D'après les revues municipales du Vésinet. 2000, 2004, 2010.

Cocorico(s) au Vésinet

Dans le numéro de juin 2000 de la revue municipale du Vésinet, on découvrait le talent et les premiers succès d'un jeune escrimeur formé à la section escrime de l'Union Sportive du Vésinet (USV). Même en comptant à part tous les duels qui se sont déroulés, parfois sanglants voire mortels, sous nos paisibles frondaisons, l'escrime y a toujours connu le succès depuis la fin du XIXe siècle et de nombreux tournois de cette discipline y ont été organisés.

    Escrime [1]

    Quel spectacle !

    Le Cirque d’hiver a été le témoin d’un événement exceptionnel. Un junior de 19 ans imposant sa fougue et son savoir-faire dans le respect de l’éthique sportive, a fait chavirer tous les fans de l’escrime française. Après un parcours exemplaire, la touche victorieuse en finale du challenge AXA (le Roland Garros de l’escrime) propulsait Brice Guyart, sociétaire de l’US Vésinet dans les sélectionnables olympiques de Sydney ; un rêve que son maître d’armes Gérard Rousseau lui prévoyait en 2004, avec sa sœur Astrid !

    D’ailleurs, l’un ne va pas sans l’autre.

    Astrid et Brice ont terminé 7e des derniers championnats du monde cadets juniors à South-Bend aux USA. Brice est ensuite devenu champion du monde junior par équipe. Leurs qualités sont en tous points similaires : généreux dans le travail, perfectionnistes, ambitieux, du caractère pour deux, une tête bien sur les épaules, une personnalité attachante. Que dire de plus !

    La sélection de Brice pour les Jeux Olympiques à Sydney se jouera les 3 et 4 juin à Vienne.

Malgré son jeune âge, il sera retenu dans l'équipe de France des JO de Sydney. Lors de l'épreuve individuelle, il sera éliminé en seizièmes de finale ... par le futur vainqueur, le Sud-Coréen Kim Young-ho. Mais dans l'épreuve par équipe, il participe à la conquête du titre olympique avec Jean-Noël Ferrari, Lionel Plumenail et Patrice Lhotellier. A dix-neuf ans, il devient le plus jeune fleurettiste français médaillé d'or aux JO.
Ce début de carrière prometteur sera confirmé les années suivantes. Brice Guyart obtient la médaille de bronze dans l'épreuve individuelle et le titre par équipes lors des Championnats du monde en 2001. Handicapé par une blessure au poignet en 2002, il est opéré en octobre et reprend la compétition obtenant une nouvelle médaille de bronze aux Championnats du monde en 2003.

Couvertures de la revue municipale du Vésinet consacrées à Brice Guyart

n°18 juin 2000 et n°35 octobre 2004 (coll. shv)

Lors des jeux Olympiques d'Athènes en 2004, Brice Guyart, bien conseillé par le maître d'armes Patrice Menon, va conquérir la médaille d'or de l'épreuve individuelle à l'issue d'un tournoi fertile en émotions : mené 7 touches à 12 par l'Italien Andrea Cassara en demi-finale, il parvient à s'imposer 15 touches à 12 ; puis, en finale, il domine le favori, l'Italien Salvatore Sanzo (15-13). Douze ans après Philippe Omnès, couronné à Barcelone et désormais directeur technique national des équipes de France d'escrime, un autre fleurettiste français est champion olympique.

    Brice Guyart, Champion olympique [2]

    Au cœur d’un été vésigondin des plus calmes, une étincelle a jailli le lundi 16 août. Ce fut en effet la « journée exceptionnelle » d’un jeune vésigondin de 23 ans à Athènes.

    Devenu déjà en 2000 à Sydney champion olympique de fleuret par équipes, Brice Guyart, qui aura passé 15 ans de sa jeune carrière à l’Union sportive du Vésinet (USV), a réussi l’exploit de conquérir le titre olympique dans la compétition individuelle. Après s’être défait aisément d’un Algérien, puis d’un de ses amis de l’équipe de France, il dut ensuite affronter les trois meilleurs escrimeurs mondiaux du moment et vaincre successivement, en quart de finale, l’Allemand champion du monde en titre et en demi-finale puis en finale les deux Italiens, figurant en tête du classement mondial.

    Voilà donc notre concitoyen Brice, troisième champion olympique de l’histoire du Vésinet. Le premier fut l’haltérophile Charles Rigoulot né au Vésinet, médaille d’or aux Jeux olympiques de Paris en 1924, la deuxième fut Virginie Hériot, native du Vésinet, championne olympique de voile aux Jeux olympiques d’Amsterdam en 1928.

    Pour tous ceux qui ont pu suivre cette journée à la télévision et pour le maître d’armes qui l’a formé au Vésinet, Maître Rousseau [3], directeur des Sports de la Ville, et qui était présent à Athènes en sa qualité d’arbitre international, Brice a fait preuve d’une lucidité exemplaire face à des Italiens comédiens ou truqueurs, de détermination et de clarté d’analyse pour savoir faire évoluer instantanément son jeu en fonction du comportement de ses adversaires. L’ayant rencontré chez ses parents au Vésinet le soir de son retour d’Athènes, je peux vous garantir que le succès ne lui est pas monté à la tête et qu’il se prépare à aborder avec autant de sérieux et d’ardeur sa dernière année d’école d’ingénieur en informatique....

L'exploi de Brice Guyart en tournoi individuel face à deux escrimeurs italiens en demi-finale et en finale a été présenté comme la réussite d'une forme classique de l'escrime opposée à une sorte de « dévoiement » de ce sport très sophistiqué. On soulignait dans la presse sportive cette « opposition de style entre le classicisme français et l'extravagance italienne ». Arme d'étude et de pointe (ou d'estoc), le fleuret a été, selon les puristes, dénaturé ces dernières décennies par « l'irruption de tireurs qui ressemblent plus à des sabreurs, avançant avec le bras armé raccourci quand il devrait être tendu. »
Une révolution avait été initiée en 1976 quand Fabio Dal Zotto, quasiment inconnu, s'empara de l'or des Jeux de Montréal. Ses compatriotes Andrea Borella et Stefano Cerioni suivirent la même voie. Pourtant, même en Italie, les champions olympiques Mauro Numa (1984) et Alessandro Puccini (1996) restèrent dans la norme. Dans la tradition du grand Christian d'Oriola, les entraîneurs français prônaient la fidélité à la ligne classique, qui avait produit au cours des dernières décennies Jean-Claude Magnan, Christian Noël, Didier Flament, Philippe Omnès, Lionel Plumenail.
Guyart s'inscrivait dans cette continuité. Me Gérard Rousseau, qui arbitrait les assauts à Athènes (pas ceux de Guyart, évidemment) expliquait : « Je lui ai toujours appris à travailler de la pointe. Il est le seul au monde à réussir ses touches en flèche, capable de lâcher le bras rapidement, pour avoir la priorité, en mettant ses jambes en appui arrière ». [4]
Pour retrouver l'essence du fleuret, la Fédération internationale d'escrime (FIE) avait trouvé une parade. Elle avait décidé avant les Jeux d'augmenter le temps d'impact (le temps de pression sur la mouche), pour limiter les fouettés, et de réduire le temps d'escrime, mesure censée pénaliser les bras repliés.
Pour avoir récité une interprétation classique de sa discipline, Brice Guyart a gagné la médaille d'or à Athènes.

Curieusement, la médaille d'argent d'Astrid à Tokyo [5] n'est mentionnée nulle part dans les publications municipales du Vésinet. Il est vrai que la championne de 38 ans avait, depuis longtemps, quitté notre commune !

Astrid (17ans) et Brice (19 ans) en 2000, graines de champions.
Précocité, talent et ... persévérance (Le Vésinet, la revue n°18 juin 2000.)

 

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    Notes et sources :

    [1] D'après A.-M. Foy. Le Vésinet, la revue n°18 juin 2000.

    [2] D'après A.-M. Foy. Le Vésinet, la revue n°35 octobre 2004.

    [3] Gérard Georges Rousseau, né à Meknes au Maroc en 1950, après une carrière militaire au sein de l'armée de l'air et un titre de champion de France militaire au sabre, était devenu maître d'armes à l'Union sportive du Vésinet. "Maître Rousseau" également arbitre international et dirigeant à la Ligue régionale d'escrime, était aussi directeur des sports de la Ville du Vésinet, tâche qu'il a mené avec brio en relation avec les associations sportives locales et les écoles de la Ville. Il a fait naître de multiples talents dont les plus célèbres sont bien sûr Astrid et Brice Guyart. Gérard Rousseau est mort le 20 décembre 2009 des suites d'un cancer, à l'âge de 59 ans. Le Vésinet magazine n°9 janvier 2010.

    [4] Fleuret messieurs: France-Italie, deux conceptions de l'arme. Dépêche AFP mardi 17 août 2004.

    [5] S'il s'agit bien des Jeux Olympiques de « Tokyo 2020 », l'épreuve féminine de fleuret par équipe se déroula le 29 août 2021. En raison de la pandémie de la Covid-19, les épreuves étaient, en pratique, repoussées de près d'une année.


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