... Une paroisse instituée dans la contestation L'édification de l'église Doter le parc du Vésinet d'une église
faisait partie du programme inscrit dans le Cahier des Charges de 1858.
Chaque propriétaire, quelle que soit sa religion, versait un impôt
pour sa construction. Dans les actes de vente contractés entre la Société Pallu
et les acquéreurs, la mention du procès-verbal du 1er octobre 1858
stipulait Que dans le cas d'édification d'une église, chaque
propriétaire verse une contribution d'un centime par mètre superficiel
et par an .
Une fois de plus, la presse parisienne s'empara du nouvel événement que constituait la première fête patronale du 20 juillet 1862, relatant en détail ses différentes phases qui durèrent trois jours. Les Compagnies de Sapeurs-Pompiers de St-Germain, du Pecq, de Croissy et de Chatou assistèrent aux manifestations de la bénédiction de la première pierre. Les Pompiers de Chatou, présentant armes, assistèrent à la cérémonie religieuse et à l'arrivée de Monseigneur Mabile, évêque de Versailles. Celui-ci célébra une messe magnifique, accompagnée de musiques de Rossini, d'Alfred Adam et de Jean-Sébastien Bach, dans un concert de hautbois et de harpes. La pierre bénite, n'attendait plus que la nature et les plans de construction, car le concours d'architectes ne sera ouvert que le 15 novembre 1862 ! [1] 20 juillet 1862 : Bénédiction de la première pierre de la future église du Vésinet La bénédiction de la première pierre de l'église par l'évêque de Versailles avait ouvert les festivités. Le programme du dimanche 20 juillet se poursuivit par un concert à 14 heures dans le parc. L'après-midi fut animé par la fête foraine et des représentations théâtrales en plein air. Les illuminations féeriques entamèrent la soirée à 20 heures le grand feu d'artifice fut tiré à partir de la pelouse des Concerts et enfin pour terminer, un bal fut donné sous la tente nomade de M. Choteau, montée sur la place du marché. C'est le style éclectique proposé par Louis-Auguste Boileau, vainqueur du concours, avec l'emploi du fer et de la fonte, conjointement au " béton aggloméré" du système Coignet, qui devait conduire à l'édification d'une église moderne, et confirmer les élans saint-simoniens de la Société Pallu. L'année 1865 vit l'achèvement de l'édifice. Alors qu'elle n'était pas encore livrée au culte, l'église reçut sa cloche, baptisée le 14 mai 1865, au cours d'une cérémonie " intime" . Seuls les propriétaires et les habitants, déjà fort nombreux, en furent avertis. La cloche, réalisée par la maison Dutot & Jérome, 51bis, cours de Vincennes à Paris, a été fondue à Saint-Etienne. Elle pèse 360 kg et donne un son grave, sonore et vibrant. Elle a pour nom, Marie-Marguerite et porte l'inscription suivante : " LUGEO DEFUNCTOS, NATOS CANO, CONVOCO PLEBEM, NUNTIO FESTIA, PIA VOCE CELEBRO DEUM" “mes fonctions sont de pleurer les
défunts, de chanter les naissances, de réunir le peuple des fidèles, Pour sa fabrication, les fondeurs de Dutot & Jérome,
ont adopté le système de la société prussienne Bochum qui emploie
sans autre alliage l'acier fondu, remplaçant avec succès et grande économie,
le bronze jusqu'alors en usage. Une autre particularité novatrice,
peu connue, de l'église du Vésinet. Système de voûtes avec ossature de métal (fonte et fer) de Louis Auguste Boileau, utilisé dans la construction de l'église Ste-Marguerite du Vésinet. École nationale supérieure des Beaux-Arts, 1863. Enfin, le dimanche 2 juillet 1865, a
lieu la fête très attendue : la consécration et l'inauguration de la
nouvelle église. La cérémonie commence à 7 heures du matin avec l'arrivée
des reliques. Elles sont portées sur les épaules par des lévites dans
une châsse recouverte d'un voile d'azur constellé d'étoiles d'argent.
Le cortège accomplit le tour de l'église, avant d'y rentrer. Les reliques
sont placées à la base du nouvel autel. On laisse entrer la foule pour
la messe de 9h30. On compte à peu près 1800 personnes. Les dames s'assoient
dans la nef les hommes se tiennent debout dans les bas-côtés, les
autorités et la famille Pallu, ainsi que les invités de marque, s'installent
sur les banquettes dans le haut du chœur. Les artistes, venus pour
chanter, et les familles des entrepreneurs de l'église prennent place
dans la tribune de l'orgue. La messe est dite par l'abbé Maret, de
Bougival. Jean-Baptiste Léon Maret vient d'être nommé curé de la nouvelle
paroisse du Vésinet par Monseigneur Mabile, qui préside la célébration. Alphonse Pallu intervient pour prononcer un discours en présence de
l'évêque. Vers la formation d'une nouvelle paroisse Depuis l'inauguration de l'église, concerts
religieux et célébrations se succèdent comme autant d'événements mondains. Deux jours après, l'abbé Léon Maret, l'architecte Boileau et les cinq membres de la commission administrative de la paroisse, élus lors de l'Assemblée générale des habitants du Vésinet, tenue le 27 août 1865 (MM. Pallu, Moncharville, Derignières, Malpas et Piat) scellent la seule pierre faisant partie de la construction (celle qui fut bénie en juillet 1862), en présence de Mme Pallu et ses enfants, des demoiselles de la confrérie de la Vierge, présidée par Mlle Gabrielle Moncharville, fille de Jean Moncharville. [3] Au début de l'année 1866, à l'instigation de l'écrivain Galoppe d'Onquaire, l'Empereur fera don à l'église du Vésinet d'une série de tableaux à l'huile, constituant un Chemin de Croix, exécutés dans les ateliers de la maison Alcan. Ce Chemin de Croix par le peintre parisien Alcan, fut offert par Napoleon III entre 1864 et 1869 à plusieurs paroisses, dans toute la France. Par la suite, Alcan se fit une spécialité dans l'édition de Chemins de Croix sous forme de peintures copiées d'après Victor-Casimir Zier (peintre hongrois) ou de lithographies de Léon Mauduison s'en inspirant. L'inauguration du nouveau
presbytère derrière l'église, donne lieu, elle aussi à une
cérémonie, le jour de la Pentecôte de l'année 1866. Revêtu des
ornements des beaux jours, précédé de la croix de la Rédemption,
suivi de jeunes filles vêtues de blanc et de nombreux fidèles,
l'abbé Maret quitte l'église pour se diriger vers le presbytère,
où la foule se presse dans le jardin. Flanqué d'une tour,
le bâtiment s'inspire de l'architecture du XIVème siècle, que l'art
et le progrès modernes tentent d'imiter dans le perfectionnement.
Après le discours du curé, le cortège traversera la place du futur
marché pour assister à la cérémonie d'inauguration de la première école.[4] Une nouvelle paroisse contestée Avant qu'un décret impérial ne l'institue
officiellement, la formation de la nouvelle paroisse du Vésinet suscitait
quelques remous. La Société Pallu avait annexé à sa propriété de l'ancienne
forêt une portion de la commune du Pecq comprise entre le nouveau parc
et la Seine. En juin 1865, 300 propriétaires alpicois de la rive droite
rédigèrent une lettre de pétition adressée au préfet de la Seine-et-Oise,
protestant contre la mutilation arbitraire de la paroisse
du Pecq par la compagnie Pallu. Ils évoquaient les conséquences
néfastes qu'entraînait le partage : réduction des ressources
communales déjà trop minimes, et surtout, allongement
abusif des itinéraires rituels. En effet, l'église du Pecq
est située à 1 km du Rond-Point, à proximité de la mairie, alors que
celle du Vésinet est à 2 km plus à l'Est. Ainsi, le parcours d'un mariage
passerait de 2 à 6 km, avec deux franchissements de la Seine, à savoir,
1 km pour se rendre à la mairie du Pecq, 3 km pour rejoindre l'église
du Vésinet à l'opposé, 2 km pour revenir au foyer. Un an plus tard, le 21 juillet 1866,
l'Empereur décrètera néanmoins l'institution de la nouvelle paroisse
du Vésinet avec un plan indiquant les limites de la nouvelle paroisse. [6] Il semble qu'une négociation ait eu lieu car l'évêque de Versailles, dans son ordonnance du 12 mars 1867 énonçait en 7 articles les mesures d'application du décret, dont le périmètre de la nouvelle paroisse. Or, le plan annexé à l'ordonnance est différent de celui du décrêt. Le point de discorde portait sur la Faisanderie, englobée dans le périmétre de la paroisse du Vésinet selon le décret impérial, mais finalement rendu à Chatou. [7]
Au centre de toutes les célébrations liturgiques, l'abbé Léon Maret. Son ministère au Vésinet, qui s'était ouvert dans la liesse, le faste et l'allégresse, devait s'achever quatorze ans plus tard dans un terrible scandale qui fit les choux gras de la presse et la joie des amateurs de chansons grivoises. En 1879, il fut accusé de subornation de mineures et au terme d'une affaire qui fit grand bruit, il fut condamné à dix ans de réclusion. Sources & notes: [1] Nilles, M. — La genèse d'une cité-jardin, Le Vésinet 1857-1866 mémoire de Maîtrise, Université Paris I, 1989. [2] L'Industriel de St-Germain, 20 mai 1865. [3] Jean Moncharville fut nommé administrateur provisoire de la nouvelle commune en 1875. Il était propriétaire de la grande villa à l'angle de la route de la Faisanderie et du boulevard de Ceinture RD, actuel boulevard des États-Unis, qui abritera la Kommandantur, durant l'Occupation]. [4] Le chalet restaurant de la Station du Pecq, démonté et reconstruit au 5, rue du Marché (voir ici). [5] La Mémoire de Croissy, — Supplément au bulletin 2006, recherches. [6] Archives diocésaines, Versailles. [7] Le quartier dit de la Faisanderie, à Chatou, avait été mis en lotissement en même temps que le parc du Vésinet mais n'appartenait pas à la Compagnie Pallu & Cie.
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