Société d'Histoire du Vésinet à partir des travaux de B. Pharisien (2001). Compléments bibliographiques (2003-2022) Le fabuleux destin de la famille Hériot La famille est originaire d'Essoyes, en Champagne, au pied
du plateau de Langres, où Nicolas Hériot exerçait, au début du XVIIIe
siècle, la modeste profession de cloutier. Avec son épouse, Marguerite
Favier, il eut deux fils: L'aîné, Nicolas, qui épousa Anne Amiot (1761)
et devint vigneron, tandis que son cadet, Charles (1732-1806) suivit la
voie paternelle, devenant marchand ferrailleur. En 1874, Auguste Hériot fait l'acquisition au Vésinet de l'ancienne demeure
de Rosine Stoltz (1815-1903) cantatrice distinguée, attachée à l'Opéra de Paris, la Villa
Stoltz, avenue Centrale (actuelle av. Georges Clemenceau). Il fera réaliser diverses modifications et agrandissements pour faire de cette villa sa résidence.
Les Grands Magasins du Louvre vers 1895 Le Commandant Hériot fonde en 1886 sur le terrain de sa propriété de La Boissière, près de Rambouillet, l'Orphélinat Hériot une école classée "Ecole militaire préparatoire" en février 1887, devenue "Ecole enfantine Hériot" en 1917, transférée à l'Education Nationale en 1966. Etablissement géré par le Conseil Régional d'Ile-de-France, elle est restée en activité jusqu'au terme de l'année solaire 2021-2022. En 1882, le Commandant Hériot a fait construire sur le terrain de la villa Stoltz, une nouvelle maison, la Villa Hériot, aussi vaste disait-on que l'Hôtel de Ville de Versailles. La Villa Hériot, au Vésinet On a beaucoup écrit à propos de cette somptueuse et éphémère construction. Quelques confusions ont pu apparaitre, en particulier dans les articles consacrés aux épisodes controversés des accès de folie dont son propriétaire, le commandant Hériot, a été frappé. Il n'est donc pas inutile de rappeler quelques données précises et chiffrées qui jalonnent l'histoire de cette propriété.
La Villa Hériot (dessin de Karl Fichot, gravure de A. Tilly). Cette gravure parue dans le Journal Illustré de 1888, était présentée comme figurant la villa Stoltz.
Cette énorme bâtisse n'est que la première manifestation de la folie des grandeurs du commandant Hériot. Les visiteurs sont ébahis des proportions : un hall de vingt mètres de long sur quatorze de haut ! Les uns s'émerveillent de la richesse des décors, d'autres s'attardent sur le luxe des communs, des écuries en particulier. On pourra se référer aux témoignages de Saint-Réal [1] et du baron de Vaux [2] dont des extraits figurent dans nos pages [ICI]. Lorsque fut évoqué l'internement du commandant Hériot en 1888, plusieurs articles, dont certains pleins d'erreurs, furent consacrés à la propriété. Parmi les plus fiables on peut citer : ... Cette propriété, qui s'étend aujourd hui le long de l'avenue Centrale et de l'avenue de la Prise d'Eau, comprend deux corps de bâtiments. L'un d'eux, construit récemment par le commandant Hériot depuis la mort de son frère, s'élève sur l'emplacement des anciennes écuries de Mme Stoltz. L'autre, au contraire, fut bati par la célèbre cantatrice et se trouve à l'extrémité de la propriété sur l'avenue de la Prise-d'Eau. C'est dans ce dernier bâtiment que le commandant, Hériot sera placé en quittant le château de la Boissiere. Deux médecins, qui chaque jour se rendent au Vésinet, surveillent les travaux d'amenagement. Sur leurs instructions, la chambre destinée au commandant Heriot a été entièrement recouverte d'étoupe et de crin ; les vitres ont été remplacées par d'épaisses glaces. Pour prévenir toute évasion, la partie du parc réservée spécialement au commandant est cloturée par des planches et la grille extérieure, qui se prolonge tout autour de la propriéte, va être également revêtue de fortes plaques de tôles.... [3] Finalement, l'état du commandant ne justifiant pas une telle rigueur, ces mesures de confinement seront atténuées et sans conséquences puisque le patient sera finalement logé à Vanves, dans la maison de santé du docteur Fairet « hors de l'influence de ses proches »... On peut noter que sur une carte d'état major de 1901, on situe les différents bâtiments sur ce grand domaine. L'imposante villa Hériot apparait à la fin de l'avenue Centrale, adossée à la clôture, au n°90 de cette voie, juste avant la jonction avec l'avenue de la Prise d'Eau. La villa Stoltz se situe à l'angle de l'avenue de la Prise d'Eau et du chemin de la Grande Pelouse donc assez loin de la voie qui a porté son nom. Une autre maison dite de concierge se situe au fond de la propriété, là où la route de la villa Hériot rejoint le chemin de fer. Cette maison est toujours marquée du monogramme « H » de la famille Hériot. On a parfois évoqué la démolition de la villa Stoltz mais elle est explicitement mentionnée dans les annonces immobilières jusqu'en 1906. A peine terminée, la propriété du Vésinet avait été délaissée au profit d'un château qu'Hériot faisait édifier entre 1890 et 1892 à Essoyes, berceau de la famille. [4] Dans la notice nécrologique que lui consacrait le Monde illustré [7] il est dit : Mêlé légèrement aux événements politiques qui se produisirent autour du général Boulanger qui avait été son camarade à Saint-Cyr, le commandant Hériot donna sa démission de directeur [des Magasins du Louvre] et se retira à la Boissière où il s'occupa plus étroitement de l'orphelinat qu'il avait créé au bénéfice des fils de soldats. Des chagrins intimes assombrirent ses dernières années et il vient de mourir un peu oublié, ayant du reste lui-même recherché la solitude. Après sa mort à La Boissière le 22 juillet 1899, Olympe Hériot y fut inhumé dans le mausolée familial. En décembre 1899, l'ensemble de sa fortune immobilière fut mis en vente. Outre le château de la Boissière et le château d'Essoyes (estimés respectivement pour 1.200.000 frs et 200.000 frs) et la propriété dite Villa Hériot (mise en vente à 150.000 frs et adjugée à 205.000 frs), figuraient aussi deux autres propriétés du Vésinet. L'une, au 17 avenue de la Prise d'Eau, La Berge, et l'autre au 66/66bis route de Croissy, La Chardonnette. [5]
La Villa Hériot en cours de démolition. Carte postale (1914) - collection particulière - tous droits réservés. Marié en secondes noces à Anne-Marie Cyprienne Dubernet (1857-1945) le commandant Hériot en aura quatre enfants :
**** Notes et sources : [1]Saint-Réal, chroniqueur, Le Gaulois, n°2834, 2 juin 1890. [2] Les hommes de sport (préface d'Alexandre Dumas fils), par le baron Charles-Maurice de Vaux chez C. Marpon et E. Flammarion (Paris) 1888. [3] Le Courrier de Versailles - 28 novembre 1888. [4] Bernard Pharisien, "L'exceptionnelle famille Hériot" - Editions Némont, 2001. [5] Audience des criées du Palais de Justice. Vente par voie d’enchères de tous les immeubles appartenant au commandant Hériot. Le Monde Illustré 9 décembre 1899. [6] Le général Leclerc n'étant pas encore fait Maréchal de France au moment de la décision, la voie a gardé le nom d'avenue du Général-Leclerc.
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