Assemblée générale de la Société d'Histoire du Vésinet, 5 avril 2016 - Hommage rendu à M. Alain Decaux par Alain-Marie Foy, président de la SHV.

Hommage à Alain Decaux (1925-2016)

Il est inutile de reprendre ici toutes les biographies documentées et les éloges unanimes que la presse, qu'elle soit écrite, radiophonique ou télévisée a publiés depuis une semaine, avec une rare convergence de points de vue qui se résume ainsi : Alain Decaux a fait découvrir ou aimer l'histoire aux Français. Je peux vous assurer que c'est mon cas et j'imagine que vous êtes nombreux dans cette salle à partager cette appréciation. Ai-je besoin d'évoquer la Tribune de l'Histoire à la radio avec André Castelot, puis La Caméra explore le temps qu'il réalisa avec son ami, Vésigondin lui aussi, Stellio Lorenzi, et enfin Alain Decaux raconte, véritable prouesse historique et intellectuelle qui est dans toutes les mémoires ?
Mais nous, Vésigondins, nous avons eu une chance particulière : nous avons pu le rencontrer au Vésinet, cette ville dont il a écrit au début de sa préface à la Curieuse Histoire du Vésinet de notre ami Georges Poisson : « Des bois, des pelouses, des lacs, des rivières. Au milieu de tout cela, des maisons blotties dans des jardins. Voilà Le Vésinet, cette ville que j'aime pour y avoir habité pendant plus de vingt-cinq ans ». En effet, arrivé dans notre commune en 1954, il nous quitta en 1982 alors que depuis 1961 il demeurait 7 rue Henri-Cloppet, en face du Bon Sauveur.

J'ai eu la chance d'y être accueilli à quelques reprises, notamment quand en 1962-63 je fondais la Maison des Jeunes et de la Culture, ce dont il se souvint quand il me dédicaça mon exemplaire de Offenbach roi du Second Empire. A deux reprises, il accepta de venir rencontrer nos adhérents de la MJC, notamment pour nous présenter bénévolement l'Affaire Cicéron. Plus tard, à la 1ère page de La Conspiration du Général Mallet, parue fin 1964, il m'écrivit : « ce parfait manuel du conspirateur … à ne pas utiliser ! ». En tête des Dossiers secrets de l'Histoire, il rédigea ces lignes en 1968 à l'intention de Monique qui le présentait à sa signature : « en regrettant d'avoir omis d'écrire le « dossier secret » de l'histoire du Vésinet. » Monique qui se souviendra toujours de l'avoir rencontré dans son appartement du 19 chemin de la Grande Pelouse alors qu'en 1961, étudiante, elle était chargée de recenser les habitants du secteur. Ce dossier secret du Vésinet reste à rédiger !

Alain Decaux en 1979

Photo publiée dans la Revue municipale (n°46, mars 1979)

Alain Decaux est le premier Vésigondin à être entré à l'Académie Française en demeurant au Vésinet. Je le précise car Julien Green qui vécut enfant 1 avenue Scribe et Robert Aron qui naquit 55 avenue Georges-Clemenceau n'ont rejoint le quai Conti que bien longtemps après avoir quitté Le Vésinet. Elu le 15 février 1979, il fit son entrée officielle le 13 mars 1980. Peu après j'eus le bonheur, jeune élu municipal que j'étais devenu, d'aller lui poser dans son salon une série de questions dont les réponses furent publiées dans la revue municipale de juin 1980 tandis que le grand photographe Jean Lattes, Vésigondin de l'avenue de la Princesse, figeait ses expressions sur sa pellicule. [1]

Il a fait visiter, un jour, l'Académie et la salle du dictionnaire à un groupe d'adhérents, dont je faisais partie, de l'Association des Amis d'Alexandre Dumas qu'il avait fondée pour sauver d'un désastre annoncé le château de Monte-Cristo tout près de chez nous. Et ce jour-là, il nous a lu le discours de remerciement qu'aurait pu rédiger l'auteur des Trois Mousquetaires s'il était entré à l'Académie, ce qui lui avait été toujours refusé !
Il était ouvert sur Le Vésinet, quelques souvenirs : je me souviens l'avoir vu à l'inauguration de feue notre patinoire. Il acceptait de donner son concours à telle manifestation, par exemple du Rotary. Je l'ai vu dans cette salle répondre aux questions des membres d'une association vésigondine sur ses deux tomes de l'Histoire des Françaises parus en 1972. Entre autres qualités, il faut mettre en avant la très grande affabilité de cet homme qui savait rester simple et sincère avec ses interlocuteurs quels qu'ils fussent. Un jour il me prêta trois livres de sa bibliothèque personnelle en me disant que j'avais tout mon temps pour les lui rendre !

Je garde précieusement une photo prise au Théâtre lors de l'exposition organisée en 1980 pour le centenaire de la mort d'Alphonse Pallu ; je lui montre l'emplacement des belles photos en noir et blanc du Vésinet prises par Jean Lattes dont j'ai parlé tout à l'heure.

Alain Decaux et Alain-Marie Foy
Exposition "Un Art de Vivre"
Centre des Arts et Loisirs, 1980

Lorsqu'il était ministre de la Francophonie, il était venu présider le diner des Fêtes de la Marguerite avec nos villes jumelles en 1988 ou 89 qui avait eu lieu à la patinoire, après la fin de la saison de glace.

La dernière fois que je l'ai rencontré c'était à l'occasion de son 80e anniversaire qu'il fêtait avec Yvon Gattaz, chez ce dernier, au Vésinet.
Nés la même année, ils étaient tous deux les coadministrateurs, et ils en étaient fiers, du château de Chantilly, propriété de l'Institut de France. J'ajoute qu'étaient présents ce jour-là notamment deux anciens premiers ministres, Raymond Barre et Pierre Mesmer.
Monique et moi nous avons une trentaine de ses livres, dont huit dédicacés à l'un ou à l'autre ou aux deux à la fois. Vous comprendrez que j'apprécie hautement d'avoir pu vous parler de cet homme à qui je dis merci pour ce qu'il a apporté à la culture de notre pays.

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