Léon-François Comerre, peintre français,
est né à Trélon (Nord) le 10 octobre 1850 de Oscar Louis Comerre, instituteur
et Appoline Knorr.
Sa famille étant allée se fixer à Lille en 1853, le jeune Léon commença
très tôt, vers l'âge de sept ans, des études artistiques dans les écoles
académiques de cette ville. A dix-sept ans, une médaille d'or (1867) à l'académie
de Lille lui valut une bourse du Département du Nord lui permettant de
poursuivre ses études à Paris. En 1868, il entrait dans l'atelier d'Alexandre
Cabanel, dont il subira l'influence "orientaliste", puis se
fit admettre à l'Ecole des Beaux-Arts, où il obtint, entre autres récompenses,
la "grande médaille d'émulation" décernée au meilleur élève
par le ministre des Beaux-Arts. Interrompant ses études le temps de la
guerre de 1870 "pour remplir ses devoirs de citoyen", il reprit
le pinceau, et exposa un portrait, l'Italienne au Salon de 1871.
En 1874, il récidiva avec le portrait de M. Darcq, et en 1875,
avec Cassandre, qui lui valut cette fois une médaille de 3e classe. Plusieurs fois admis en loge pour le concours du Grand Prix de Rome,
il remporta en 1872, le "deuxième second Grand Prix", en 1874
le "premier second Grand Prix", pour décrocher en 1875 le Grand
Prix de Rome de peinture d'Histoire, dont le sujet était cette fois l'Ange
annonçant aux bergers la naissance du Christ.
L'Annonce
aux bergers Huile sur
toile.
Grand prix de Rome de peinture d'histoire, 1875.
Le
sujet, tiré du Nouveau Testament, témoigne de l'abandon progressif
des thèmes héroïques, y compris dans le domaine religieux,
et d'une préoccupation nouvelle pour les effets lumineux.
Selon Saint-Luc (2, 8 - 14), "il y avait dans la même région
des bergers qui vivaient aux champs et gardaient leurs troupeaux
durant les veilles de la nuit. L'ange du Seigneur se tint près
d'eux et la gloire du Seigneur les enveloppa de sa clarté; et ils
furent saisis d'une grande crainte. Mais l'Ange leur dit: "Soyez
sans crainte, car voici que je vous annonce une grande joie, qui
sera celle de tout le peuple : aujourd'hui vous est né un sauveur,
qui est le Christ Seigneur, dans la ville de David..."
Pour ce magnifique succès, la municipalité de
Lille lui remit une médaille d'or grand modèle de la Ville, en témoignage
de son admiration pour le premier élève des Écoles Académiques de Lille
ayant obtenu de Grand Prix de Rome de peinture.
Après un bref voyage d'études en Belgique et en Hollande, Léon Comerre
se rendit en Italie. Il séjourna à la Villa Médicis de janvier
1876 à décembre 1879. Ses principaux envois, comme pensionnaire de Rome
furent Jézabel dévorée par les chiens et Junon (1878);
et le Lion amoureux (1879). Léon Comerre a également séjourné à Londres et exposé à l'Académie royale, à la
Société royale des peintres portraitistes et à l'lnstitut des Beaux-Arts
de Glasgow.
Parmi les oeuvres majeures du peintre, on peut citer:
Portrait de Jeune Fille (1880).
Samson et Dalila, toile qui obtint au Salon
de 1881 une médaille de 2e classe, (musée de Lille).
Albine morte (1882) au musée de Caen.
Une Etoile (1882)
toile qui connut un grand succès et partit en Amérique.
Silène et les Bacchantes (1883) au musée de
Marseille.
Portrait de Mademoiselle Achille Fould, en
japonaise rose et or sur fond rose (1883).
Madeleine (1884).
Pierrot,
effet de blanc sur blanc qui fut très remarqué (1884) et fut acheté pour
le Louvre. Il est exposé au Musée de Gap.
Auteur
de nombreux portraits élégants qui lui valurent une renommée distinguée
(Portraits de Mlle CF et de Mme D, 1885; portrait de Mme Théo, 1886;
les portraits de MM Jacques Vincent et Raphaël Duflos, 1887), Léon
Comerre a aussi réalisé des oeuvres monumentales comme l'Été et l'Autonmne,
deux panneaux qui décorent la Salle des Fêtes de la Mairie du IVe arrondissement
de Paris (1886), le plafond et huit panneaux de la préfecture du Rhône à Lyon,
et ceux du petit foyer de l'Odéon.
En 1888, Comerre présentera au Salon un triptyque, le Printemps, le
Destin et l'Hiver, compléments à sa décoration de la mairie
du IVe.
A l'étroit dans son atelier parisien, au 67 de la rue Ampère où il possédait
un hôtel particulier, Léon Comerre trouva au Vésinet l'atelier dont il
rêvait. Il en confia l'aménagement à l'architecte Louis Gilbert (à qui
l'on doit aussi la Mairie du Vésinet, la Villa
Beau-Chêne etc). A partir de 1884, Comerre y vint chaque semaine
avec ses modèles, puis y installa sa famille. Il exerça de 1904 à 1908
les fonctions de Conseiller municipal dans l'équipe de Gaston de Casteran.
Photo: Léon Comerre dans son atelier
au Vésinet (1912) devant le déluge.
Il habita au Vésinet jusqu'à sa mort
en 1916. En souvenir de son illustre mari, Madame Léon Comerre a offert à sa
ville natale, Cosette endormie, un magnifique tableau placé dans
la grande salle de la Mairie de Trélon.
Son fils, l'architecte Maxime Comerre achètera en 1928 une petite maison
au 15, rue des Charmes.
Pendant plusieurs siècles, obtenir le
Grand Prix de Rome dans la catégorie peinture d'Histoire
était sans aucun doute considéré comme le plus grand des honneurs, aussi
bien en France qu'à l'étranger. Pourtant, Comerre, prix de Rome, auteur
de plusieurs décorations monumentales dans des bâtiments officiels, souvent
médaillé, officier de la Légion d'honneur, n'aura même pas les honneurs
du Petit Larousse de la peinture. La révolution apportée par l'impressionnisme était
en marche. Cependant, Léon Comerre n'est pas oublié.
En 2003 à Paris, plusieurs de ses toiles (Jézabel
dévorée par les chiens, 1878; En l'absence du peintre, 1914; Capeline
de velours vert...) ont été négociées entre 35 000 et 55 000
Euros.