Le
Cimetière communal du Vésinet

 Origine

Dès 1875, la question du cimetière avait divisé les communes de Chatou et du Vésinet. Le Vésinet désirait le partage du cimetière de Chatou, acheté en 1861 des deniers communs, mais après la séparation, cette option devenait improbable. Le 3 janvier 1876, le Maire de Chatou avisa celui du Vésinet que le caveau provisoire du cimetière de Chatou ne serait plus à la disposition des familles du Vésinet. Pour remédier à cet état de choses, dans sa séance du 9 janvier 1876, le conseil municipal du Vésinet décida qu'un cimetière réservé à la commune serait créé au lieu dit les Terres Blanches sur le territoire de Chatou (emplacement actuel). Ce terrain appartenait à la Société Pallu qui l'avait acheté sur la demande de Sociétés syndicales du Vésinet. D'une superficie de 27 000 m², il devait être rétrocédé à la future commune pour le prix coûtant qui ne dépassait pas 7 000 francs, comme cela était écrit dans les actes d'abandonnement et d'acceptation (Art. 3, alinéa 3).

3° rétrocède à la dite commune un terrain d'une surface de vingt-sept mille mètres environ, situé en dehors et sur les limites du Vésinet à l'extrémité de l'allée de la Meute, dont il n'est séparé que par le chemin vicinal dit du Tour-des-Bois.
La Société Pallu & Cie est devenue propriétaire de ce terrain par l'adjudication qui en a été faite au Tribunal Civil de Versailles le 22 février 1872, dans le but de l'affecter au cimetière. Quand la commune prendra possession de ce terrain, elle sera substituée purement et simplement aux effets de cette adjudication dont elle remboursera à la Société Pallu & Cie le capital, les frais et intérêts courus du jour de l'adjudication au jour de la prise de possession, déduction, faite bien entendu du prix des locations que ce terrain aura produites dans le même intervalle, la Société Pallu & Cie n'entendant réaliser ni perte ni profit de cette acquisition qui n'a été faite par elle que dans l'intérêt de la future commune du Vésinet qui devra aussi payer tous les frais d'actes.

Notons qu'il était prévu pour ce cimetière des carrés spéciaux pour les catholiques, les protestants, les dissidents (non catholiques) et les enfants non baptisés, comme le prescrivait l'article 15 du décret du 23 prairial an XII. En mars 1879, des députés de Seine & Oise, MM. Albert Joly, Rameau et Journault proposèrent d'abroger ce décret. Cependant, il demeure aujourd'hui encore des traces de cette pratique, longtemps réclamée par certaines familles.

La Municipalité de Chatou tenta de s'opposer à l'établissement du cimetière à cet endroit en prétendant qu'il lui porterait un préjudice sérieux et offrit d'échanger ce terrain qui serait incorporé dans le Vésinet contre une parcelle du territoire du Vésinet à annexer à Chatou en bordure de la route de Paris, vers la Faisanderie. Le conseil du Vésinet s'opposa énergiquement à l'abandon de la moindre parcelle du territoire du Vésinet dont le tracé est exactement le périmètre de l'ancien bois sur lequel il fut créé. L'Arrêté préfectoral du 29 avril 1876 [ci-dessous] entérina la décision du Conseil municipal.

Vu les délibérations en date des 9 et 23 janvier 1876 pour l'établissement d'un cimetière sur le territoire de Chatou par lesquelles le conseil municipal du Vésinet a voté l'établissement d'un cimetière spécial à cette commune sur un terrain lui appartenant et situé sur le territoire de la commune de Chatou, lieu dit Les Terres Blanches.
Vu la délibération du conseil municipal de Chatou du 9 avril 1876,
Vu le décret du 23 prairial an XII et l'ordonnance du 6 décembre 1843,

Considérant que la commune du Vésinet, dont l'érection a été prononcée par la loi du 31 mai 1875, ne possède pas de cimetière spécial, qu'elle a été obligée, jusqu'à présent de continuer le service des inhumations dans le cimetière de la commune de Chatou, que cette situation présente des inconvénients de toute nature auxquels il convient de remédier, que pour atteindre ce but le conseil municipal du Vésinet a demandé l'autorisation d'établir un cimetière spécial sur un terrain appartenant au Vésinet et situé sur le territoire de Chatou, au lieu dit Les Terres Blanches, que ce terrain réunit toutes les conditions exigées par les règlements, les habitations les plus rapprochées en étant éloignées d'une distance de cent mètres au moins, considérant que le projet dont il s'agit a soulevé, lors de l'enquête à laquelle il a été soumis de nombreuses protestations de la part de la population de Chatou, que ces protestations, appuyées par le conseil municipal de Chatou sont basées sur ce motif; que si en principe, la loi n'interdit pas à une commune d'établir son cimetière sur un terrain situé hors de son territoire, dans une commune voisine, il est indispensable que cette dérogation au droit commun soit justifiée par l'impossibilité matérielle, pour cette commune, d'établir son cimetière sur son propre territoire dans les conditions d'hygiène, d'espace et de dignité voulues.

Considérant que la commune du Vésinet ne pourrait installer son cimetière sur son propre territoire, qu'en procédant à des expropriations coûteuses, les terrains qu'elle occuperait à cet effet étant destinés à recevoir des constructions, qu'au contraire l'emplacement choisi par le conseil municipal sur le territoire de Chatou, est compris dans les abandonnements faits par la Société Pallu, à la dite commune du Vésinet, que l'établissement du cimetière sur l'emplacement, acquis depuis longtemps, par la Société Pallu en vue de cette destination spéciale, rentre dans l'économie générale de la loi du 31 mai 1875, qui a prononcé l'érection du Vésinet en commune, ainsi que le démontre au surplus la discussion qui a précédé le vote de la loi et le rapport de la commission de l'Assemblée Nationale.

Considérant, que l'établissement de ce cimetière, situé loin de l'agglomération de Chatou, ne saurait causer soit à cette commune, soit à des habitants, aucune gêne.
Considérant, d'ailleurs que la commune de Chatou a reconnu implicitement ce fait en proposant la cession dudit terrain à celle du Vésinet en échange d'une autre partie de territoire, que du reste, cette question de modification des circonscriptions territoriales est indépendante de celle de l'établissement du cimetière, dont la solution ne saurait être plus longtemps ajournée et qu'elle pourra être examinés ultérieurement.

 

ARRETONS :

 

Article 1er:

La commune du Vésinet est autorisée à établir son cimetière sur un terrain lui appartenant situé au territoire de Chatou, lieu dit Les Terres Blanches, désigné par une teinte rose et délimité au plan qui a servi de base aux enquêtes par les chemins des Terres Blanches, du Tour des Bois et par le chemin des Cormeilles.

Article 2

Monsieur le Maire du Vésinet est chargé d'assurer l'exécution du présent arrêté, dont expédition sera envoyée à Monsieur le Maire de Chatou.

 

Fait à l'Hôtel de la préfecture à Versailles

Le 29 avril 1876

Les premières inhumations au cimetière datent de 1876. Marie-Marguerite Pallu, morte à l’âge de 10 ans, la veille de Noël 1860, d'abord inhumée à Paris, y est transportée, la première, le 21 août 1876. Elle y est ainsi la première occupante.

Fin 1914, le cimetière est agrandi de 4 620 m². Cette extension a permis d'employer pendant deux mois dix concitoyens au chômage. La dépense s'est élevée à 2 500 francs, soit l'équivalent de 7598 €, donc 2 500 francs de moins que le budget aloué.
Dès 1917, une souscription fut lancée pour l'édification d'un monument aux morts: "...
Lundi prochain, 1er janvier 1917, vous viendrez pour eux à la mairie, notre maison commune, de 9 heures à 4 heures, apporter votre souscription pour le monument qui témoignera à nos morts notre reconnaissance et pour l'envoi à nos combattants dont les familles ont besoin d'aide, d'une petite somme qui leur témoignera notre affection...". Le 11 novembre 1918, à l'annonce de l'armistice, le Maire Gaston Rouvier évoque encore le monument: "C'est pour dimanche prochain, 24 novembre, [...] que nous vous donnons rendez-vous, habitants du Vésinet, pour nous rendre tous au cimetière, où quelques-uns d'entre eux dorment déjà, où nous ferons revenir, nous en prenons l'engagement, le plus grand nombre de ces vaillants héros, de ces pauvres chers petits, où s ‘élèvera le monument que vous tous, du plus pauvre au plus riche, vous contribuerez à élever bientôt..."
Un rond-point central fut aménagé pour le "Monument Aux Morts pour la France" qui fut édifié en 1921 et inauguré le 28 mai 1922.

Projet de monument, 1920

Théophile Bourgeois et fils (architectes) – G. Landsmann (marbrier)

 

Au cours de la seconde guerre mondiale, un carré militaire a été aménagé pour recevoir, parfois de façon provisoire, des soldats de différentes nationalités.
La superficie du cimetière est aujourd'hui d'un peu moins de 4 hectares. On y dénombre plus de 4 100 tombes parmi lesquelles reposent quelques défunts illustres. Chaque année, les Journées du Patrimoine, sont l'occasion d'évoquer leur souvenir et d'honorer leur mémoire.

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 Défunts illustres inhumés au Cimetière du Vésinet

 


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