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Les bombardements au Vésinet durant la Seconde Guerre mondiale

Le Vésinet, même si son territoire ou ses équipements publics et privés ne constituaient pas en eux-mêmes des cibles particulières, n'a pas été épargné par les bombardements. Trois sont restés dans les mémoires : allemand le 3 juin 1940, anglais le 3 mars 1942 et américain le 1er juin 1944.
La voie ferrée, les ponts et les installations industrielles « stratégiques » voisines pouvaient constituer des cibles. On pense pour Croissy, à l'usine Maréchal qui produisait de la toile cirée, des tissus spécialisés, des masques à gaz, canots pneumatiques, tentes etc. [1] à Parra-Mantois (verrerie de précision, optique), aux équipements de la Société Lyonnaise des Eaux et de l'Éclairage (SLEE). Au Pecq, l'usine à gaz le long de la rue des Merlettes, et sur la rive droite de la Seine en aval des ponts, l'usine Binet (fonderie, fabrication de pièces détachées pour les constructions mécaniques, avions et automobiles). Plus loin, à Montesson, l'usine Dinin (fonderie de plomb, fabrication de plaques d'accumulateurs) ou encore à Chatou l'usine Pathé-Marconi.
Dès juin 1940, la destruction des ponts plongea la Boucle de la Seine dans la guerre. Il ne s'agissait pas alors de bombardements mais d'un dynamitage par le Génie français.

Le bombardement du 3 juin 1940

On ne dispose pas de beaucoup d'informations, les documents d'archives tant départementales que communales sont en nombre réduit et la presse de l'époque, semble-t-il en raison de la censure, est peu diserte. Le communiqué officiel de la Présidence du Conseil, publié en la circonstance, est ainsi rédigé [2] :

Plus d'un millier de bombes sur la région parisienne
DEUX CENTS VICTIMES CIVILES DONT QUARANTE-CINQ MORTS
Dix sept avions ennemis sont abattus

L'aviation ennemie a procédé au début de l'après-midi du 3 juin, à des séries de bombardements de la région parisienne, probablement en vue d'atteindre des objectifs à caractère militaire. Plus d'un millier de bombes de tous calibres ont été lancées, faisant deux cents victimes civiles dont quarante-cinq morts.
L'alerte que Paris a subie hier de 13h25 à 14h20, a été pour la capitale un véritable baptême du feu. Pour la première fois, depuis les hostilités, après les lourdes menaces de Goebbels, les bombardiers nazis, en escadrilles nombreuses, sont venus jeter leurs bombes sur Paris, mais cet essai de destruction n'a pas eu, heureusement, les résultats que nous avait promis la propagande allemande.
Pendant une heure sur des rues désertes et des immeubles dont les locataires avaient sagement gagné des abris, les pilotes nazis, encadrés par les tirs de la D.C.A., ont cherché leurs objectifs. S'ils les ont atteints, du moins très partiellement à un seul endroit, en d'autres, les projectiles n'ont fait que des dégâts matériels et Paris n'a pas, pour autant, perdu sa sérénité et son calme.
En Seine-et-Oise
Venant de l'Est, avant d'aborder Paris, les bombardiers nazis ont semé sur la Seine-et-Oise pas mal de bombes. Voulaient-ils simplement toucher des objectifs militaires ? Mais quoi qu'on dise, un Palais de Justice n'a jamais été un bâtiment militaire, encore moins des écoles et cependant des écoles, au moins, celles d'une petite localité de Seine-et-Oise, ont été bombardées. Ailleurs des hôpitaux ont été touchés par des bombes, mais ceci ne nous étonne plus, après le bombardement systématique des hôpitaux d'Ostende et des ambulances américaines. 
Notons aussi que des autocars transportant des ouvriers ont été attaques par une formation de bombardiers nazis travail de destruction facile et sans risques aucuns.
M. Langeron se rend aux points de chute
[censuré environ 5 lignes].
Dès le début de l'alerte, M. Langeron, préfet de police, accompagné de M. Marchand, directeur général de la police municipale, s'est rendu aux endroits où avaient été signalés des points de chute et des commencements d'incendie.
M. Paul Reynaud auprès des blessés
Au début de l'après-midi, M. Paul Reynaud, qu'accompagnaient MM.Dautry, ministre de l'armement, et Pomaret, ministre du travail, s'est rendu sur divers points qui avaient été atteints par le bombardement et a apporté le réconfort du gouvernement aux parents des malheureuses victimes civiles.

Nous sommes à la fin de la « drôle de guerre » et les Allemands déploient leur offensive, la « bataille de France », notamment sur la région parisienne. La Luftwaffe bombarde le 3 juin l'usine Pathé-Marconi de Chatou. Une vésigondine de 36 ans, Mme Henriette Budin, née Bourgeois, est tuée à 13h20, rue Emile-Pathé à Chatou. Elle habitait 3, allée des Mésanges au Vésinet. Elle sera déclarée en 1945 « morte pour la France ». Elle figure sur les monuments aux morts (mairie et cimetière) ainsi que son mari, mort par la suite. Une maison située au 3, boulevard Carnot au Vésinet, appartenant à la famille Caesar, est gravement endommagée, miraculeusement sans victime.

Maison de la famille Caesar, 3 boulevard Carnot, après le bombardement du 3 juin 1940

La Société d'Histoire poursuit ses recherches pour dénombrer les autres victimes et dégâts au Vésinet, car il y en eut. Dans la séance extraordinaire du Conseil municipal du 13 octobre 1940, le maire Emile Thiébaut salue, sans les nommer, « les familles des victimes du bombardement du 3 juin » et celles des deux soldats tués dans « les combats de rue du 13 juin au Vésinet ».
Le résumé de la chronique de la Communauté des Filles de la Sagesse qui s'occupaient des écoles chrétiennes de St-Charles et Ste-Jeanne D'Arc (rue Armand-Chardron) adressé à la Société d'Histoire par l'archiviste de la Communauté, ne mentionne qu'un seul bombardement : celui du « 6 février 1941, un bombardement [qui] dura de la tombée de la nuit jusqu'à une heure du matin » mais on n'a pas d'autre témoignage le concernant et la grande presse n'en fait pas état.

Le bombardement du 3 mars 1942

Un mardi, à 21h30, les habitants perçoivent le passage des avions et le retentissement des premières explosions. Tout le monde se dirige vers les caves et les abris. Puis l'électricité est coupée et c'est peut-être pour cela que, pris de panique, les occupants du 40 route de la Plaine, un homme de 66 ans et son épouse, quittent précipitamment leur maison pour gagner, semble-t-il, un abri voisin. Ils sont fauchés sur le seuil de la propriété. [3]
L'aviation britannique, la Royal Air Force, avait préparé de longue date une attaque destinée principalement à détruire les usines Renault de Boulogne-Billancourt qui fournissaient camions et voitures aux troupes allemandes. Dans la boucle de la Seine, l'usine Maréchal et la verrerie Parra-Mantois à Croissy auraient été visées. Si les objectifs stratégiques ont été atteints en partie, des « dégâts collatéraux » ont en revanche causé dans la région de lourdes pertes parmi la population civile : près de 500 morts sont à déplorer, encore plus de blessés et environ 10 000 personnes sont déclarées sans-abri. Dans les environs, Le Pecq paie le plus lourd tribut : 47 morts. Cette catastrophe nationale sera largement exploitée par la propagande nazie, et le gouvernement en particulier dans les colonnes du Matin, dont Georges Dessoudeix était un rédacteur. [4]
Après avoir attaqué les usines de Boulogne-Billancourt, de nombreux avions de la RAF quittant la région parisienne par l'ouest ont lâché des bombes au Vésinet, à Croissy, et surtout au Pecq, quartier de la Cité, sur la rive gauche, près du pont routier, assez loin des cibles industrielles. Depuis cette époque, ce tragique événement a suscité beaucoup de questions et des réponses incertaines. Pouvait-il s'agir d'une erreur ? Un livre récent rend compte d'une étude qui se veut exhaustive, menée par Gérard Durand et l'ASCALA [5] qui retiennent l'hypothèse d'une attaque du grand quartier général de von Rundstedt à St Germain-en-Laye, l'OB-West, dans le jargon de l'époque.

Un bulletin de renseignements de la Direction de la Défense passive (2e bureau) relatif au bombardement de la Banlieue Parisienne Ouest dans la nuit du 3 au 4 mars 1942 fournit d'intéressantes précisions sur la base des informations reçues dans les dix jours qui ont suivi. Types de projectiles, succession des vagues d'attaques aériennes etc., victimes et dégâts. Au Pecq, 47 personnes ont trouvé la mort, 22 ont été blessées et 188 maisons ont été détruites ou sinistrées. On a parlé d'une centaine de bombes. Au Vésinet, l'impact a été moindre. Les Archives départementales des Yvelines conservent un plan du Vésinet adressé par la mairie au préfet de Seine-et-Oise le 13 octobre 1943, sur lequel avaient été marqués les 15 endroits où des bombes sont tombées. Ces marques sont figurées sur le plan ci-dessous.


Les 15 impacts des bombes tombées sur le Vésinet le 3 mars 1942 (shv).

Les avions ont approximativement survolé la voie ferrée. 20 maisons ont été détruites ou endommagées. Le Bulletin précité annonce 13 points d'impact et 10 maisons, mais tout le recensement n'avait peut-être pas encore été fait. Le total est de 341 maisons ou bâtiments atteints dont 10 au point d'être rendus « pratiquement inhabitables » mais ils « n'offrent pas de danger immédiat d'écroulement ». 27 présentent des dégâts importants et nécessitent « des mesures urgentes de réparation ». Le nombre de morts, selon les sources, oscille entre 2 et 3. Il y a eu 15 blessés et on évoque 150 bombes. Les points d'impact relevés d'Est en Ouest sont localisés ainsi [5]:

  • Route de la Plaine– Cinq impacts, 2 côté pair (au n°42 notamment) et 3 en face, entre l'avenue Emile-Augier et la route de la Croix. Au n°42 ont été tuées 2 personnes, M. et Mme Decollonge, âgés respectivement de 66 et 52 ans. Ils étaient sur le pas de leur porte pour aller se réfugier chez des voisins quand la bombe a explosé dans leur jardin. Le bulletin de la Défense passive indique 2 morts et un blessé. Hommage leur est rendu lors du Conseil Municipal du 14 mars 1942 où il est dit qu'il s'agit de la fille, du gendre et du petit-fils de M. et Mme Decollonge, tous trois tués dans leur jardin, c'est une erreur étonnante. On retrouve les deux noms suivants sur les monuments aux morts de la mairie et du cimetière : Antoine Decollonge et Clémentine Pilard épouse Decollonge, morts pour la France, rubrique « victimes civiles ».
  • Avenue Galliéni. – Deux impacts entre la rue Pasteur et la pelouse du Moulin, vers le milieu. Pas de victime. Mlle Verger, âgée de 7 ans 1/2, qui demeure au n°86 depuis son plus jeune âge, a vécu ce bombardement qui a soufflé à 80% la maison où elle vivait avec sa mère et sa grand'mère : l'habitude qu'elles avaient prise, de laisser portes et fenêtres ouvertes lors des alertes précédant un éventuel bombardement, leur a évité le pire. Elles étaient sur le pas de la porte, vers 21 h. Elles ont vu plein de fusées éclairantes autour du Vésinet. La maison a été le plus touchée de toutes dans ce secteur. Un cratère avait été creusé dans la pelouse du Moulin, juste derrière chez elle. Vingt ans après, elle trouvait encore, en jardinant, des éclats de bombe.
  • Pelouse du Moulin, 97 boulevard Carnot. Les témoignages ne concordent pas sur le point de savoir si le Café La Verdure (à l'emplacement de l'actuelle station Esso) a été endommagé cette nuit-là, ou si une bombe n'est pas « seulement » tombée à côté alors qu'il ne serait endommagé que lors du bombardement du 1er juin 1944.
  • Rue Watteau A l'emplacement de l'actuel parking, destruction partielle de la maison des 1-3 rue Watteau. En 1943, la Ville en a obtenu l'expropriation pour cause d'utilité publique, en vue de la construction de la future gare du Pecq (local actuel de l'Harmonie municipale) et de l'aménagement d'une cour devant la gare. Pas de victime.
  • Intersection route de la Passerelle / rue de Seine – Tout près de la gare de débord du Pecq et de l'Usine à Gaz. Un témoignage recueilli par François Martin, 6 route de la Passerelle, auprès de Mlle Le Melletier qui habite toujours au n°4 rapporte que vers 22 h. une bombe tombe dans la rue au niveau de la grille du n°1. Puis vers minuit, une deuxième dans le parc de sa maison, au fond du jardin. Puis une autre sur la voie ferrée en direction de Paris, démolissant une partie du quai, face au portillon de sortie rue de Seine, avant la maison des Aiguilleurs. Le lendemain, dans le jardin de la villa des Roses, appartenant à Mme Rheims au n°2, on trouve un objet fiché dans le sol qui s'avère être une fusée éclairante.
  • Angle allée du Lévrier / avenue HocheQuelques dégâts occasionnés aux maisons du début de chacune de ces deux rues ainsi qu'à proximité, allée de la Meute et route de Montesson.


Cliché officiel des obsèques (validé au verso par le tampon de la Propagande allemande)

Archives municipales du Vésinet cote 6H16

Le 7 mars 1942, des obsèques nationales seront célébrées d'une part au Pecq en l'honneur des victimes alpicoises et d'autre part en l'église Ste Marguerite du Vésinet en hommage à M. et Mme Decollonge en présence d'un membre du gouvernement (M. Charbin, Secrétaire d'Etat au Ravitaillement) et de nombreuses autorités civiles et militaires, municipales et départementales. Les deux cercueils sont d'abord exposés dans le hall de la mairie transformée en chapelle ardente, puis transportés dans l'église, devant le chœur. De lourdes draperies noires ont été tendues, marquées d'écussons d'argent aux initiales des deux victimes. « Une foule énorme assistait à la cérémonie. Elle n'avait pas pu prendre tout entière place dans la nef, qui était occupée par les familles et les amis des victimes. On remarquait au premier rang la municipalité conduite par le maire, M. Dessoudeix. A l'issue de la cérémonie religieuse, célébrée par M. le chanoine Wetlang [Wettlauf], M. Charbin a donné lecture du message du Maréchal. » C'est le Message de la Douleur Française du maréchal Pétain aux familles des victimes. [7]
Le commandant Lambert, l'un des responsables de la Résistance au Vésinet, demeurant 36 route de Montesson, avait noté dans ses souvenirs qu'il y avait eu ensuite dans notre commune des alertes et des bombardements ponctuels en mars et avril 1942. On n'en a pas encore retrouvé les traces. [8]

Le bombardement du 1er juin 1944

Il a lieu cinq jours avant le Débarquement allié en Normandie. Cette fois, ce sont les avions américains qui sont à la manœuvre dans toute notre banlieue ouest. Avant d'évoquer ce bombardement qui frappa le centre-ville, à côté de la gare, il faut dire un mot d'une bombe tombée le dimanche de Pentecôte (28 mai) on ne sait pas où précisément, peut-être dans le secteur la Borde. Cinq alertes ont été entendues ce jour-là [6]. Une victime est à déplorer, Charles Boile tué par un éclat. Il habitait 6 rue Pierre-Curie, fut reconnu « mort pour la France » et figure sur nos monuments aux morts. L'usine Dinin à Montesson fut bombardée le même jour.
Venons-en au bombardement du 1er juin. Citons in extenso le rapport de la Gendarmerie Nationale, Capitaine Frenisy, Commandant l'Arrondissement de Gendarmerie de St Germain-en-Laye, daté du 2 juin 1944 :

Sur un jet de bombes au Vésinet par l'aviation anglo-américaine
Le 1er juin 1944 à 1h30 à l'occasion d'un raid de l'aviation anglo-américaine sur une localité du Sud-Ouest du département de Seine-et-Oise, 10 bombes de moyen calibre ont été lancées sur la ville du Vésinet, quartier de la gare. 4 morts et 3 blessés ont été retirés d'un pavillon complètement détruit. 20 autres maisons légèrement endommagées. La ligne de chemin de fer n'a pas été atteinte.

Des témoignages évoquent plutôt 17 à 18 bombes que 10. Une note ultérieure du cabinet du Préfet indiquera le nombre de 16. Le secteur concerné représente un périmètre d'environ 500 m autour de la maison détruite du 1 rue du Général-Clavery / 10 avenue Galliéni (ces deux adresses sont utilisées mais il s'agit de la même parcelle donnant sur les deux voies). C'était une maison (on n'en a pas de photo) dont le propriétaire était le commandant Lambert déjà cité, qui abritait au rez-de-chaussée l'agence immobilière Denis. Quatre de ses occupants trouvèrent la mort, leurs actes de décès portant la mention « victime d'un bombardement » : Jean Le Soudier, 29 ans, aide-comptable, Paulette Suhard épouse Damour, 28 ans, sans profession, son fils Michel, âgé de 2 mois, tous trois figurent sur nos monuments aux morts et ont été déclarés « morts pour la France », mention portée en marge de leurs actes de décès. Augustine Suhard, 42 ans, célibataire est la quatrième personne tuée, mais habitant Poissy, elle n'est pas sur nos monuments aux morts.
Trois autres occupants furent blessés et hospitalisés à St Germain-en-Laye : Marcelle Germa épouse de Jean Le Soudier et leur fille Colette, 1 an, ainsi que Emile Damour, père de Michel. Ils furent sauvés d'une mort certaine par l'intervention rapide des secours, comme l'a dit le Maire, Georges Dessoudeix, lors du Conseil municipal extraordinaire du 4 juin, qui fut le dernier qu'il présida.
La Société d'Histoire a acquis en avril 2013 une affiche qui avait été imprimée par la Ville pour informer les habitants. En voici les textes principaux :

VILLE DU VÉSINET

Le Conseil Municipal du VÉSINET, dûment convoqué, s'est réuni en séance extraordinaire le 4 juin 1944, à la Mairie, à 10 heures 30, sous la présidence de M. G. DESSOUDEIX, Maire.

Le Conseil,
L'exposé de M. le Maire entendu et sur sa proposition ;
Adresse l'assurance de sa sympathie attristée et de ses condoléances émues aux familles des cinq victimes des bombardements des 28 mai et 1er juin 1944, ainsi que ses souhaits de prompt et complet rétablissement aux blessés actuellement en traitement à l'hôpital de Saint-Germain-en-Laye.
Il tient en outre à assurer de sa reconnaissance et de ses félicitations les plus vives les dévoués sauveteurs qui, en particulier lors du bombardement du 1er juin, et malgré les périls qu'ils pouvaient courir, se sont empressés au secours des victimes dès la chute des bombes.
C'est grâce à leur mépris du danger et à la diligence dont ils ont fait preuve qu'ils ont pu arracher trois des victimes à une mort certaine. Cet hommage s'adresse en particulier aux sapeurs-pompiers sous la direction de leur Lieutenant M. BERTIN, aux équipes de sécurité et de brancardiers et à leur chef, M. NARDY, aux infirmières et ambulancières de la "Croix-Rouge sous la conduite de Mme BIARD, Conseillère Municipale, ainsi qu'à M. SUZÉ, Directeur de la Défense Passive, et à ses collaborateurs à tous les échelons, sans oublier MM. les Docteurs DARRÉ, RENOUS et SERÉE et les services de la gendarmerie et de la police.
Il tient à signaler tout spécialement l'attitude du Brigadier de police Francis FEAT qui, bien qu'enseveli par une bombe et blessé, s'est dégagé et est allé alerter les services de secours.

RAPPORT à M. le PREFET

Monsieur le Préfet,
J'ai l'honneur de vous transmettre ci-joint un rapport détaillé sur le bombardement qu'a subi la commune du Vésinet dans la nuit du 1er juin.
Je vous adresse également copie du premier rapport que nous avions fait parvenir à la Direction de la Défense Passive à Versailles, ainsi que copie de la motion votée par le Conseil Municipal réuni en séance extraordinaire le dimanche 4 Juin.
Ces documents témoigneront auprès de vous du courage et du mépris du danger dont, sous mon contrôle direct et sous la direction du Directeur Urbain de la Défense Passive, ont fait preuve dès la chute des bombes tous ceux qui se sont empressés au secours des victimes.
Si je tiens personnellement à insister auprès de vous sur le bel exemple d'esprit d'entr'aide et de sacrifice qu ils ont donné en cette occasion, c'est parce que je suis certain que vous en éprouverez une légitime satisfaction. La population du VESINET a d'ailleurs été unanime à rendre un complet hommage a la promptitude et à l'efficacité des secours effectués en pleine nuit et, je le répète, dés la chute des bombes, ce qui a permis de retirer vivantes trois victimes qui, si elles avaient été secourues seulement quelques minutes plus tard, auraient péri asphyxiées et étouffées.
Je ne veux pas, d'autre part, terminer ce bref rapport sans vous exprimer la reconnaissance des habitants du VESINET pour la sollicitude que vous leur avez témoignée. Monsieur le Préfet, en vous faisant représenter aux obsèques des victimes par M. le Conseiller de Préfecture FLASCH et en faisant déposer en votre nom une couronne sur leurs cercueils.
Le Maire,
Georges DESSOUDEIX

Après la guerre, la parcelle où se trouvait la maison sera achetée par la mairie en 1946 dans le but d'en faire un jardin. C'est aujourd'hui une petite place occupée par un parking. [9]
Le 20 septembre 2014, une plaque commémorative offerte par la Société d'Histoire du Vésinet a été apposée sur cette place, en hommage aux personnes décédées.

Du même côté de la voie ferrée, la rue Villebois-Mareuil a été défoncée, des maisons de l'avenue Galliéni depuis la maison détruite jusqu'à la gare, de la rue du Général-Clavery jusqu'à la rue Joffre, de la rue Ernest-André voire Henri-Cloppet, ont été plus ou moins sévèrement abîmées. Y compris quelques vitres de la Maison du Combattant. De l'autre côté de la voie ferrée, une bombe est tombée allée Desaix, une autre à l'angle route du Grand Pont-côté pair / avenue de la Princesse-côté pair. On peut apprécier les dégâts matériels visibles sur des photos mais il n'y eut pas de victimes.

Dégâts laissés par une bombe américaine,
tombée à l'angle de l'Avenue de la Princesse et de la route du Grand Pont
le 1er juin 1944.

SHV, exposition Quartier Princesse (2010)

Maison de la famille Lamotte, endommagée par une bombe américaine,
tombée à l'angle de l'Avenue de la Princesse et de la route du Grand Pont
le 1er juin 1944.

SHV, exposition Quartier Princesse (2010) et [8].

D'autres dommages ont été signalés avenue Georges-Clemenceau, route de la Croix, boulevard d'Italie (qui sera peu après dédié au président Roosevelt), avenue de la Princesse, allée Ste-Marie... Le détail est fourni dans des listes qui ont été faites, mais on ne dispose pas, comme pour le bombardement de mars 1942, de l'emplacement des chutes de bombes. Deux autres personnes ont été blessées la même nuit, dont un brigadier de police (Francis Féat) qui, bien qu'enseveli par l'explosion d'une bombe, a réussi à se libérer pour appeler les secours (Conseil Municipal du 4 juin précité).

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    Notes et Sources :

    [1] Le site, devenu par la suite Vénilia et Griffine-Maréchal, disparaîtra en 1990.

    [2] Le Matin, n°20256, 4 juin 1940.

    [3] Damien Riehm, Le Vésinet Magazine, n°7, avril 2009.

    [4] Journal des Débats, n°666, 6 mars 1942 - Le Matin, n°21115, 5 mars 1942 et suivants.

    [5] Gérard Durand, 3 mars 1942 - Le Pecq bombardé par erreur ? ASCALA (Association Culturelle, Artistique, Littéraire Alpicoise), 2014.

    [6] Témoignages recueillis par Marc Antoine et Alain-Marie Foy depuis 2005.

    [7] La Croix, 9 mars 1942.

    [8] Souvenirs du Commandant Louis Lambert (1886-1957), officier de la Légion d'Honneur, un des chefs de la Résistance au Vésinet.

    [9] Alain-Marie Foy, Le Vésinet Magazine, n°36, été 2014. Une plaque commémorative a été posée et inaugurée le 20 septembre 2014, en hommage aux victimes.


Société d'Histoire du Vésinet, 2014 - www.histoire-vesinet.org