D'après Virginie Monnier - Edouard André, un homme, une famille, une collection - Éditions de l'Amateur, Paris, 2006.
Ernest André (1803-1864)
Descendant d'une longue lignée de négociants Nimois, Ernest André est placé par son père à la tête de la banque familiale, la Banque André & Cottier fondée à Paris en 1800. Par son mariage avec la fille de François Cottier, l'associé de son père, Ernest André conforte sa position et celle de sa descendance. Après le décès prématuré de sa femme en 1837, il se remarie avec Aimée Louise Gudin, la fille d'un général d'empire. En affichant ainsi ouvertement sa fidélité à la mémoire de l'empereur défunt, Ernest André élargit l'assise de sa famille dans la société parisienne. En 1843, au décès de François Cottier, c'est Adolphe Marcuard qui lui succède. Après la mort de son père en 1844, Ernest choisit de se retirer de la banque, Marcuard en devenant le seul dirigeant. Ernest André, qui se présente alors comme "ancien banquier" se consacre à gérer son immense fortune personnelle en investissant dans des affaires très diverses, touchant aux transports en plein essor (chemins de fer, compagnie des omnibus), et à l'immobilier (Société du Nouveau Quartier Poissonnière, fondation du Vésinet).
A partir de 1851, il siège à la commission municipale de Paris, sorte de Conseil municipal avant la lettre. Il investira dans plusieurs opérations de rénovation ou d'extension de Paris (quartier des Ternes, plaine Monceau). Enfin, il reste un allié fidèle des frères Pereire et participe à la création du Crédit Mobilier en 1852. En 1857, candidat officiel du gouvernement, Ernest André se présente à l'élection du député du Gard. Il est élu avec une écrasante majorité et sera confortablement réélu en 1863. On ne peut pas évoquer la vie d'Ernest André sans faire état de son rôle actif dans la communauté protestante, Le Conseil Central, le Consistoire et les sociétés qui en dépendent. Ernest André meurt à Paris d'une apoplexie foudroyante le 15 février 1864. C'est le duc de Morny, Président du Corps législatif qui annonça sa mort à l'Assemblée.
Ernest André et le Vésinet
Propriétaire une société d'exploitation de mines de plomb argentifère à Pontgibaud dans le Puy-de-Dôme, Alphonse Pallu souhaita, en 1838, moderniser l'entreprise. Il fut mis en rapport avec le banquier Dominique André, le père d'Ernest qui lui consentit alors, en échange d'actions, un prêt personnel de 50 000 francs, sur les 65 000 nécessaires à l'achat de deux machines à vapeur. Ces actions permettront à Ernest André, d'entrer quinze ans plus tard, en 1853, dans le premier conseil d'administration de l'entreprise que venait de quitter Alphonse Pallu et à la banque André, dirigée alors par A. Marcuard, de s'assurer, l'année suivante, 28 % du capital. Lorsque le projet de fondation de la colonie du Vésinet prend corps et que s'avère nécessaire l'intervention d'un financier qui avance des fonds pour les travaux de viabilisation (et notamment d'adduction d'eau) mais aussi mette sur pied le cadre juridique des acquisitions, les droits et devoirs des acquéreurs, Pallu fait appel à Ernest André qui lui paraît l'homme idéal. Proche de la cour, ami de Morny, il a pu apprécier l'efficacité de Pallu à Pontgibaud. Associé aux Pereire dans les opérations immobilières du quartier du Louvre, il connaît tous les aspects de la transaction immobilière ; chargé, depuis 1845, de la liquidation de la Société du Nouveau Quartier Poissonnière, il n'ignore rien des problèmes de viabilisation et de commercialisation de terrains à bâtir ; enfin, il a les moyens personnels de soutenir financièrement la nouvelle société ; il y investira deux millions de francs. Ernest André s'acquitte remarquablement de sa tâche. Dès octobre 1858 le cahier des charges est publié et les premiers lots sont mis en vente. Huit adjudications se succèdent jusqu'en avril 1859 ; en 1860, une centaine de maisons sont achevées. Pour l'église (Sainte Marguerite), les promoteurs ont retenu un procédé nouveau de construction, inventé par un certain François Coignet : celui du béton aggloméré sur ossature de métal qu'Ernest André venait précisément d'expérimenter à Rentilly. L'édification d'un temple destiné aux paroisses protestantes de Saint-Germain et du Vésinet est envisagée par le Consistoire de Paris trois semaines plus tard sans doute à l'instigation d'Ernest, qui contribuera généreusement à son financement l'année suivante. A sa mort, en 1864, Ernest André comptait dans son patrimoine immobilier, six lots de la colonie du Vésinet.
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Autre source :
Les Banquiers et financiers parisiens, par Nicolas Stoskopf, éditions Picard/éditions Cenomane, Paris, 2002.
Société d'Histoire du Vésinet, 2006 - www.histoire-vesinet.org