ont disparu en 2012-2013.

    [4] La Gendarmerie a été désafectée au début du XXIe siècle. Elle a été aménagée en logements pour le personnel du Département.


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