D'après Pierre Villain, Échos du passé dans Le Vésinet, revue municipale n°64, septembre 1983. Le Vésinet : Promenade à travers le temps Pendant des dizaines d'années, les allées du Vésinet, forêt royale, avaient retenti du bruit des nombreuses chasses qu y organisèrent les rois Henri IV, Louis XIII et le jeune Louis XIV, accompagnés de la cour, durant leurs séjours au château de Saint-Germain-en-Laye. La presse locale signala, en 1860, à l'occasion du creusement du lac Supérieur, qu'un terrassier avait trouvé un camée qui représentait Mlle de la Vallière, favorite du roi-soleil. Elle l'avait offert, poursuivait l'article, à Mme de Montespan, qui allait la supplanter auprès du souverain. Puis Versailles ayant éclipsé Saint-Germain et la Révolution partagé la forêt entre les communes de Montesson, Le Pecq, Chatou et Croissy, Le bois du Vésinet s'assoupit lentement. L'arrivée du chemin de fer en 1837 ne le fit pas sortir immédiatement de sa léthargie, mais constitua un élément important de sa seconde vie. Leurs majestés, arrivées par Chatou, se sont rendues ensuite au parc du Vésinet, où elles ont mis pied à terre et parcouru les environs du lac de la Station, entourées des respectueuses marques de sympathie de la part de nombreux promeneur, qu'avait attiré le passage des deux voitures découvertes, sans aucune escorte, et précédées seulement d'un piqueur à la livrée impériale. On pense, d'après quelque paroles de l’Empereur que l’inauguration du nouvel Asile se fera d'ici à peu de temps. Autre visiteur, Emile Augier, qui demeurait à Croissy, et qui amenait ses hôtes au Vésinet. Les Parisiens, en villégiature l'été, pouvaient croiser dans les allées l'écrivain accompagné d'Eugène Labiche, Sainte-Beuve, Mérimée, Alexandre Dumas fils ou Théophile Gautier. Lorsque vous habiterez ici, on s'ennuiera moins au Vésinet. On pourra faire de la musique chez vous. Tâchez d’avoir un bon piano. Elle quitta sa propriété en 1871. Elle revint en 1880 et acheta' une maison entourée d'un grand jardin. Mais, couverte de dettes, elle quitta définitivement Le Vésinet trois ans plus tard. Portrait de Gabriel Fauré par Sargent Le Vésinet, revue municipale n°64, septembre 1983. Gabriel Fauré loua pour sa famille une petite maison au 26, rue Alphonse-Pallu. Ils vinrent y passer les étés de 1885 à 1888. Autre personnalité de la musique, certes moins connue, Cécile Chaminade, dont la représentation de son opéra Callirhoé cette même année révéla le nom. Elle resta au Vésinet jusqu'en 1925. Albert Robida, écrivain, illustrateur des plus grands écrivains de l’époque [*], s’installa en 1894. Il fut le créateur du célèbre quartier du vieux Paris de l’exposition de 1900. Une de ses œuvres figure chez de nombreux vésigondins ; il s'agit de l’affiche publicitaire qu’il réalisa en 1897 en collaboration avec Eugène Bourgeois, qui vante le charme du site et sa desserte rapide et fréquente par le chemin de fer. Robida partit en 1917. Tu partiras, dit-on, vendredi pour l'Afrique Viens demain avec moi vider une barrique D’eau de vie ou de vin. Je t'attendrai à huit Heures jusqu'à midi, puis d'une heure à minuit. Aussi bien laisse donc ton maître à ses cravates... Prends pour le lire en route un roman de Beaubourg Et par les nuits d'automne engage au Luxembourg Quelque tante à l'œil vif, à la mine éclatante Puisqu'il faut, pour camper, en voyage une tente. J'habite au Vésinet, huit boulevard Carnot. Guillaume APOLLINAIRE P.S. Apporte le tonneau. Il ne faut pas oublier le comte et poète Robert de Montesquiou qui acheta le Palais rose en 1908. Il ne quitta Le Vésinet que quelques mois avant sa mort, en 1921. [**] A gauche, Georges Bizet [4]. A droite Emile Chartier dit Alain En 1917, juste après sa démobilisation, Emile Chartier, plus connu sous le pseudonyme d'Alain, acheta une petite maison où il vint passer plusieurs jours par semaine. En 1933, à l'âge de 65 ans, il abandonna son cours de philosophie au lycée Henri-IV et s’établit définitivement au Vésinet, écrivant, recevant ses amis (Paul Valéry, André Maurois) ; il y demeura jusqu'à sa mort en 1951. Notes de la revue: [*]Présenté comme le Jules Verne du crayon dans un article de la revue Fiction, septembre 1954, p. 114. [**]Cf. Le Vésinet, revue municipale, n°63 p. 41. [***] C'était au 26, rue Alphonse-Pallu. **** Notes et sources SHV: [1] Si cet article a été le point de départ de nombreuses recherches de la SHV, il compte ici une erreur. Le célèbre librettiste, qui a été confondu avec un résident d'origine néerlandaise, du nom de Alfred Henri de Plunkett, négociant. [2] Il s'agit d'Eugène Rudier, fils d'Alexis mort en 1897. Eugène Rudier a conservé la signature de son père comme une marque commerciale. [3] Cette date de 1940 est sans doute une coquille car Joséphine avait laissé de nombreux souvenirs au Vésinet, dès son arrivée en 1929. [4] Sur le dessin, on peut lire : Georges Bizet revenant de l'Ecole française de Rome en septembre 1860. (Croquis fait en wagon entre Chambéry à Ambérieux par Gaston Planté). [5] C'est l'année 1929. Bourdelle passera plusieurs mois au Vésinet, jusqu'à sa mort le 1er octobre.
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