Les armoiries du Vésinet

Les armoiries de la commune du Vésinet datent de 1898. Le principe en fut adopté par le Conseil municipal le 2 août 1897. Le Conseil avait décidé qu’y figureraient: "Un cor, de forme ancienne, rappelant la légende de Roland, une marguerite, sous le vocable de laquelle M. Pallu, premier Maire du Vésinet, a placé cette Commune qu’il a fondée et une guirlande de feuillage de chêne rappelant la forêt qu’était naguère ce pays". Elles furent officialisées par arrêté du maire, Charles Drevet, du 2 août 1898.

La description héraldique est la suivante: "de gueules au cor de chasse d'or, contourné et virolé d'argent ; au chef cousu d'azur, chargé d'une marguerite, boutonnée d'or, tigée et feuillée de sinople, accotée de deux feuilles de chêne d'or, celle à dextre posée en bande et celle à senestre posée en barre. L'écu sommé d'une couronne murale et accoté de deux branches de chêne naturel."

Il existe une version noir et blanc puisque les couleurs héraldiques sont codifiées : gueule (rouge) = hachures verticales ; azur (bleu) = hachures horizontales, etc.

Avant d'être une commune, Le Vésinet fut une paroisse et diverses formes de blasons et de monogrammes furent proposés pour l'illustrer. Certaines ont pu être attribuées à Alfred Couverchel, un jeune peintre installé au Vésinet en 1863, dont la passion pour l'héraldique est connue, ou à sa sœur Claire qui fit don de toiles à la paroisse au moment de l'inauguration de l'Eglise. On peut aussi noter que le premier curé de la paroisse, auteur d'un Armorial des cardinaux, archevèques et évèques contemporains de France (Saint-Quentin, Triqueneaux-Devienne, 1874), était aussi intéressé par l'héraldique.

Le plus ancien et le plus mystérieux des "projets" (à gauche), fut peut-être peint par Couverchel sur une toile offerte à la paroisse Sainte Marguerite en 1865. "D'or ou d'argent, à un chêne de sinople englanté d'or, au chef d'azur chargé d'un monogramme SMV d'or, accosté de deux marguerites tigées et feuillées d'argent, avec la devise Quercus Margaritis emicant". Il concernait la nouvelle paroisse. Les deux marguerites d'or encadrent le monogramme SMV pour Sainte Marguerite du Vésinet. Il est accompagné de la devise "quercus marguaritis emicant", qui signifie "les chênes s'élèvent d'entre les marguerites".

 

Un second projet, que l'on date de 1869, conservait l'arbre de sinople (vert) mais substituait au monogramme S.M.V, un château d'argent. La devise était devenue "robur et venustas", c'est-à-dire "force et beauté". On pouvait voir cette forme héraldique dans le quatrième quartier d'un blason sur le vitrail de Sainte Marguerite (Lobin, Tour, 1880). La photographie (ci-contre, à droite) laisse deviner la composition qui n'est plus en place depuis les transformations des vitraux des années 1990.

On peut s'interroger sur l'originalité de ces compositions qui ne sont peut-être que des détournements de blasons existants.

Le blason officiel est dû à Eugène Edouard Bénard (1868-1939) ancien secrétaire général de la commune qui eut, semble-t-il du mal à faire reconnaître la paternité de son ouvrage.
En 1897, alors qu’il était jeune responsable des services municipaux, répondant au vœu du Conseil municipal, il proposa un blason qui manquait à la commune. Les armoiries qu’il imagina sont celles que nous connaissons aujourd’hui, à quelques détails près. Le conseil municipal comptait alors dans ses rangs Arthur Maury, célèbre marchand de timbres et un des inventeurs de la philatélie. Ce dernier s’empressa de modifier le projet de Bénard, afin, certainement, de le rendre conforme aux règles héraldiques en usage. Maury présenta le nouveau projet devant le conseil le 2 août 1897 et distribua à ses collègues un imprimé de sept pages rédigées par lui et décrivant le futur blason destiné à agrémenter les salles municipales, à chiffrer ou orner les imprimés, le mobilier, les édifices, les attributs de fêtes etc.

Ce monogramme daté de 1909, offert à la commune par Eugène Bénard en 1925, qui reprend toutes les lettres du mot VESINET, n'a semble-t-il jamais été utilisé.

Le monogramme SMV de la paroisse Sainte Marguerite du Vésinet a été employé jusque dans les années cinquante pour illustrer diverses brochures, ici l'Echo paroissial de Sainte Marguerite du Vésinet (Août-septembre 1949)

Un quart de siècle plus tard, Eugène Bénard soucieux de faire reconnaître sa contribution, écrivit au maire Camille Saulnier et y joignit le monogramme ci-dessus créé par lui en 1909. Il en autorisait la reproduction sous forme de "vignettes, peintures ou sculptures", à condition que ses initiales au moins y figurent. Cette lettre resta sans effet, comme d'autres adressées des années plus tard au maire Henri Cloppet. Cependant, un article de la Revue de l'Histoire de Versailles (1938) consacré aux armoiries des communes du département lui rendit justice en le reconnaissant comme le créateur des armoiries du Vésinet.

Depuis 1898, les utilisations que l'on fit de ces armoiries sont innombrables. Parmi les plus anciennes, cet ancêtre de l'épinglette (début du XXe siècle), associé à une fonction officielle. On remarquera que le rameau de gauche est bien de feuilles de chêne alors que celui de droite est un rameau de lauriers.

Autre épinglette frappée de la mention Amicale des A.E. L'amicale des anciens élèves était une des associations sportives du Vésinet, au début du XXe siècle, ancêtre de l'Union Sportive du Vésinet.

En, 1970, avec la généralisation de l'usage des "logos", la municipalité adopta une forme stylisée de son blason, déclinée dans toutes les couleurs. Elle resta en usage jusqu'en 1995, date du retour à la version "historique" de 1898.

En quelques occasions (ici la brochure publiée en septembre 1991 pour rendre compte de la révision du Plan d'Occupation des Sols) une forme encore plus stylisée a pu être utilisée.
La guirlande de feuillage de chêne rappelant la forêt qu’était naguère ce pays est généralement omise dans les formes stylisées. Elle est pourtant une partie intégrante des armoiries définies par l'arrêté de 1898.

 

Les armoiries de la Ville forgées par les services techniques

Cliché SHV.

 

Adaptation des armoiries pour un vitrail

Cliché SHV.

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    Les armoiries et la notion d'identité visuelle

    C'est au lendemain de la seconde guerre mondiale que l'usage systématique des armoiries de la ville s'est généralisé sur les documents officiels et le papier à lettre de la mairie. Il s'est poursuivi sans grandes modifications jusqu'à la fin des années 1980.

    En-tête de papier à lettre officiel de la mairie

    1945 (imprimerie) ; 1967 (off-set) ; 1989 (photocopie)

    Tout à fait adaptée aux techniques d'imprimerie traditionnelle, la reproduction du blason dans sa forme bicolore devient plus hasardeuse avec l'off-set et donne un résultat généralement médiocre avec les premières méthodes de reprographie. C'est ce qui a justifié l'apparition de formes stylisées dès les années 1970, leur usage comme en-tête officielle devenant systématique durant le 5e et dernier mandat d'Alain Jonemann (1989-1995). En 1995, son successeur, Alain-Marie Foy, revint à la forme traditionnelle mais en couleur, choix justifié par les progrès des techniques de reprographie laser.

    En-têtes de papier à lettre officiel de la mairie (1989 et 1991)

    La notion d’identité visuelle comprend « l’ensemble des éléments graphiques permettant d’identifier une entreprise : logotype, typographie, couleurs, signalétique, dont l’usage est encadré par une charte graphique. Ces éléments sont déclinés dans une cohérence visuelle sur l’ensemble des supports utilisés et assurent une perception globale de l’entreprise et de ses valeurs ». C'est l'image de marque.
    Issue du vocabulaire du marketing, l’image de marque d’un produit, d’une entreprise (et dans le cas présent d'une ville) s’appuie sur cette notion d’identité visuelle. C'est dans ce but que beaucoup de villes ont choisi d'avoir recours à des représentations stylisées de leurs armoiries, repensées selons les codes du marketing, voire de s'en affranchir complètement.
    C'est le choix que fit la municipalité du Vésinet en 2021, organisant un pseudo sondage pour déterminer la forme du « logo » ayant vocation à « permettre une identification plus rapide des supports officiels émanant de la mairie tout en protégeant son image. Contrairement à ce nouveau logo, le blason du Vésinet, constitué d’éléments ayant une dimension historique, ne constitue pas une œuvre originale et n’est donc pas actuellement protégé par le Code de la propriété intellectuelle. »

    Choix offert aux vésigondins pour le logo de la municipalité (2021-2022)

     

    Les armoiries sont intemporelles et chargées de sens ; elles appartiennent à l'Histoire.

    Dessin d'enfant

     

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    Sources :

    Jean Delcour, le Vésinet historique, Amelot, 1962.

    Ministère de la culture, Inventaire du patrimoine mobilier, Verrières de l'église Ste Marguerite du Vésinet (n°39-03), 1986.

    JP Debeaupuis, collection particulière.

    Le Vésinet, ville jardin, révise son POS, septembre 1991.

    Archives municipales, L'archive du mois, février 2008.

    Magazine municipal #78, février 2022.


Société d'Histoire du Vésinet, 2008-2022 - www.histoire-vesinet.org