Extrait du Grand Dictionnaire Universel du XIXe siècle (tome 15e), Pierre Larousse, Paris, 1876. L'Asile national du Vésinet L'asile du Vésinet, situé vers l'extrémité
sud-ouest du bois du Vésinet, à 1 kilomètre du chemin de fer de Paris
à Saint-Germain, a été institué, en exécution des décrets du 5 mars 1855
et du 11 août 1859, pour recevoir les ouvrières convalescentes.
Au rez-de-chaussée du pavillon principal se trouvent les réfectoires ;
au premier étage sont deux ouvroirs séparés par la chapelle, qui occupe
le pavillon central. Le rez-de-chaussée et les deux étages des ailes
situées
à la droite de la cour d'honneur renferment les bureaux, les appartements
de l'administration, les cuisines, les infirmeries et divers autres services.
Les chambrées de convalescentes, contenant de 2 à 11 lits, occupent le
rez-de-chaussée et les deux étages des ailes de gauche; des cabinets
de toilette, alimentés d'eau chaude et d'eau froide, sont à l'usage des
convalescentes. Les hôpitaux, les bureaux de bienfaisance, les sociétés de secours mutuels envoient leurs convalescentes à l'asile du Vésinet ; on y reçoit aussi les ouvrières travaillant chez les fabricants, industriels ou patrons qui ont passé des abonnements avec l'asile. Enfin, les ouvrières convalescentes résidant dans le département de la Seine et ne rentrant dans aucune de ces catégories sont admises à l'asile moyennant un prix de journée dont il leur est facile d'obtenir le dégrèvement.
Les convalescentes, conduites des hôpitaux au chemin de fer dans un
omnibus spécial, trouvent à la station de Chatou l'omnibus de l'asile.
A leur arrivée, elles revêtent l'uniforme de la maison, et, après avoir été examinées
par l'interne de garde, elles sont distribuées dans les différents
services.
L'asile renferme 450 lits, dont 50 berceaux; ce chiffre est insuffisant, on est quelquefois obligé d'établir des lits supplémentaires. L'infirmerie compte 20 lits, destinés à recevoir trois catégories de malades: 1° les femmes qui arrivent à l'asile à un degré de convalescence assez peu avancé pour exiger encore des soins multipliés et minutieux, et qui, par suite, ne peuvent être astreintes à la discipline commune; 2° les convalescentes d'affections chirurgicales nécessitant des pansements nombreux et soigneusement faits; 3° les convalescentes frappées, pendant leur séjour à l'asile, soit par une maladie intercurrente, soit par une rechute. Le personnel du service médical comprend un médecin en chef; un médecin adjoint et trois internes. L'asile du Vésinet est administré, sous l'autorité du ministre de l'intérieur, par un directeur responsable, assisté d'une commission consultative. Le personnel administratif se compose d'un directeur, d'un receveur économe, de deux commis d'administration et de deux commis de comptabilité, d'un aumônier, de quinze sœurs hospitalières de l'Ordre de la Sagesse, [1] etc. [2] Les ressources financières de l'asile se composent: 1) du prélèvement de 1 pour 100 sur les travaux entrepris dans le département de la Seine, 2) d'une subvention annuelle provenant du legs Montyon, 3) des prix de journées payés par les convalescentes payantes, 4) de la rente de la donation de 20 000 francs faite par M. Aubert, ancien chef de bureau à l'imprimerie nationale. Depuis sa fondation jusqu'en 1866, L'asile a reçu près de 23 000 ouvrières. Les professions qui ont donné le plus de convalescentes sont les couturières, les blanchisseuses, les lingères, les piqueuses de bottines et les fleuristes. Les demandes d'admission sont moins nombreuses à l'asile du Vésinet qu'à celui de Vincennes; cela s'explique par l'empressement de toutes les femmes qui ont un intérieur, une famille, à quitter le plus tôt possible l'hôpital pour regagner leur domicile, où leur surveillance et leur activité font défaut. Mais, quand l'asile du Vésinet ne serait utile qu'à ces pauvres femmes isolées, sans parents, sans appui, qui, sortant de l'hôpital épuisées par la maladie, n'étaient que trop souvent disposées à ne prendre conseil que de leur désespoir, cet établissement tiendrait ne place d'honneur parmi les institutions nées du souffle de la bienfaisance moderne. Notes: [1] Premières arrivées en 1859, les sœurs hospitalières de la Charité de St Vincent de Paul furent remplacées en 1861 par des sœurs de la Sagesse. [2] Parmi les premiers employés du nouvel Asile figurait Maximin Giraud, 21 ans. Il était un des deux enfants qui, dix ans plus tôt, le 19 septembre 1846, furent les témoins de l'apparition de la Vierge à La Salette. [3] Lire aussi L'empereur et l'ouvrière, B. Vivien, 2011.
© Société d'Histoire du Vésinet, 2002-2013 - www.histoire-vesinet.org |