Jean-Paul Debeaupuis, Société d'Histoire du Vésinet, 2018 - (illustrations M. Montanaro). La dernière voiture Chameroy En 1997, la découverte d'une vieille affiche publicitaire du début du XXe siècle dans une brocante de la région d'Auxerre incita la Société d'Histoire à s'intéresser à la Voiture Chameroy. [1] Les Automobiles Chameroy, au Vésinet Bernard Hippolyte Chameroy, c'est son nom, eut quatre fils. L'aîné, Jacques né à Turin, centralien, mènera dans l'entreprise familiale (Tuyaux Chameroy) une brillante carrière d'industriel malgré la rupture de son père avec ses oncles. Jacques en deviendra même plus tard directeur général. Il épousera la fille de Aimé Foucault, maire du Vésinet en 1887-1888, dont son père partageait les idées vigoureusement anticléricales et l'attrait pour la franc-maçonnerie.
En 1904, Emile et Albert Chameroy obtiennent une patente pour exploiter les brevets de leur père. Il s'agit alors principalement de bandages de roues. Les essais et les compétitions sont conduits sur des véhicules Peugeot. Le succès est mitigé (mentions honorables dans les salons et expositions). La collection Broual Il en restait pourtant une, une seule semble-t-il. Après avoir été exposée dans un musée de Briare [2] entre 1964 et 1992, elle avait disparu au fond d'un entrepôt comme la plupart des modèles de la collection Broual. Maurice Broual avait rassemblé dans sa collection des modèles rares, du temps du bouillonnement inventif, lorsque les constructeurs artisanaux se lançaient dans des fabrications hasardeuses, essayant toutes les techniques possibles et donnant naissance à des machines qui sont aujourd'hui encore de précieux témoins de cette inventivité. Le Tonneau Chameroy en est un exemple. La dernière voiture Chameroy (Collection Broual) Le chassis est bon et d'origine, il apparaît complet avec ses particularités propre la marque ; la carrosserie a été refaite dans les années 1960. Elle fonctionnait encore dans les années 1990. Le moteur en place est borgne, c'est un 4 cylindres en v très étroit. Un moteur Aster monocylindre sera livré avec la voiture. © Mario Montanaro.
© Retromobile 2018 by Artcurial Motorcars, le 10 février. — 1909 CHAMEROY Estimation : 10 000 € - 15 000 € L'exemplaire présenté a des bouchons de roues marqués « CHAMEROY – voitures à courroie – Le Vésinet – S & O ». Le moteur doit avoir au moins 9 chevaux, c'est un beau 4 cylindres en V très fermé. Il est transversal pour entraîner la poulie à trois étages. Le châssis est donc très large à l'avant, ce qui explique l'imposant radiateur. Seule la roue arrière droite est entraînée par une chaîne. La Chameroy n'a donc pas de différentiel. La suspension se fait par ressorts demi-elliptiques sur essieu tubulaire et par ressorts 3/4 elliptiques à l'arrière. Le dispositif spécial de tension de la courroie (embrayage) et les deux poulies à trois diamètres (vitesses) qui relient cette courroie sont présents et ont été décrits dans le brevet n°346.566 de 1904. Tout le dessous du châssis est protégé par une tôle pour éviter les projections d'eau sur la courroie. La carrosserie, refaite, est un confortable tonneau à siège avant basculant.
Les Automobiles Chameroy ont réussi à mettre au point un système original de boîte de vitesse à embrayage par courroie en ayant résolu la principale difficulté qui est celle de la tension. Même si le système Chameroy n'a pas fait école, il subsiste cet exemplaire, le seul connu, qui a bien fonctionné du temps du musée [3]. Remise en lumière à l'occasion du Salon Rétro Mobile, à Paris (7-11 février 2018), la voiture Chameroy a été proposée à la vente lors d'une vacation d'Artcurial le 10 février. Estimée à 10.000 - 15.000 €, elle a finalement été adjugée à 24.000 €. **** Notes et sources : [1] Le Vésinet, la revue n°6, juin 1997. [2] Hippolyte Chameroy, fondateur de l'entreprise, habitait au Vésinet, 89 avenue Centrale, actuelle avenue G.-Clemenceau. Son fils Emile, constructeur de l'automobile, habitait avec sa famille (Helen Stunnel sa femme d'origine anglaise et leur fille Yvonne née en 1906 au Vésinet) au 71bis, route de Montesson. Les ateliers et les bureaux étaient dits "route de Sartrouville, au Vésinet, près de la gare du Pecq" sans indication de numéro. Cependant, Pourtant dans les Archives commerciales de France, à la rubrique "Formation de Société anonyme" les Etablissements Emile GHAMEROY sont indiqués "route de Sartrouville, à Montesson" (1908). Nos recherches les situent au niveau des actuels numéros 71-73. [3] Aménagé dans un ancien four à chaux de la ville du célèbre pont-canal au-dessus de la Loire, on y découvrait des voitures bizarres, des constructeurs étranges et des cyclecars singuliers, à côté de voitures de grandes marques. Catalogue Rétromobile, 2018.
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