D'après Echos du passé, Le Vésinet revue municipale, n°90, mars 1990
Eglise Sainte-Pauline du Vésinet
L'église Sainte Pauline, 55 boulevard d'Angleterre, fut construite sur une propriété donnée en 1911 à l'évéché de Versailles par Madame Adèle Chardron, en souvenir de son mari, Joseph Armand Chardron. Les Chardron habitaient au Vésinet, 6 rue Thiers (aujourd'hui 6 rue Henri Cloppet) dans les années 1880, puis 9 rue Villebois-Mareuil. Monsieur Chardron, secrétaire général de plusieurs sociétés, décédé en 1905, avait lui-même fait de son vivant, de nombreux dons à la ville, notamment l'ancien commissariat à l'angle des rues Alphonse-Pallu et Jean-Laurent et le terrain de l'actuelle école Jeanne d'Arc, rue Armand-Chardron. Ils avaient eu une fille, Pauline, disparue en 1886, à l'âge de 20 ans. La nouvelle église reçut le nom de Sainte Pauline à sa mémoire. L'édifice, de style « gothique » est l'œuvre de l'architecte Debeauve-Duplan. Les travaux furent exécutés par l'entreprise Genoni du Vésinet et entièrement financés par Madame Chardron. Ce nouveau lieu de culte fut consacré le 13 juillet 1913 par Mgr Gibier, évêque de Versailles.
Initialement destinée à n'être qu'une chapelle de quartier, dépendant de Sainte-Marguerite, Sainte Pauline devint le siège d'une nouvelle paroisse le 15 janvier 1919. Elle englobait certains quartiers du Vésinet, du Pecq et de Montesson.
Les vitraux d'origine furent détruits durant la seconde guerre mondiale, au cours d'un bombardement aérien qui visait le pont du Pecq. Un grand vitrail, dominant l'autel, représentait la patronne de l'église, Sainte Pauline, à qui l'on avait donné le visage de Pauline Chardron. Détruit partiellement en 1944, il est remplacé aujourd'hui par une crucifixion. Dans la partie inférieure du vitrail, Joseph et Adèle Chardron étaient représentés en médaillon. De nouvelles verrières furent réalisées en 1947 et 1972. [1]
Construite après 1905, l'église est entièrement à la charge des paroissiens.
[*] Entre 1993 et 2010, Sainte-Pauline n'a plus eu de curé résidant mais un prêtre modérateur, affecté à temps partiel à la paroisse, qui animait une équipe pastorale de six laïcs nommés par l'évêque.
Une revue d'architecture, contemporaine de la construction de l'église, L'Architecture usuelle, lui consacra une de ses livraisons qui reproduit le rapport rédigé pour l'inauguration. Les caractéristiques techniques sont accompagnées de plans et de photographies. Une vue hors texte complète cet ensemble.
Dans son préambule, le rapport indique que Le Vésinet " possède déjà une autre église qui a été rendue célèbre par l'ensemble des compositions picturales que créa pour elle M. Maurice DENIS. L'église Sainte-Pauline ne visait pas à autant d'importance, ni à autant d'honneur elle voulait être l'édifice simple, économiquement construit et tel pour tant qu'il s'adornât d'une parure digne de sa destination" (lire l'article).
L'église Sainte Pauline vers 1920 [2]
Son plan " est celui d'une église à nef centrale et à deux collatéraux. La nef est en berceau, soutenue par une pile gothique à quatre fûts accolés, et les collatéraux sont, eux aussi, traités en berceau, et clos par un système de claires-voies élancées, favorisant dans l'intérieur de l'édifice une abondante distribution de lumière" . L'église fut entièrement financée par Mme Chardron qui imposa le style gothique. L'architecte, ne devant pas dépasser le capital fourni par la donatrice (231 000 francs-or), adopta un matériau nouveau, le ciment aggloméré, système Bérard, d'une grande souplesse d'utilisation. L'église, d'un poids total de 150 000 kg, repose sur des fondations en béton avec un soubassement en meulière, l'élévation est faite de blocs de ciments agglomérés pré-moulés puis goujonnés. Les voûtes sont constituées de briques creuses, les murs - d'une épaisseur de 22 cm - sont composés de deux parois de 5 cm séparées par un vide intérieur de 12 cm.
Le nouveau lieu de culte fut béni le 13 juillet 1913. Initialement destinée à n'être qu'une chapelle de quartier, dépendant de Sainte-Marguerite, Sainte Pauline devint le siège d'une nouvelle paroisse le 15 janvier 1919. Elle englobait certains quartiers du Vésinet, du Pecq et de Montesson.
Alors que le gaz avait été retenu initialement pour l'éclairage, l'électricité le remplaça en 1931. Deux ans plus tard, de nouvelles orgues furent installées. Son plus illustre paroissien fut Maurice Utrillo, qui peignit une gouache représentant la façade de l'église. [3]
Peinture à la gouache de Maurice Utrillo
avec la dédicace « Pour notre petit amour de filleul, 1947 »
L'église se révélant à son tour trop petite, des projets d'agrandissement furent étudiés au début des années soixante. En 1966, une association confia cette étude à l'architecte Pinsart qui présenta un projet de reconstruction de Sainte-Pauline. Des avis divergents sur cette réalisation et son coût firent abandonner cette perspective. Des travaux de restauration furent alors décidés et réalisés en 1972-1973.
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Notes:
[1] Les vitraux endommagés par les bombardements furent remplacés en 1947 par des « grisailles ». Certaines de celles-ci furent à leur tour remplacées en 1972 par de nouveaux vitraux réalisés par le maitre verrier versaillais André Ripeau (1910-1993).
[2] Illustrations tirées de L'Architecture Usuelle, E. Thézard & fils ed., Dourdan (Seine & Oise) p. 173-176.
[3] Outre cette gouache offerte au fils de M. Pétridès en 1947, entre 1937 et 1948, Maurice Utrillo a peint plusieurs représentations de cette église, selon diverses techniques (huile, gouache).