D'après l'article de Arthur Pougin - La Stoltz, L'intermédiaire des chercheurs curieux n°1208 Vol LIX,1909

La mystérieuse Madame Stoltz

"Grande artiste et intrigante fieffée, la cantatrice célèbre qui se faisait appeler Rosine Stoltz, et qui ne s'appelait ni Stoltz ni Rosine, reste une figure singulièrement énigmatique et dont il est diantrement difficile de retracer l'histoire. Où était-elle née? Quel était son nom? Quel âge avait-elle lorsqu'elle mourut à Paris le 30 juillet 1903 ? Autant de questions qui jusqu'ici sont restées insolubles. Les uns l'ont dite née à Paris en 1815, à moins que ce ne soit en 1813, d'autres en 1818, et en Espagne, d'où sa mère, Française, serait revenue avec elle à Paris, où elle serait devenue concierge d'une maison du boulevard Montparnasse. Ceux-ci l'appellent Rose Niva, ceux-là Victoire ou Victorine Noël, et elle-même s'est prétendue par sa naissance marquise d'Altavilla".
Ainsi commence la biographie que lui consacrait Arthur Pougin en 1909
.
Selon la version officielle, Victoire Noël serait née à Paris le 13 janvier 1815. Elle serait fille de Florentin Noël et de Clara Stoll, concierges, boulevard Montparnasse. Selon le Grand Larousse Universel, publié du vivant de la
diva, elle se serait appelée Rosé Niva et serait née en Espagne le 13 février 1813. Elle aurait été amenée très jeune à Paris, où sa mère, "portière d'une maison du boulevard Montparnasse, fut longtemps connue dans son quartier sous le nom de la mère Noël." La coïncidence de son jour de naissance avec celui de la mort du duc de Berry expliquerait la protection que lui accorda la duchesse.[2]
On l'a dite élevée, grâce aux largesses de la duchesse, au "Couvent des Bénédictines de la rue du Regard". Faute d'un tel couvent, il s'agirait peut-être plutôt d'un établissement qui, en 1832 existait depuis plusieurs années au 3, rue du Regard, connu sous la dénomination d'Orphelines de la Providence.
Victoire-Rosé fut ensuite élève de la célèbre École classique de Choron, comme Duprez, Hippolyte Monpou, Scudo, Mme Hébert-Massy, etc. mais elle n'eut pas le temps d'y terminer son éducation musicale, cette école ayant été supprimée à la suite de la révolution de 1830. Alexandre-Etienne Choron (1771-1834), qui avait ouvert son cours au 69 de la rue de Vaugirard, a laissé des papiers volumineux, conservés à la Bibliothèque nationale. Professeur de mathématiques à l'Ecole polytechnique dès sa fondation, puis membre correspondant de l'Académie des Beaux-Arts, il fut chargé en 1811 de réorganiser les maîtrises avec le titre de Directeur de la musique des fêtes religieuses. Nommé directeur de l'Opéra en 1816 il provoqua la réouverture du Conservatoire, fermé depuis 1815, sous le nom d'Ecole royale de chant et de déclamation. Dès 1817, il était congédié, sans pension par suite du trop grand nombre de changements qu'il avait voulu apporter. C'est alors qu'il fonda et dirigea l'institution Royale connue sous le nom de "Conservatoire de musique classique et religieuse" qui devint, après 1830, le "Conservatoire royal de musique classique de France". Choron mourut à Paris le 24 juin 1834, Son influence artistique fut considérable et beaucoup de grands artistes passèrent par son école ou utilisèrent ses conseils. On trouve, dans ces papiers, qu'à une époque non précisée, il y avait parmi ses élèves une nommée Noël appartenant à la 4e classe. Il s'agit peut-être de la future Rosine Stoltz. En 1829, mais sous le nom de Rosine Niva, elle prenait part aux célèbres concerts donnés par Choron dans son établissement. A cette époque elle avait perdu son père et habitait chez sa mère, boulangère, 7 rue du faubourg Montmartre. C'est là qu'elle connut Ternaux, le fils d'un des célèbres industriels de la place des Victoires et qui semble avoir été son premier protecteur. Engagée en 1831 par Cartigny pour le Théâtre du Parc à Bruxelles, c'est sous le nom de Rosine Ternaux qu'elIe débuta dans une comédie en vers, les Trois Châteaux, puis dans un vaudeville, La fille de Dominique.
Après avoir joué en Hollande puis, comme seconde chanteuse, à Spa sous le nom de Mlle Héloïse, elle prit à son retour à Anvers, le nom de Stoltz (qui est à peu près le nom de sa mère: Stoll), auquel elle adjoignit le prénom de Rosine, souvenir du nom que lui avait donné son ancien maître ou forme francisée de son vrai prénom ? C'est en tous cas sous ces noms qu'elle obtint ses principaux triomphes.

Rosine Stoltz à ses débuts
Rosine Stoltz à l'académie royale de musique
d'après une lithographie de Gustave.

Après quelques mois passés au théâtre d'Anvers, elle se produisit dans le Pré aux clercs à Lille, puis à Amsterdam, Anvers, puis encore à Bruxelles, où cette fois elle tint le "grand emploi".
C'est à Bruxelles, le 2 mars 1837, qu'elle convola en justes noces pour la première fois, avec Auguste Lécuyer, un avocat de Rouen, mais à la condition de conserver son nom d'artiste ... et sa liberté. Malgré cette latitude laissée aux deux époux, ils se séparèrent judiciairement au bout de quelques années.
Sur la recommandation de Adolphe Nourrit, célèbre ténor de l'époque, qui avait été frappé par la beauté de sa voix et l'intensité de son sentiment dramatique, Rosine Stoltz fut engagée par Duponchel, directeur de l'Opéra de Paris où elle vint débuter le 25 août 1837 dans La Juive, pour jouer ensuite les Huguenots et le Freischutz. En 1840, elle créa le rôle de Léonor, de La Favorite, écrit spécialement pour sa voix de contralto et qui est resté son triomphe avec celui d'Odette, dans Charles VI, et la reine de Chypre, dans l'opéra de ce nom.

On sait la carrière qu'elle fournit à l'Opéra de Paris et les succès qu'elle y obtint pendant dix années, carrière qui lui fut peut-être facilitée par la liaison très intime qu'elle noua avec Léon Pillet, qui avait succédé comme directeur à Duponchel. Ses créations furent nombreuses, dans Guido et Ginevra, Benvenulo Gellini de Berlioz, le Lac des Fées, La Xacarilla, la Favorite, où son triomphe fut éclatant aux côtés de Duprez, de Barroilhet et de Levasseur, la Reine de Chypre, le Guerillero, Charles VI, qui mit le comble à sa renommée, Dom Sebastien de Portugal, le Lazzarone, Othello, Marie Stuart, l'Etoile de Séville, David, Robert Bruce.

Madame Stoltz dans la favorite
Mme Stoltz, costume de la favorite
dessin: Antoine Roy; lithographie A. Collette.
(Gallica-BNF [3])

Mais La Stoltz, (on disait La Stoltz comme on avait dit La Malibran, comme on dirait La Callas) égoïste et jalouse, ne voulait de succès que pour elle seule, et abusait de sa situation auprès de Léon Pillet pour écarter toutes les cantatrices dont la valeur pouvait lui porter ombrage. Ainsi avait-elle fait, notamment, pour Mme Dorus-Gras, qu'elle découragea au point de lui faire quitter l'Opéra. Le scandale devint tel, qu'elle se fit, en dépit de son talent, prendre en haine non seulement par ses camarades, mais par le public, et que les journaux ne se gênaient pas pour dévoiler et juger avec sévérité sa conduite sous ce rapport. Un scandale qui se produisit à la première représentation de Robert Bruce, le 30 décembre 1846, donne la note de la froideur des relations qui avaient fini par s'établir entre elle et le public. A cette époque elle relevait d'une assez longue maladie, une "fluxion de poitrine", qui durant quelques mois l'avait tenue éloignée du théâtre. Elle faisait sa rentrée dans le pastiche que, sous ce titre de Robert Bruce, Gustave Waëz, Alphonse Royer et Niedermeyer avaient arrangé sur la musique de Rossini. Les habitués de l'Opéra, à qui la Stoltz était devenue antipathique, ne désiraient nullement cette rentrée. On parlait même, à mots couverts, d'une cabale qui se serait organisée contre elle. Malheureusement pour l'artiste, elle se trouva donner, fort involontairement, prise à la critique. Soit que les bruits qui couraient fussent venus jusqu'à son oreille et l'eussent émue plus qu'il n'eût fallu, soit qu'elle ne fût pas suffisamment remise de sa récente maladie, toujours est-il qu'il lui arriva, le jour de la première, un accident fâcheux, et qu'à un moment, elle détonna d'une façon formidable. Robert Bruce n'est qu'une traduction de la célèbre Donna del Lago de Rossini; au second acte, l'héroïne, Marie, oppressée par sa tristesse, se lève et commence le bel O quante lacrimel... "
Théophile Gauthier a racconté l'épisode dans une lettre:

A ce moment, soit que l'émotion de chanter un air si célèbre troublât Mme Stoltz, soit qu'elle se ressentît encore de l'indisposition qui avait retardé la représentation de la pièce, sa voix se mit à baisser et descendit d'un quart de ton. Le public de Paris, qui est certes le plus doux et le plus poli de tous les publics, faisant sans doute la réflexion que Mme Stoltz, à peine relevée d'une fluxion de poitrine, ne pêchait que par excès de zèle, n'eût donné aucune marque de désapprobation et n'eût protesté que par un froid silence, si les romains ne fussent venus tout gâter par des applaudissements intempestifs. Quelques chut! adressés plutôt aux optimistes gagés qu'à la cantatrice, provoquèrent, de la part de ceux-ci, de nouvelles salves de la plus bruyante impertinence; les chut! redoublèrent, des sifflets vinrent s'y mêler. Pendant ce temps, Mme Stoltz, pâle, hors d'elle-même, arpentait le théâtre avec des pas et des gestes convulsifs ; elle paraissait vouloir quitter la scène. Quelques injures de la plus abjecte espèce lui avaient été, dit-on, jetées à bout portant de l'orchestre. Outrée de colère, elle dit, assez haut pour être entendue, de toute la salle, tournée vers la loge directoriale : "Mais vous entendez bien qu'on m'insulte!... C'est intolérable! Je suis brisée!" Puis, en se dirigeant vers la porte du fond, elle déchira son mouchoir dans un accès de rage silencieuse et en jeta violemment les morceaux par terre. La pièce continua néanmoins, mais au milieu d'une émotion facile à comprendre.

Une partie des spectateurs, qui ne demandaient sans doute qu'un prétexte pour manifester son hostilité, s'étaient mis à siffler avec vigueur. D''autres voulurent applaudir; des sifflets plus aigus répondirent, des altercations s'échangèrent, et l'on assure même que Mme Stoltz, décontenancée, pâle de douleur, de dépit et de colère, reçut de certains, en plein visage, "quelques épithètes fâcheuses et qui s'adressaient plutôt à la femme qu'à l'artiste". Peu habituée à un tel accueil, la rage au coeur, elle quitta enfin la scène. Elle reparut cependant et la représentation put se terminer. Robert Bruce fut même joué plusieurs fois.
Mais le coup était porté, et la situation de Mme Stoltz devint bientôt impossible à l'Opéra. Elle le comprit ou peut être le lui fit-on comprendre et, vers le milieu du mois de mars 1847, elle adressa la lettre suivante au duc de Coigny, président de la Commission spéciale des Théâtres royaux:

Monsieur le Président,
En butte depuis trop longtemps à des calomnies que je ne puis supporter, signalée comme un obstacle à l'avènement de tout talent nouveau, je ne puis résister au besoin que j'éprouve d'opposer à des accusations injurieuses la seule réponse qui convienne à mon caractère. Mon engagement n'expire qu'en juin 1848, mais dans la disposition où m'ont su mettre des persécutions dont on reconnaîtra plus tard l'injustice, il m'est tout à fait impossible de le continuer.
Je l'ai déclaré fermement à M. le directeur et crois devoir en informer la Commission, bien décidée à plutôt payer mon dédit que de rester plus longtemps exposée au soupçon d'être un obstacle à la prospérité de l'Opéra.
Si je ne consultais que mon désir et mes intérêts, je n'hésiterais pas à m'éloigner sur le champ ; mais je ne veux pas donner l'apparence d'un coup de tête à une résolution bien mûrement réfléchie. Je croirais en outre manquer au premier de mes devoirs envers le public et envers la direction, en entravant le répertoire par un départ subit. Je continuerai donc loyalement mon service pendant le temps nécessaire à mon remplacement. S'il faut rester un mois encore, je resterai, mais, dès à présent, je mets, quant à moi, tous mes rôles à la disposition immédiate de toute artiste que l'on jugera convenable d'y faire débuter.
Auriez-vous, Monsieur le Président, la complaisance de communiquer cette lettre à la commission, pour qu'aucun de Messieurs les membres dont elle se compose ne puisse se méprendre sur la cause de ma résolution?
Agréez Monsieur le duc, l'assurance du respect de votre très humble servante,

Rosine STOLTZ

Mme Stoltz s'efforçait de sauver la face, et, par cette lettre rendue publique, de faire croire que son départ était volontaire. La vérité est que le ministère, déjà depuis longtemps fatigué de la situation qu'elle avait créée à l'Opéra, exigeait devant le scandale récent, non seulement son départ, mais celui de Léon Pillet, qui, en effet, quelques semaines après, remettait le théâtre aux mains de son prédécesseur Duponchel et de Nestor Rocqueplan.
Mme Stoltz habitait 44, rue Laffitte, à Paris. C’est à son domicile que son mobilier fût vendu le 26 avril 1847. D’après Cantinjou, parmi les objets vendus figuraient, un Christ en ivoire sculpté par Jean de Bologne, un Christ en Bronze, ouvrage de Benvenuto Cellini, un Titien, un Rembrandt, un Murillo, ... et des toiles de moindre importance du Bronzino, de Carlo Dolei, de Sasso Ferrato, de Salvator Rosa etc...

Quant à Rosine, elle disparut.
Le 21 janvier 1848, naquit à Paris Charles Raymond Stolz. Quelques années plus tard, le 11 avril 1865, il fut anobli par Ernest Il, duc régnant de Saxe-Cobourg & Gotha, et créé définitivement, le 25 septembre 1868, baron Stolzenau von Ketschendorf... Les armoiries et la devise octroyés par Ernest II à Carl Raymond sont au surplus significatives: D'azur à une harpe d’or (dit Rietstap). Cimier: La harpe entre un vol d’or, chaque aile chargée de trois fasces d’azur. Devise: Vis in corde. Ernest CarI-Wilhelm-Josef-Hubert de
Ketschendorf, né à Cobourg le 3 mai 1873, fils aîné de Carl Raymond, sera un des déclarants de la mort de Rosine Stoltz et se reconnaîtra, dans l’acte de décès, petit-fils de la célèbre cantatrice.
Son père, Carl de Ketschendorf, qui fut conseiller de légation d’Ernest II, avait des prétentions littéraires. Il fit paraître sous son nom, à Bruxelles, en 1869, un gros volume intitulé Archives judiciaires. Ce recueil de grands procès politiques est, en réalité, l’oeuvre d’un Belge, Gustave Oppelt (1817-1888).
Rosine Stoltz s'adressera encore au complaisant Oppelt lorsqu’elle voudra, onze ans plus tard, signer du nom ronflant de princesse de Lesignano, adopté alors par elle, Les Constitutions de tous les pays civilisés. L’ouvrage parut à Bruxelles en une édition superbe, avec le portrait et la signature autographe de l’auteur, qui en fit remettre, le 5 décembre 1881, un exemplaire à la classe des lettres de l’Académie royale de Belgique.

Rosina Stoltz
Rosina Stoltz - Baugniet photographe
Gallica BNF

Mais revenons à 1850. Rosine, reparut et après quelques tournées en province, obtint de grands succès hors de nos frontières, à Lisbonne, au théâtre royal de Turin, puis à Rio où elle devint la "bonne amie" de l'empereur Dom Pedro, qui fit pour elle, dit-on, de véritables folies. On raconte qu'un jour, entre autres, pour la représentation donnée à son bénéfice, il ordonna que l'on couvrit de pétales de roses le chemin qu'elle devait suivre pour aller de sa demeure au théâtre, de sorte que sa voiture passait littéralement sur un lit de roses. Jamais souverain n'avait été l'objet d'un tel honneur.
Au commencement de 1855, elle était de retour à Paris, et donnait un petit nombre de représentations à l'Opéra, où elle joua particulièrement, le rôle de Fidès, du Prophète que Meyerbeer lui avait destiné à l'origine. Puis elle quitta définitivement le théâtre, du moins pour son compte personnel; car on assure que lorsque, deux ou trois ans après, le mime Deburau, deuxième du nom, prit la direction, aux Champs-Elysées, de l'ancienne petite salle Marigny à laquelle il donna le nom de Théàtre Deburau, c'est elle qui fournit les fonds de cette modeste entreprise, et qu'il y avait à cela des raisons tout intimes..
Car Charles Deburau, loin d’avoir la figure anguleuse de son père, était gracieux, remplaçant l’incomparable fantaisie de l’auteur de ses jours par l’élégance. Charles négligeait son service au petit théâtre des Funambules, et les recettes s’en ressentaient. Les relations du mime avec son directeur, qui était en même temps son tuteur, devinrent de plus en plus tendues. Un beau jour, le Pierrot envoya tout à fait promener Billion (c'était le nom du directeur). Il y avait un dédit de 10.500 frs à payer, il le paya. Aussitôt Charles Deburau entra en pourparlers avec M. Hiltbrunner, le directeur du théâtre voisin des Délassements-Comiques. Madame Stoltz apporta à celui-ci 140.000 frs dont 30.000 étaient réservés à la réfection complète de la salle. Charles était engagé comme artiste et directeur de la scène pour huit ans, à partir du 1er novembre 1855 à raison de 8000 frs par an. Rosine Stoltz avait alors 43 ans, et Charles 27....
Ce fut le coup de grâce pour Billion qui vendit son petit théâtre des Funambules. Mais l'entreprise des Délassements-Comiques ne réussit pas davantage. La "fauvette" reprit sont vol, le "pierrot", la clé des champs.

C'est à cette époque, en 1860, que Rosine Stoltz se fit construire une somptueuse villa au Vésinet. Les plans avaient été commandés à Pierre Joseph Olive, l'architecte en titre de MM Pallu & Cie. La "Maison de la chanteuse", inspirée dit-on d'une maison de Pompéi, s'élevait sur la "route n° 4, rive Gauche". La voie prit tout naturellement le nom de route de la Villa Stoltz. Les peintures bibliques qui l'ornaient ont été préservées et sont aujourd'hui au musée de Beauvais.
Une dizaine d'années plus tard, la maison fut vendue à Charles Auguste Hériot qui l'occupa jusqu'à sa mort en 1879. Son frère hérita de la propriété et y fit bâtir une autre villa, plus somptueuse encore, La Villa Hériot. Le nom de "route de la Villa Stoltz" subsista jusqu'en 1890, lorsque le Conseil municipal le changea en "route de la Villa Hériot"..

la Villa Stoltz
La Villa Stoltz (1861),
Pierre Joseph Olive, architecte.

En 1878, à Pampelune, Rosine se maria pour la seconde fois, à don Manuel-Louis de Godoï, prince de Bassano, prince de la Paix. Elle avait avec ostentation l’orgueil de ces divers titres, comme dans une lettre d’elle, datée de 1879, qui porte cette signature aussi étrange que compliquée "Rosa, duchesse et princesse de Lesignano, princesse de Bassano, de Godoy et de la Paix, baronne et comtesse de Ketschendorf, née marquise d’Altavilla (Rosa Stoltz)." On retrouve dans cette litanie, aux côtés des titres de son mari, ceux obtenus par son fils et quelques autres peut-être inventés. On lui a prèté un troisième mariage avec un prince de Lesignano di San Marino, sans pouvoir en préciser ni le lieu ni la date.
Rosine mourut dans le superbe hôtel Cosmopolite de l’avenue de l'Opéra, précisément la veille du jour où échéait son quartier de pension. De sorte que le convoi fut plus que modeste...
L’acte de décès fut dressé comme suit:

L’an mil neuf cent trois, le trente Juillet à midi, Acte de Décès de Victoire Noël dite Rosina Stoltz, Princesse Godoy de Bassano, Comtesse de Ketschendorf; Veuve en premières Noces de Alphonse Auguste Lescuyer; Veuve en secondes Noces de Godoy, prince de Bassano; née à Paris, y décédée en son domicile, avenue de l'Opéra, n°30 ce matin à quatre heures, âgée de quatre-vingt huit ans et demi ; fille de Père et de Mère décédés dont les noms ne Nous sont pas connus. Dressé par Nous, Charles Joseph Eugène Lavanoux, Adjoint au Maire, Officier de l'Etat civil du deuxième Arrondissement de Paris, Officier d’Académie, après constatation, sur la déclaration de Ernest Charles William de Ketschendorf, âgé de trente ans, sans profession demeurant à Londres, Iles Britanniques, petit fils de la défunte, et de Georges Charles âgé de cinquante ans, EmpIoyé demeurant Rue Bonaparte, n°7, non parent de la défunte.
Témoins qui ont signé avec nous, après lecture...

En 1909, la Société de l’Histoire du Théâtre prit la décision de renouveler la concession de cinq ans, grâce à laquelle la fameuse cantatrice, créatrice de la Favorite, reposait au cimetière de Pantin, ailleurs que dans la fosse commune, déjà bien oubliée.

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    Notes et sources:

    [1] Arthur Pougin - La Stoltz, L'intermédiaire des chercheurs curieux n°1208 Vol LIX ,1909.

    [2] Pierre Larousse - Stoltz, Rosine, in Grand Dictionnaire Universel du XIXe siècle, Paris 1878.

    [3] Illustrations: Rosine Stoltz (1815-1903) - BNF Richelieu, Musique fonds estampes, Stoltz R.


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